Le protecteur partie 2

Chapitre 8 : Retrouvailles

Le lendemain de son entrevue avec Djecika, Sam savait qu'il lui restait seulement une semaine pour devenir capable de gagner les défis et sauver son ami, cette responsabilité lui pesait sur les épaules. Lorsqu'il retrouva Liam et les gardes qui le surveillaient, il articula sur ses lèvres les mots : « Fais-moi confiance ». Le prisonnier hocha la tête.

Ils passèrent ainsi la semaine à se battre, matin et après-midi, Sam jouait bien son rôle de jeune prince arrogant à présent et insultait Liam dès qu'il le pouvait. Celui-ci gardait les dents serrées, il savait que c'était de la comédie, du moins l'espérait-il. Il rentrait dans sa cellule le soir épuisé et en sueur, mais il notait les progrès impressionnants que faisait son élève. Il espérait ne pas être en train d'entraîner le futur tyran de cette terre. Mais les trois semaines qu'il avait passé avec Sam auparavant, lui faisaient croire le contraire. Il ferait un bien meilleur roi que son père, de ça il en était certain. Korage aussi progressait rapidement. Liam pouvait à présent lui mettre un licol et un filet sans mors, sans que l'animal ne rechigne. Il s'était également habitué à la présence d'autres humains, et Sam pouvait à présent le sortir lui-même en licol. Liam espérait que cela suffirait à convaincre le roi d'épargner la vie du cheval. Il espérait également que Sam l'avait pris en compte dans son plan d'évasion. Il se languissait de cette fameuse journée où il s'évaderait. Sam n'avait pu lui donner aucun détail du plan, il ne pouvait donc qu'attendre. Il aurait aimé voir Djecika, il espérait pouvoir lui faire confiance. La première fois avait été catastrophique, mais il n'avait plus rien à perdre désormais.

La matinée de la veille du départ pour Uthuar, ce n'est pas seulement Sam qui arriva, mais aussi Arondal, Herbert et Frédric. Djecika était absente et Aston devait être dans sa cité.

— Cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas vus, sourit faussement Arondal en regardant son prisonnier, c'est un plaisir de te revoir.

— Moi il ne m'avait pas manqué, dit sèchement Frédric.

— Mes gardes m'ont rapporté que Sam avait finalement appris à te parler comme il se doit, rigola le roi en tapant dans le dos de son fils cadet au regard fermé, et qu'il avait fait d'énormes progrès.

— Oui, confirma ce dernier avec un ton dur qui semblait très réaliste, cet esclave a au moins été utile à quelque chose. Et étant donné ses capacités pour se battre, vous devriez le vendre comme esclave de combat, il vous rapporterait un bon prix père.

Arondal s'esclaffa avant de regarder de nouveau Liam, toujours muet face à eux.

— C'est une très bonne idée mon fils, et si maintenant l'esclave allait chercher l'étalon sauvage, pour que je sache si je dois le faire abattre ou non.

Liam regarda furtivement Sam, qui parvint à lui esquisser un bref hochement de tête d'encouragement. Il prit donc un licol et partit chercher Korage, le cœur battant la chamade. Il revint avec son cheval et entra dans la carrière. Il lui mit un filet sans mors et réussit à se hisser dessus sans que l'animal n'ait à se baisser.

— Et où est la selle ? demanda Herbert.

— Il n'aime pas en avoir pour l'instant, lui répondit Liam.

— Ce n'est pas lui qui décide, lui rétorqua Herbert en le fixant avec froideur, mais passons.

Liam fit quelques démonstrations au pas, au trot et au galop avant qu'Arondal ne l'arrête.

— Très bien, il sait galoper avec toi sur le dos, mais qu'en est-il si c'est une autre personne ?

— Je...je n'ai jamais essayé, je ne suis pas sûr que...

— Sam ! l'interrompit le roi, monte dessus.

Ce dernier blêmit en regardant Liam d'un air effrayé. Le garçon descendit de sa monture en lui caressant l'encolure. Le cadet du roi s'approcha alors de l'animal d'un pas hésitant, jetant un coup d'œil à son ami. Celui-ci paraissait tout aussi tendu. Il l'aida à monter en lui soulevant la jambe puis s'écarta vers la barrière.