DRARRY - Sous surveillance

21

"Je devrais partir, ce sera mieux si tu leur dis et que je ne suis pas là."

Harry me retient alors que j'avais commencé à tourner les talons.

"C'est important que tu sois là Drago, qu'ils te voient et-"

Mais Harry n'avait pas eu le temps de finir sa phrase que la cheminée présente dans son appartement s'enflamma. Ron et Hermione se dépoussièrent d'un coup de baguette et lève le sortilège qui protéger le couffin entre leurs mains.

"Il n'y a vraiment aucun transport magique adapté aux bébés, c'est une catastrophe !" s'exclama Hermione.

Lorsque leurs regards tombent sur le mien, l'atmosphère de la pièce change et je n'ai qu'une envie : aller me terrer dans un trou de souris. Dans un réflexe, Ron se place devant Hermione et le couffin, sans me lâcher du regard.

"Harry, qu'est-ce qu'il fait là ?" demande Ron d'un ton agressif.

"Drago va déjeuner avec nous." répond Harry sur un ton neutre, essayant de montrer à son ami qu'il n'y a aucune ménace ici.

"Déjeun.." Ron se perd dans ses pensées qui semblent s'enchaîner à grande vitesse dans sa tête.

"Bien, installons-nous alors." dit Hermione, se dégageant ainsi que le couffin qu'elle tient, de derrière Ron.

Nous nous installons autour de la table ronde. Harry et Hermione sur mes côtés, Ron en face. Un silence de plomb a envahit la pièce. Je ne sais pas quoi faire, ni dire. Prendre de leurs nouvelles ? Les féliciter ? Le dernier contact que nous avons eu date de quand les rafleurs les ont emmené au manoir. Tout ce que je pourrais dire sera mal venu.

"Toujours aussi blond Malefoy."

Ce sont les mots de Ron et il n'a pas fallu une seconde pour que cela me retourne l'estomac. Je n'ai aucun doute sur ce qu'il pense et c'est très certainement le souvenir du jour où il a surpris Harry prend son pied, pensant qu'une petite blonde lui faisait une gâterie.

"Drago habite juste à côté, il travaille dans une bibliothèque moldue à présent." Tenta Harry pour détendre l'atmosphère et dévier le sujet de ma couleur de cheveux.

"C'est bon Harry, crache le morceau." dit Ron avec impatience et agacement.

"Ron !" s'exclama Hermione, surprise du comportement de son mari.

"Non Hermione je ne me calmerais pas. Il est temps que Harry assume ses choix."

"Je ne comprends pas, est-ce si terrible si Harry et Drago soient devenus ... amis ? Pourquoi est-ce que tu t'emportes comme ça ? Les années ont passé, nous ne sommes plus à Poudlard, nous ne sommes plus en guerre et-"

Harry la coupa et sonda son regard, espérant qu'elle garde à l'esprit tout ce qu'elle venait de dire.

"Hermione, avec Drago, nous sommes plus que des amis."

Un nouveau silence de plomb s'abattu et dura quelques secondes, beaucoup trop longues, avant qu'un bruit émane du couffin. Aucun des deux parents ne semblaient parvenir à bouger. Harry se leva et se diriga vers le canapé où le couffin avait été posé.

"Je peux ?" demanda t-il à Hermione.

Elle acquiesça d'un mouvement de tête et Harry sortit l'enfant pour le prendre dans ses bras.

Hermione expira bruyamment et lança un regard en biais à Ron. Ce dernier plissa les yeux. Ils semblaient essayer de communiquer par la pensée. Lassé de cette ambiance bien trop lourde et de la pierre qui avait pris la place de mon estomac, je me lève.

"Je vous laisse. Je crois que c'est mieux comme ça."

Hermione se leva d'un bond et se plaça face à moi.

"Non attends ! Nous ... C'est un peu un choc ..."

"Je veux bien te croire." lui dis-je.

"Mais ça semble être une bonne chose." déclara Ron qui n'avait pas bougé de sa chaise.

Tous les regards à présent tournés vers lui.

"Je veux dire, Harry va mieux. Il y a pas si longtemps il était dans un sale état. Le ministère a trouvé qu'il se rebellait un peu trop contre leurs méthodes alors ils ont décidé de lui mener la vie dure. Il buvait trop, rentrer tard, se détruisant à petit feu parce que c'était son rêve de devenir auror, et que ces enfoirés, ils ont tout fait pour qu'il pète un câble. Et ils lui ont assigné la relève auprès de toi. Il a fait des pieds et des mains pour pas y aller. Ça faisait trois ans que tu subissais sans jamais t'opposer et eux aller tout foutre en l'air juste pour le remettre à sa place, le rendre coupable si tu franchissais la ligne de non retour. Finalement, tu .."

Ron relève son regard vers moi avant de continuer.

"Tu n'as rien fait de stupide et lui a donné une raison d'aller mieux, je suppose. Même si, Harry, avoue que mon idée de prendre un chien t'a quand même vachement aidé, non ?"

Il s'était tourné vers son ami. Harry avait le regard dur, il semblait en vouloir à Ron d'avoir tout déballé de la sorte. Moi je me sentais stupide d'avoir pu croire qu'il avait pris cette relève sans se soucier de ce que ça me ferait alors qu'en réalité il s'était battu. Stupide mais aussi trahi, il n'a jamais parlé de tout ça.

Hermione sentant la tension, reprit le bébé des bras de Harry.

"Ron a raison" déclara t-elle. "Tu vas mieux et c'est tout ce qui compte pour nous."

Harry la regardait aussi d'un air sévère.

"Alors, vous n'allez rien faire ?!" finit-il par lâcher, agacé. "Vous n'allez ni vous opposer, ni vous indigner ? Ça ne vous fait rien que je me tape Drago ?"

Maudit gryffondor, toujours à dire des choses sans réfléchir. Les trois amis forment un cercle et discute vivement. Je reste à l'écart.

"Enfin Harry, nous n'avons rien à dire, ce qui compte c'est ton bonheur, qu'importe la personne qui te le procure." dit Hermione paniquée.

"Ah ça pour procurer du bonheur. D'ailleurs dis-moi Harry, tu as cuisiné tout seul aujourd'hui ou Drago t'a aidé ? Comme la fois où je suis passé à l'improviste." dit Ron avec amusement.

"Drago ne cuisine-"

"Non il est bien plus occupé à autre chose." le coupe Ron.

"Mais qu'est-ce que c'est que ces histoires ?!" demande Hermione, outrée de ne pas être au courant.

Il faut que ça s'arrête. Je veux partir. Je me sens pas bien. J'étouffe. J'ai envie de vomir. J'ouvre la porte d'entrée sans prendre la peine de la refermer, dévale les escaliers à toute vitesse et sors sans me retourner.