Les Maraudeurs et le Retour du Némésis (tome 5)

Chapitre 3 - LILY EVANS

Le visage ensanglanté de Bernard Rockwell était défiguré par une expression de rage démente. Toujours plus de sang venait l'éclabousser alors qu'il continuait à lui donner des coups de poignard en plein cœur. Lily ne pouvait pas se relever. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était de regarder la lame rouge pénétrer sa poitrine déchiquetée et en ressortir, toujours plus écarlate. Elle était coincée entre la vie et la mort sous une montagne de fureur brutale. Et derrière cette montagne, il y en avait une encore plus bestiale. Deux tentacules qui avaient attrapé Rockwell par les deux extrémités pour le soulever dans les airs. Et lorsque son corps fut déchiré en deux, tout était rouge.

Lily se réveilla en sursaut, couverte de sueur. Son premier réflexe fut de toucher sa poitrine, comme pour regarder si les dégâts étaient importants. Sa respiration était saccadée alors qu'elle prenait lentement conscience qu'elle était en sécurité, dans sa chambre d'enfant. Sa main quitta sa poitrine qui se soulevait au rythme de sa respiration haletante.

Ce n'était qu'un cauchemar... Rien d'autre qu'un cauchemar... Mais ce n'était pas tout à fait vrai. Cette scène s'était réellement déroulée. Ce n'était pas elle, alors, que Rockwell avait poignardé avant de se faire massacrer par le Kraken des sables. C'était leur ancien professeur de Défense contre les forces du mal, Virginie Delaunay.

Elle s'assit au bord de son lit en plongeant son visage dans ses mains. Quand arrivera-t-elle à retirer ces horribles images de son esprit ? La lumière verte du sortilège de la mort qui avait ôté la vie à Seymour Selket et à Imogène Inkwood, le corps déchiré en deux de Bernard Rockwell, le professeur Delaunay qui gisait dans son propre sang.

Fatiguée, elle regarda l'heure. Dix heures du matin. C'était parfait, elle n'avait aucune envie de se rendormir. Elle ouvrit grand les volets pour laisser entrer la lumière réconfortante de ce soleil d'été et se rendit dans la salle de bain pour prendre sa douche.

Lorsqu'elle revint dans sa chambre en essuyant ses longs cheveux roux, elle trouva une jolie chouette qui tapait du bec contre sa fenêtre. Elle la fit entrer et se saisit de la lettre attachée à sa patte.

Chère Lily,

J'espère que tu passes de bonnes vacances et que tu ne rumines pas trop dans ton coin. Plus que quelques semaines et on sera toutes les trois réunies à Poudlard avec Mary !

Moi, je passe d'excellentes vacances. Je suis arrivée chez les Lupin la veille où j'ai pu retrouver mon Remus. Ses parents sont très gentils avec moi (j'ai l'impression qu'ils me considèrent déjà comme leur fille, c'est trop mignon !). D'ailleurs, ça me fait penser : Mrs Lupin m'a dit qu'ils comptaient se rendre au Chemin de Traverse le week-end prochain pour acheter les nouvelles fournitures scolaires. Peut-être que tes parents et toi pourraient venir à ce moment-là, comme ça, on se retrouvera tous là-bas. Je vais écrire à Mary pour lui demander la même chose.

J'attends ta réponse avec impatience et j'espère qu'on pourra tous se retrouver d'ici peu.

Eugénie.

PS – Et félicitations pour avoir été nommée préfète de Gryffondor ! Ce n'est pas étonnant puisque ça ne pouvait être que toi !

PPS – Tu voulais savoir qui serait le garçon qui serait nommé préfet avec toi, eh bien j'ai la réponse. Non, ce n'est pas James Potter, tu peux te calmer. C'est mon Remus ! Je suis trop contente pour lui !

La lettre d'Eugénie eut au moins le mérite de la faire sourire. Elle était heureuse de voir que tout allait bien pour son amie. Elle attrapa une plume et un parchemin et se mit à écrire une réponse. Elle l'informa qu'elle allait voir avec ses parents s'il était possible de se rendre au Chemin de Traverse, exprima son soulagement à l'idée que Potter n'était pas nommé préfet (même si cela était, de toute manière, extrêmement improbable qu'il le soit devenu) et lui souhaita de passer un bon séjour chez les Lupin. Elle ajouta aussi des félicitations pour Remus en post-scriptum avant de quitter sa chambre pour rejoindre le salon.