17. L'entraînement

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Après ce moment qui m'a mise mal à l'aise avec Zavadosky, je décide d'aller dans la bibliothèque pour piquer des livres comme j'ai l'habitude de faire depuis que je suis arrivée ici. J'aime en prendre pour les continuer dans ma chambre quand trop de dames de la cour décident d'aller à la bibliothèque en même temps que moi. Quand j'arrive dans la bibliothèque, je me constate qu'il n'y a personne. Un sourire se forme sur mon visage avant de parcourir les livres de mes doigts. La pièce est grande mais pas aussi spacieuse que celle qui est à l'étage dans laquelle j'ai joué avec Paul une fois. Je caresse chaque reliure des livres en lisant le titre pour choisir lequel je vais lire. Une des livres attire mon regard. Son titre est « Les voyages de Gulliver ». Je ne l'ai pas encore lu alors qu'on m'en a déjà parlé.

C'est le moment de le découvrir. Je le prends au moment où j'entends une voix hurler des ordres « A mon commandement, en avant, à mon commandement demi-tour ! »

Je me dirige vers là d'où la voix provient. J'ai vu sur la cour. Je sais que cette voix est celle de mon époux. Je le vois de dos avec son tricorne orné de magnifiques plumes blanches. Il est devant des centaines de soldats qu'il commande.

Je sais à sa voix qu'il est déterminé « Mon père était le père de la Nation, le jour viendra où à mon tour je remplirai les devoirs et les responsabilités qu'implique cette fonction. Je dirigerai cette grande armée, une armée de soldat disciplinés, je veux que le rêve qu'il avait pour notre grande Nation devienne réalité. Je vous demande de la discipline, une martiale et virile discipline... Présenteeeez armes ! »

Je serre le livre contre ma poitrine en étant fière de mon époux. Il ne veut plus se cacher. Il montre enfin ce qu'il veut faire comprendre à tout le monde. Il se prépare à faire le coup d'état qu'il rêve de faire depuis longtemps. Il ne m'avait rien dit avant ce matin sur ce désir enfoui en lui mais je l'ai toujours senti au fond de moi. Je ne m'étais pas rendue compte pendant son discours que des personnes étaient rentrées dans la pièce. Ce n'est que quand il recommence à donner des ordres aux soldats que j'entends des bruits de pas dans la pièce. Je tourne la tête et vois Cassandra que je n'avais pas vu depuis longtemps. Je l'avais croisé parfois après le mariage mais on ne s'était jamais reparlé. Elle s'assoit sur un fauteuil, un livre à la main.

Je m'approche d'elle « Bonjour Cassandra »

Elle sursaute alors qu'elle commence à lire et lève la tête vers moi « Madame ! Bon...Bonjour »

Elle se lève pour commencer à s'incliner.

Je fais non de la tête en faisant un geste de la main pour qu'elle arrête « Non c'est inutile »

Elle se rassoit « Excusez-moi »

Moi « Soyez vous-même avec moi, je ne veux pas que vous me preniez pour l'impératrice d'accord ? »

Elle hoche la tête en ne sachant pas quoi dire. Je m'assois sur le fauteuil en face d'elle. Une autre femme s'approche avec des feuilles à la main. Elle me sourit avant de s'assoir pas loin de moi, devant un bureau.

Cassandra « Je vous présente mon amie, Sophie »

Sophie pose les feuilles sur le bureau et se redresse.

Moi « Enchantée, moi c'est... »

Elle fait un rictus « Vous êtes Mélodie Orlov, l'épouse du Prince Paul »

J'acquiesce d'un signe de tête « C'est exact »

Elle prend une plume et trempe la pointe dans l'encre « Vous êtes aussi la fille d'un des amants de l'impératrice »

Je soupire « Ce n'est qu'un détail qui ne sert à rien »

Elle pose son regard vers moi « Vous croyez ? » Elle rit nerveusement « Je vous taquine »

Elle replonge son nez dans ses feuilles et commence à écrire.

Je fronce les sourcils, curieuse « Qu'écrivez-vous ? »

Sophie continue d'écrire « Je vous trouve bien curieuse »

Je croise le regard de Cassandra qui me rassure. Elle a l'air de bien s'entendre avec Sophie bien que j'aie l'impression qu'elles sont toutes les deux des opposés.

Au bout de quelques secondes de silence, Sophie relève sa tête vers moi « J'écris ce qui me passe par la tête, vous devriez essayer, ça fait beaucoup de bien à l'esprit »

Moi « Oh mais j'écris beaucoup aussi, tous les jours même »

Elle recule sa tête l'air surprise « Je ne l'aurais jamais cru »

Moi « Vous pensez que je n'écrivais pas ? »

Sophie tourne la tête vers Cassandra qui hoche la tête « On pensait que vous ne faisait que lire »

Je fais un rire nerveux « Non, j'aime aussi beaucoup écrire »

Je m'adresse à Cassandra « Et vous, vous écrivez aussi ? »

Elle hausse les épaules « Je n'ai pas assez d'imagination »

Moi « Il n'y a pas besoin d'avoir de l'imagination, vous pouvez écrire des choses qui se sont déjà passées »

Cassandra « Peut-être mais je n'y arrive pas, je vous assure, j'ai déjà essayé... sans succès »

Moi « On pourrait faire des ateliers écritures ! Qu'en dites-vous les filles ? »

Cassandra va répondre quand je sens une tape contre mon épaule. Je sursaute et regarde qui me touche comme ça.

C'est Rosalia qui ricane « Excusez-moi, je ne voulais pas vous faire aussi peur »

Je fais un geste de la main « Ne vous en faites pas, j'aurais fait la même chose »

Elle parcourt Sophie et Cassandra du regard.

Moi « Je te présente Cassandra et Sophie, les filles je vous présente Rosalia, mon amie, la seule que j'avais avant d'arriver ici »

Rosalia sourit et s'assoit à mes côtés « Vous parliez d'un atelier d'écriture ? »

Je hoche la tête « Oui, c'est bien ça »

Rosalia « Vous alliez me le demander ? »

Je mets ma main sur son épaule « Bien sûr ! Vous me prenez pour qui ? » Je ris.

Quand je pivote la tête, je croise le regard du Prince. Il a les yeux qui montre l'autorité qu'il veut montrer aux soldats. Ces yeux s'apaisent quand ils me voient. Un léger sourire en coin se dessine sur le visage de mon époux. Je le fixe jusqu'à qu'il se retourne pour continuer ses ordres. Son plan a l'air de fonctionner. Je reprends mes esprits et remarque que Rosalia regarde dans la même direction.

Je tape des mains devant son visage « Vous êtes avec nous ? »

Elle bouge frénétiquement la tête « Oui c'est bon ! Je suis là... »

Je fronce les sourcils « Bien, disons demain à la même heure ici ? »

Cassandra « Qu'allez-vous faire ? »

Je me lève « Je vais aller voir mon époux, nous avons des choses à régler »

En disant cette phrase, je jette un coup d'œil vers Rosalia qui a l'air gêné. Elle se tient nerveusement les mains en observant à travers la fenêtre comme si elle cherchait quelqu'un du regard. Je garde mon livre contre moi. Je le lirai quand j'aurai le temps, sûrement dans ma chambre. 

Prince Paul, le souffle d'un Romanov (Catherine The Great)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant