Chapitre 31 : Promesses.

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Quelques jours plus tard, Laïa :

- Tu comptes m'expliquer ce qu'il s'est passé entre vous à New York ?

Allongées sur les chaises longues au bord de la piscine, Inaya et moi profitons d'un bain de soleil. Nous sommes rentrés depuis quelques jours et je suis soulagée de retrouver la chaleur de Miami. Ce séjour nous a fait beaucoup de bien à tous les cinq. C'était magique. Mais le froid était si intense qu'il m'a fait regretter le soleil de la Floride.

- Qui te dit qu'il s'est passé quelque chose ? lui demandé-je, mystérieuse.

Elle me regarde par-dessus ses lunettes, blasée.

- Chérie, tu es en train de prendre le soleil en maillot de bain. En. Maillot. De. Bain, insiste-elle.

Je pose mes yeux sur mon corps.

- C'est parce que j'ai chaud.

Mensonge.

Je me sens beaucoup mieux depuis cette nuit. L'intimité que nous avons partagée tous les deux a été très libératrice. Je m'étais réveillée avant lui ce matin-là et, angoissée à l'idée qu'il n'assume pas, j'avais laissé mes doutes s'installer en le regardant dormir. Je l'avais envié d'être si apaisé, alors que moi, j'étais terrifiée d'avoir été une femme parmi tant d'autres.

Mais lorsqu'il avait ouvert les yeux, qu'il m'avait souri et qu'il m'avait attiré à lui pour m'enlacer, mes préoccupations s'étaient évanouies. Nous n'avons pas eu d'autres moments aussi intenses depuis celui-là. Il me laisse l'espace nécessaire pour que je puisse digérer tout ce qu'il s'est passé.

- À d'autres. Et comment tu expliques que Flynn n'est plus aussi grincheux ?

Nous avons eu quelques contacts physiques depuis notre retour. Des effleurements au détour de la cuisine, à l'abri des regards. Mais surtout, aucune autre fille n'a franchi les portes de sa chambre depuis quelques semaines.

- Je ne sais pas. Il est peut-être très content d'avoir visité New York ?

Nouveau regard blasé de sa part. Je ris doucement. Je meurs d'envie de lui en parler pour remettre toutes mes émotions en place. Mais je ne sais pas où commence la limite de l'indécent et où s'arrête la barrière de la confidentialité. Et si Flynn apprend que j'en ai parlé et qu'il se vexe ?

- Laïa, c'est lui qui m'envoie, se confie-t-elle finalement.

Je tourne la tête vers elle, surprise. Ce n'est pas la première fois qu'il demande à la jeune femme de venir me parler. Son attention me touche énormément. Je balaie la terrasse du regard pour m'assurer que nous sommes seules. Puis, je m'assoie sur le côté de ma chaise, vers Inaya pour me rapprocher d'elle.

- Et... qu'est-ce qu'il t'a dit ?

- Simplement qu'il s'est passé quelque chose entre vous. Il a peur que tu regrettes ou que tu te sentes mal vis-à-vis de ça. Il m'a demandé de venir vers toi pour que tu puisses en parler si besoin.

Je joue nerveusement avec mes doigts.

- Mais je ne sais pas comment on fait. Je veux dire, on était deux. Qu'est-ce que je peux te dire sans violer l'intimité de Flynn ?

Elle semble réfléchir à ma question.

- En soit, tu ne peux pas. Mais cela reste une énorme étape pour toi. Si tu as besoin d'en parler à quelqu'un, tu ne dois pas t'arrêter sur le fait qu'il n'apprécierait peut-être pas que tu partages ces moments. D'autant plus que dans ce cas précis, il m'envoie.

Alors je délie ma langue et lui raconte tout. De notre premier baiser jusqu'à notre nuit à l'hôtel. Elle a souri, écouté, acquiescé et a retrouvé son sérieux sur les parties les plus embarrassantes.

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- Et maintenant, comment tu te sens ? me demande-t-elle.

- Je suis effrayée. Enfin je veux dire, je ne regrette pas ce qu'on a fait mais... Je suis consciente que je ne suis pas une exception de son côté. Je suis effrayée à l'idée qu'un matin, je me lève et je vois une femme sortir de sa chambre. C'est débile parce qu'on n'est pas ensemble, il ne me doit rien. Mais je pense que je reviendrais à le regretter s'il s'était servi de moi pour m'avoir une nuit et c'est tout.

Inaya réfléchit un moment en me détaillant. Elle interprète mes mots et mes ressentis. Puis, elle se lève pour venir s'asseoir à côté de moi.

- Laïa, je ne peux pas m'avancer. Mais... il est différent avec toi. Je me suis doutée qu'il se tramait quelque chose entre vous deux. Rien qu'à le voir te regarder. Avec les autres, il ne se casse pas la tête, si elles veulent de lui, il couche avec et il les jette. Alors que là, il va à ton rythme. Il t'attend, il t'apprend, il te protège.

- Je n'ai rien de spécial.

- À ses yeux, tu es très spéciale. Mais je pense que tu devrais lui en parler, à lui.

Mes yeux s'écarquillent malgré moi et je secoue la tête. Je crois que j'aurai trop honte.

- Je ne peux pas...

- Pourtant tes doutes le concernent. Et il se soucie de ce qui te tracasse. La preuve, je suis là.

Elle a peut-être raison, après tout.

- Tout ce que tu dois savoir, reprend-elle, c'est que, Flynn ou pas, tu dois toujours être en accord avec toi-même pour aller plus loin. Si tu ne veux pas faire quelque chose, tu dois le dire et arrêter immédiatement.

J'acquiesce difficilement, touchée par son attention. Elle aussi veut me protéger. Nous reprenons nos places initiales et je m'empare de mon livre pour soulager ma conscience. Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé, mais je sens une nouvelle présenceprès de la terrasse. Epaulé à la baie vitrée, les bras croisés, il semble en pleine réflexion, les yeux braqués sur moi. Après avoir piqué mon attention, il s'approche de ma chaise longue.

- Tu veux bien venir avec moi ? me demande-t-il.

Après avoir enfilé un kimono blanc, je le suis jusqu'au bord de la plage où nous marchons l'un près de l'autre. Le silence n'est pas pesant, mais je sens qu'il a des milliers de paroles qui veulent se bousculer sur sa langue.

- J'ai été très touchée par ton initiative de demander à Inaya de venir me parler, commencé-je.

Il s'arrête et me fait face, l'air légèrement surpris.

- Et... tu lui as parlé ?

- Oui.

Il se passe la main dans les cheveux, son trouble est visible et je souris légèrement à l'apparition de rougeurs sur ses joues. Je meurs d'envie de l'embrasser.

- Et... est-ce que tu veux... parler... de... d'un sujet... avec moi ?

Je ris doucement, il est beaucoup trop craquant lorsqu'il bégaie. Je lui attrape la main pour entrecroiser nos doigts. Si j'avais une légère appréhension à ce qu'il me repousse, son soulagement est visible.

- Je ne sais pas trop comment faire pour parler, m'avoue-t-il.

- Je ne sais pas faire non plus, je n'avais pas d'ami ou de relation saine pour ça, en France.

Il me sourit, apaisé par ma confidence. Puis, il m'attire à lui pour m'enlacer. Je pose ma tête contre son torse avec un soupir d'aise. Nous ne nous sommes pas touchés ainsi depuis New York.

L'Effet PapillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant