Golos [PREMIER JET]

CHAPITRE DIX-HUIT

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Igor ne s'attendait pas à ça. À la seconde même où le regard de Katrina s'était posé sur lui, il y avait vu de la méfiance et aussi de la rancune. C'était un peu compréhensible, il le concevait. Les policiers étaient vus comme des méchants profitant de leur pouvoir pour faire ce qu'ils voulaient. De nos temps, plus personne ne faisait confiance aux forces de l'ordre, mais ils n'étaient pas à plaindre par rapport à d'autres pays, où leurs collègues étrangers n'avaient pas les droits de se défendre même lors d'une attaque contre eux. Igor ne comprenait pas cette mentalité. Ils faisaient de leur mieux pour faire régner l'ordre et la paix, et ils étaient remerciés par des injures, des plaintes et autres raisonnements qu'il trouvait stupides.

Mais Katrina avait une raison supplémentaire. Il avait agi en dehors des procédures habituelles contre sa protégée. Elle avait due se renseigner, surtout qu'Igor avait remarqué un semblable de complicité entre elle et son ancien supérieur, Dmitriev.

Mais la minute d'après, cette femme semblait avoir laissé de côté cette rancœur. Son bras entouré au sien le prouvait. Et elle en avait, de la poigne ! Pour l'instant, il la laissa faire, jetant un bref regard vers son neveu qui était en pleine discussion avec la blonde. Il fallait qu'elle soit dans leur camp, mais avec sa fragilité d'esprit, elle était très influençable et changeante. La mission de Viktor était de s'assurer qu'elle serait dans leur camp, de la convaincre qu'ils disaient la vérité. Et le psychologue était bien mieux calé que lui pour lui faire entendre raison. C'était la raison pour laquelle il se retrouvait là, devant des filles en justaucorps d'un blanc pur montrant leur initiation dans ce domaine qu'était le ballet. Mais il ne pouvait pas apprécier le spectacle. Tous ses sens étaient aux aguets, à la recherche du moindre bruit ou geste suspect.

Le tiraillement sur son bras le fit sortir de son inspection, tournant la tête vers Katrina qui avait un sourire enjoué, mais aussi comme qui dirait... Charmeur.

— Vous ne voulez pas un de ces canapés ? Ils sont délicieux, au caviar.
— Non merci. Je n'ai pas un grand appétit, ce soir.

Alors qu'il retourna dans son enquête, elle s'enquit de continuer :

— Vous devriez vous détendre un peu. J'imagine que vos réflexes de policier doivent encore s'ancrer en vous.

Il devait jouer la carte de la discrétion. Il hocha alors la tête positivement.

— Oui c'est vrai. Je n'ai pas l'habitude de me détendre et juste regarder la chorégraphie de ces jeunes danseuses.
— Peut-être que je peux vous détendre en vous présentant quelques-uns des convives ?

Il haussa les épaules et Katrina prit ça pour un oui. Elle montra alors par la tête où par une rapide description physique des personnes avant d'annoncer leurs fonctions. Banquier suisse, acteurs, hommes politiques ou tout simplement des touristes fortunés, elle les présenta tous en rajoutant une petite touche d'histoire ou de rumeur. Igor joua le jeu pour ne pas se trahir, observant chacun de ces personnages. Mais ses yeux gris perçant se posèrent sur une personne qu'il ne pensait pas du tout voir dans ces lieux.