Chapitre 20

14 2 1
                                    

Sans attendre un jour de plus, les quatre dirigeants embarquèrent sur le plus rapide et le plus solide des bateaux de Dunbroch. Les deux reines avaient troquées leurs habits formels pour des vêtements un peu plus confortables pour un voyage. Elles mirent à bord le peu de vêtements qu'elles avaient apportées et montèrent. Sur les quais, les trois frères de la Reine Ours étaient parfaitement alignés, affichant leur éternel air martial. Le fait que leur sœur s'en aille pour un périple d'une durée indéterminée ne semblait pas leur faire quoi que ce soit.

Ce qui n'était pas le cas des enfants Haddock. Les deux bambins s'accrochèrent à leur père comme si il allait disparaître. La décision de partir avait été prise un peu précipitamment, ce qui leur avait fait un choc. Harold faisait de son mieux pour les rassurer, mais rien à faire, ils ne voulaient pas qu'il s'en aille. Le cœur serré pour ces pauvres enfants, Maude vint les consoler du mieux qu'elle pouvait. Ces deux petits avaient besoin de plus d'attention que jamais.

Après de longs au-revoirs déchirants, Harold embarqua finalement sur le bateau, suivi de Mérida. Cette dernière venait de donner les derniers ordres à ses frères pour assurer la sécurité du royaume. Près d'eux se tenaient les soldats d'Arendelle et de Corona, inquiets pour leurs souveraines. Leur devoir était de les protéger au péril de leur vie. Et là, ils les laissaient partir sans aucune escorte. Anna et Raiponce avaient beau les rassurer, ils insistèrent pour les accompagner. Mais la décision des deux femmes était catégorique.

Le bateau quitta le port, laissant des dizaines de personnes saluer les frais voyageurs. Sur la rembarde du navire, les quatre souverains saluèrent également leurs sujets. Tout le monde s'inquiétait pour eux. Mais que pourrait-il bien leur arriver? Ils étaient des guerriers endurcis par le temps et les épreuves. L'intelligence ne manquait pas non plus. Comme navigatrice, ils avaient la reine Anna. D'entre eux, elle était la plus apte à tenir la barre. Le cartographe du groupe était Harold. Il avait assez voyagé au-dessus des mers à dos de dragon pour utiliser parfaitement les outils de la cartographie.

Perchée sur le mât du bateau, Raiponce voyait tout ce qui les entourait. La reine de Corona était chargée de surveiller les alentours pour voir si un ennemi était à proximité. Une longue-vue en main, rien ne lui échappait. Quand à Mérida, elle était la stratège de l'équipage. Tous les quatre étaient parfaitement entraînés pour affronter quiconque tenterait de les attaquer. Le petit équipage était aussi redoutable que des pirates.

Le regard perdu sur l'étendue d'eau infinie, Harold repensait à tout ce qui lui était arrivé jusque là. Avant tout ça, il avait pensé finir ses vieux jours sur Beurk, aux côtés d'Astrid. Comme quoi, on ne sait jamais ce que le destin nous réserve. Le chef de Beurk n'aurait jamais pensé se retrouver embarqué dans une aventure avec ces trois autres souveraines. Qu'est-ce que l'avenir lui réservait d'autre?

— À quoi pensez-vous? Demanda Mérida, s'approchant de lui.

— À tout. Mon peuple, mes enfants, tout.

— Ne vous tracassez pas pour rien. Dunbroch est l'endroit le plus sûr que je connaisse. Si vous commencez à encombrer votre tête de choses dans ce genre, je ne donne pas cher de votre peau.

— Et pourquoi cela?

— Le voyage que nous entreprenons n'est pas fait pour les faibles d'esprit. Il y aura beaucoup d'entraves sur notre chemin et il ne peut pas y avoir de place pour les souvenirs blessants. Tout ça constitue une faiblesse.

— Votre pragmatisme et votre honnêteté m'étonneront toujours.

Mérida sourit et posa ses coudes sur le bois vernis qui servait de rembarde. Elle avait toujours été comme ça. Pragmatique et honnête. Jamais elle n'avait pris de pincettes avec personne. Et tout ça s'est renforcé quand elle fut obligée d'endosser la charge d'être reine.

— Il faut bien avoir la main ferme quand on devient reine à à peine vingt ans. Continua-t-elle.

— C'est drôle, nous avons été nommés chefs de nos royaumes à un très jeune âge. Et pourtant, je n'ai jamais été capable d'être aussi ferme que vous.

— Je ne vous crois pas. Je suis sûre que vous avez été ferme à un moment ou à un autre.

— Oui, effectivement. Mais, pas comme vous. Vous êtes admirable, Mérida.

— Merci beaucoup. Répondit-elle en baissant les yeux vers l'eau.

Il ne cessait de dire qu'elle était une grande reine. Et Mérida appréciait ses remarques. Cela lui faisait un effet étrange. C'était nouveau. Oui, beaucoup de rois lui avaient dit la même chose, mais jamais dans le même ton qu'Harold adoptait. Il disait cela d'une manière spéciale qui semblait n'être destinée rien qu'à elle. Ou bien était-ce la manière dont il parlait à tout ceux qu'il admirait? Se rendant compte de son soudain changement de comportement, elle se redressa et prit une grande inspiration. La situation était devenue gênante pour elle.

Heureusement, Raiponce descendit de son perchoir pour faire un rapport à ses amis. Le soleil avait atteint le zénith et la reine de Corona mourrait de chaud. elle ferait sûrement un mirage à un moment ou à un autre si elle ne prenait pas une pause.

— Rien à l'horizon. Lança-t-elle.

Soudain, un bruit se fit entendre dans la cale. Les quatre marins s'immobilisèrent, tendant l'oreille. Un autre bruit leur parvint et Anna serra le gouvernail de ses doigts. Qu'est-ce que ça pouvait bien être? Si c'était un ennemi étant monté clandestinement sur le bateau, elle ne voulait pas rester là sans rien faire. Elle voulait aider ses amis à se battre. Derrière elle, les trois souverains avaient déjà dégainés leurs armes. Harold tenait fermement son épée. Mérida, quand à elle, avait deux armes: une épée et un arc accompagné de ses flèches. Raiponce s'arma d'une poêle à frire, arborant le symbole de Corona.

— Vous êtes sérieuse? Demanda Mérida devant l'arme peu commune de la reine de Corona.

— Je vous assure que c'est une arme aussi redoutable que votre épée.

— Si vous le dites. Mais ne vous plaignez pas si vous vous faites tuer.

— Rassurez-vous, je ne suis pas le genre de personne qui aime se plaindre.

À pas de loup, Harold descendit les escaliers en bois pour se rendre à la cale, suivi de près par les deux autres femmes. Anna voulait aider, mais elle devait tenir la barre. Si il n'y avait rien à l'horizon, il y avait sûrement quelque chose dans le bateau. Et cette chose ou cette personne s'était introduite sans l'autorisation de personne. Le seul homme de l'équipage s'approcha doucement de la poignée de porte, appréhendant ce qui allait en sortir.

On lui avait raconté tellement d'histoires sur les créatures marines capables de s'introduire dans les bateaux qu'il en tremblait presque. et si c'était l'une d'entre elles? Harold n'avait pas été préparé à combattre un monstre marin. L'image d'une sèche géante et visqueuse lui vint en tête. C'était vraiment répugnant rien que d'y penser.

— Vous attendez une invitation pour ouvrir cette porte? Demanda Mérida avec impatience.

Coupé par la reine dans ses réflexions, Harold posa finalement sa main sur la poignée. Son cœur faillit s'arrêter quand une masse noire s'abattit sur lui.

LegendaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant