Chapitre 10

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Je n'avais pas l'heure et l'absence de lune ne m'aidait pas. Le jour allait-il bientôt se lever ? J'étais allongée au pied d'un arbre, au coin d'une rue. L'agitation du bar se trouvait désormais bien loin de moi. J'écoutais le murmure du vent qui agitait les feuilles d'un vert éclatant illuminées par une lanterne. L'herbe fleurie me chatouillait les jambes. Mes paupières se fermaient mais mon esprit ne voulait pas se reposer. Je regardais les étoiles multicolores scintiller comme un trésor d'une valeur inestimable. Mes pensées se mirent à vagabonder hors de ce monde. C'est alors que des voix me surprirent.

-Philomène ?

Mon nom avait été prononcé dans un murmure lointain. Mon premier reflex fut de me cacher derrière l'arbre contre lequel je m'étais reposée. Mais ma discrétion avait ses limites. L'univers devait être contre moi à ce moment pour m'infliger toutes ces situations pénibles. Mes trois amis se trouvaient là, à me regarder sans comprendre. Octavia fut la première à briser le silence.

-Enfin Philo ! On t'a cherché partout, qu'est-ce que tu fais ici ?

Je n'avais pas envie de répondre à cette question car le souvenir de mon moment d'humiliation me dérangeait. Je ne voulais voir personne, j'étais bien trop embarrassée.

-Pourquoi es-tu partie bichette ? enchaîna Eugénie

Ce surnom me décrocha un torrent de larmes qui se déversait mes joues rebondies. Les filles me prirent dans leurs bras mais Ambroise restait à l'écart. Cet élan de tendresse me fit le plus grand bien. Voilà ce qu'il me manquait, de l'amour. Nous restâmes un long moment dans cette position avant de s'éloigner machinalement les unes des autres. Je n'aimais pas pleurer devant les gens mais depuis mon arrivée j'avais l'impression de ne faire que ça.

Sur Terre, on répétait sans cesse que montrer ses émotions était synonyme de montrer ses faiblesses. Or, pour moi cela n'avait rien de similaire. Les ressentis, les sentiments, les états d'âme ne s'apparentaient en rien à une faiblesse, au contraire ce ne pouvait que des forces. Ils nous guidaient à travers l'épreuve que s'avérait être la vie et ils faisaient de nous ce que nous étions : des humains. Des êtres sensibles et vivants, même si ce dernier adjectif qualifiait assez mal mon cas. Cependant, les personnes qui n'exposaient pas leurs émotions ne devait pas être considérer comme faibles pour autant. Ils étaient forts d'une autre façon. Même si je n'avais jamais vraiment compris le but de tout intérioriser.

-Je suis désolée... J'avais besoin de respirer.

Je ne possédais pas pour habitude de mentir mais pour une débutante je me débrouillais plutôt bien. Tout le monde semblait me croire sauf Ambroise qui me toisait, un sourcil relevé. Mais après tout ce n'était qu'un demi-mensonge, je me sentais mal et suis partie respirer.

-Je pense que je vais rentrer maintenant, annonçai-je lentement

-Oui, tu as besoin de te reposer, c'est normal ! ajouta Eugénie. Je vais rentrer aussi, je commence à fatiguer. On se voit demain ?

-Oui ce serait bien, on a qu'à se retrouver devant chez moi demain matin, continua Octavia, ce sera plus simple pour Philo. Sur ce, bonne nuit les filles !

-Bonne nuit, nous répondîmes en chœur

Mes amies partirent dans deux directions différentes d'un pas déterminé. Je restai avec Ambroise, le silence était pesant. Je ne savais toujours pas où se trouvait ma maison. Je tentai de m'engager dans un des trois chemins qui se dessinaient devant moi mais une voix grave m'arrêta.

-C'est l'allée de droite.

Je me retournai et regardai Ambroise. Son corps se détachait difficilement de l'obscurité de la nuit malgré ça, je pouvais voir ses yeux posés sur moi. Je ne savais pas quoi lui dire, je me sentais gênée en sa présence.

Un ange passeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant