13. C'est l'intention qui compte

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Ashya

Ça fait un mal de chien ! Ma tête bourdonne, comme si un nid de frelons s'y était implanté. Je recouvre ma tête de la couverture ne portant pas mon odeur, mais celle de... Amadeo ?! Je me redresse subitement et observe la chambre dans laquelle je me trouve. C'est effectivement la sienne. Je sors du lit et m'aperçois que je ne porte qu'une culotte et un t-shirt. Bordel de merde !

Je ne me souviens pas de la nuit précédente. Que s'est-il passé ? Oh non. Dites-moi que je n'ai pas couché avec le lézard ? Je n'ai pas pu faire ça, même avec des grammes et des grammes d'alcool dans le sang. Je retire cette idée de mon crâne et réalise qu'il n'y a aucun bruit. Je suis seule. Il n'y a personne dans cet appartement. Les mauvais souvenirs reviennent comme un thème.

Mon souffle se saccade. J'en oublie aussitôt que j'ai dormi dans une autre chambre que la mienne. Le bourdonnement dans mes oreilles est plus intensif qu'il y a une minute. Les meubles qui m'entourent tournent à une folle vitesse. Je m'assois au centre du lit, mes genoux contre ma poitrine, le cœur battant à la chamade.

Ça va aller, il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Personne n'est là pour me faire de mal, hein ?

Je prends de grandes inspirations et compte à rebours. Papa me disait de le faire étant enfant. Ça m'est déjà arrivé d'être en classe et d'avoir des fragments de souvenirs de maman par de simples mots, jusqu'à ce que des crises d'angoisse prennent vie. Papa devait venir me chercher à l'école parce que mes crises perturbaient la classe alors en rentrant à la maison, il m'a donné cette tactique : compter à rebours à partir d'un chiffre plus ou moins élevé en fonction de l'ampleur de mon angoisse. Dans le cas présent, je pars de vingt. Et je peine à croire que ça soit assez.

— Vingt, dix-neuf, dix-huit...

En parallèle, mes prunelles inspectent la chambre de Amadeo. Elle est neutre, presque froide. Il y a peu de décoration à l'exception d'un cadre photo planté au mur, au-dessus d'une commande noir. Il y a une petite fille aux long cheveux blond vénitien qui forment des boucles anglaises. Ses yeux bleus ressortent avec son teint matte. Elle est magnifique. Ça doit être elle, sa petite cousine.

Je me redresse lentement, le souffle revenu et glisse mes doigts sur la bordure du cadre. Sur le bois en chaîne, il y a écrit « Amadeo & Lokia. » Elle se prénomme donc ainsi. Elle est aussi belle que son prénom. C'est typique de leur famille d'être séduisant et d'avoir un prénom original ?

À force d'observer la photo, mon angoisse à disparue sans que je ne m'en rende compte. La technique la plus utile pour faire disparaître une crise d'angoisse est de distraire le cerveau, c'est ce que j'ai fait inconsciemment. Je ne me suis jamais retrouvé dans sa chambre - à l'exception de la fois où je lui ai versé de l'eau coloré pour le réveiller - alors j'étais intriguée de savoir comment elle était. La porte de sa chambre est régulièrement fermée. Mais pourquoi m'avoir laissé dormir ici ? C'est parce que j'étais alcoolisé, ça ne fait aucun doute.

Avant de quitter sa chambre, je fais son lit. C'est vrai que j'aurais pu le laisser en piètre état, mais je ne peux pas. Pas par principe, mais plutôt par contrainte. Amadeo m'a rendu service la veille alors je lui dois au moins ça.

J'arrive à la porte entrouverte. Un post-it bleu est posé à ma hauteur. Je l'arrache et lis ce qu'il y a inscrit.

« Je ne serai probablement pas présent de la journée. »

Il aurait tout de même pu signer son prénom, mais je vois que c'est trop demandé. Ce n'est pas ce qui m'étonne le plus, cela dit. Pour un mec obsédé par les allusions au sexe, il a une belle écriture. Je le trouve bête comme ses pieds. Mais il a su aligner trois mots sans mon aide. À cette pensée, un gloussement s'échappe de mes lèvres.

Another love - TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant