Chapitre 8 : La dispute

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Elliot


Nous étions sur la route du retour, Morgane sur la banquette arrière et Aurore à côté de moi. Elles discutaient toutes les deux, elles débattaient au sujet de notre relation, à moi et Aurore. Je n'ouvrais pas la bouche, je voulais savoir ce que pensait Aurore de... nous ? Ce soir elle m'avait montrée à quel point elle pouvait être bienveillante envers les autres et là pour eux. J'étais époustouflé, je ne l'avais jamais connue comme ça. Elle s'était réellement inquiétée pour ma petite soeur, et même si j'ai encore du mal à le dire, elle m'avait beaucoup, beaucoup aidé ce soir. Je ne sais pas comment j'aurais réagi sans elle... Sans doute très mal. Je lui en suis très reconnaissant. Et puis je m'étais excusé auprès d'elle, j'avais vu dans ses yeux que ces excuses lui avaient fait du bien. Elle ne méritait pas ça après tout. J'étais épuisé, j'avais beaucoup pleuré, et elle m'avait pris dans ses bras. J'avais fait un câlin à quelqu'un. Ce n'est pas du tout habituel étant donné que je déteste ça. Mais sur le coup, il était le bienvenu, j'allais peut-être le regretter plus tard mais tant pis. C'est chose faite. 

J'avais retrouvé Morgane et c'était le plus important. Je bouillonnais toujours intérieurement, mais voir ma petite soeur sourire comme si rien ne s'était passé me soulageait un petit peu. Elle était jeune et innocente, elle ne se rendait pas compte de la gravité de la situation. J'espère simplement que plus tard ça ne la traumatisera pas. 

Nous venions d'arriver devant chez Aurore, elle allait descendre de la voiture quand je l'attrapais doucement par le poignet. Elle se retourna, surprise. 

-Désolé je ne voulais pas te faire mal, juste, merci encore pour ce soir. Honnêtement je ne sais pas comment j'aurais réussi à gérer la situation sans ton aide. 

Elle ricana. 

-Sincèrement, je pense que ça aurait été catastrophique, heureusement que je ne t'ai pas raccroché au nez. rit-elle . 

Un sourire m'échappa. 

-Pourquoi est-ce que tu aurais fait ça ? demanda ma petite soeur. 

-Malheureusement cette demoiselle n'est pas aussi mignonne tous les jours. lui dis-je. 

Je vis les joues d'Aurore virer au rouge après le "mignonne". 

-Bon allez j'y vais, bonne nuit ma puce. 

-Eh ? Moi je n'ai pas le droit à un "bonne nuit" ? demandai-je faussement indigné. 

-Bonne nuit sale gosse. ria-t-elle. 

-Hmmm, tu as oublié le "beau" devant gosse. la taquinai-je. 

Elle leva les yeux au ciel avant de refermer la portière derrière elle. 

-Bonne nuit princesse ! criai-je à travers la fenêtre ouverte. 

Une fois rentrée chez elle, Morgane escalada le siège et vint s'assoir à côté de moi. 

-Tu l'aimes bien Aurore ? Parce que moi je l'adore ! Tu pourras l'inviter à la maison s'il te plaiiiiiiit.

-Morgane ne commence pas, elle et moi c'est très compliqué. 

-Mais tu l'as appelé princesse ! Ça veut dire que c'est ta princesse et que tu l'aimes et que tu dois la protéger. 

Ma petite soeur était vraiment adorable. 

-Même moi je n'ai pas le droit à ce surnom...bougonna-t-elle. 

Je levai les yeux au ciel et démarrai le moteur direction la maison. Une fois garé dans le garage, je rentrais suivi du microbe qui me servait de petite soeur. J'entendis du bruit provenant de la cuisine. Il était là. Putain

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-Va te coucher frangine. 

-Non ! Je ne suis pas fatiguée ! déclara-t-elle tout en ravalant un bâillement. Je la pris dans mes bras en la portant comme une princesse, tout en allant en direction de sa chambre. 

-Ouiiiiii je suis une princesse ! 

Mon dieu c'était si simple. Je la posais et la bordais dans son lit puis je descendis. C'était le moment. Je devais l'affronter. Mon père. Je le trouvais sur une chaise, la tête entre les mains. En m'entendant il leva rapidement la tête. Il était dans un sale état. 

-Je ne t'ai pas entendu rentrer, où est ta soeur ? 

-À toi de me le dire papa. 

Il me regarda les yeux mouillés. Oh bordel il n'allait pas chialer alors que tout était de sa faute !

-Elle est dans sa chambre. J'ai été la retrouver là où tu l'avais abandonnée. 

Il baissa la tête honteux. Oh oui papa tu as de quoi l'être.  Je le fixais encore dans l'incompréhension de son geste. 

-Je suis désolé... 

Un rire nerveux s'échappa de ma bouche. Il était désolé ? Sérieusement ? 

-Oh mais oui papa si tu es désolé ce n'est pas grave après tout ! PUTAIN MAIS QU'EST-CE QUI T'AS PRIS ? ELLE ÉTAIT SEULE, DANS LE PARC, MORTE DE FROID ET TERRORISÉE ! Et tout ça parce qu'elle t'as dis la simple et pure vérité ?! Tu me dégoutes. 

-Je sais putain, je ne sais pas ce qui m'a prit, j'avais bu et je me suis emporté, je n'aurais jamais dû... 

-Au moins nous sommes d'accord là-dessus papa. crachai-je. 

-Elle...est-ce qu'elle va bien ? Avait-elle l'air de m'en vouloir ? 

-Sérieusement ? C'est la seule chose qui te passe par la tête ? Évidemment qu'elle t'en veut tu l'as abandonnée alors que tu es son père ! Tu t'attendais à quoi ? Elle est peut-être jeune mais elle est loin d'être bête tu sais. dis-je sèchement.

Une vague de colère me submergea et je m'avançais vers lui. Ma main partie toute seule et je lui collais une gifle. J'espère que celle-là il s'en souviendra. Il me regarda, les yeux remplis de tristesse. Il se rendait compte de son geste, je le voyais. 

-Papa tu ne peux pas t'en prendre à nous à chaque fois que tu bois ou que tu fumes un joint. Nous ne sommes pas tes pantins, nous sommes ta famille, et là tu nous fait plus de mal qu'autre chose. Bordel je ne te reconnais plus... Papa, je veux que tu consultes, non, je t'oblige à consulter. J'en parlerais avec maman dès demain en rentrant des cours, et je veux que tu sois présent pour lui raconter de toi-même tout ce qu'il s'est passé. 

-Je... D'accord. Je ferais tout ce que tu veux.

Il éclata en sanglot et s'allongea contre l'îlot de la cuisine. On aurait dit un enfant qui venait de faire une grosse bêtise. Il était désormais sobre, je le sentais, et il venait de se rendre compte qu'il était dangereux pour nous. Malgré tout, ça me faisait mal de voir mon père dans cet état. Je le pris par les coudes pour le relever et l'emmenai dans sa chambre. Il s'allongea sur le grand lit et me regarda droit dans les yeux. 

-Je suis désolé Elliot, tellement désolé... 

-Je sais papa, mais on va trouver un moyen de t'aider, de nous sortir de ce cercle vicieux. 

Je sortis de la chambre et me dirigeai vers la mienne. Je m'affalai sur mon lit. Cette soirée était mémorable, mais pas dans le bon sens. La seule chose qui m'avait fait sourire aujourd'hui était Aurore. Je l'admettais grâce à elle la soirée n'avait pas été si désastreuse que ça, même si je savais que le pire était à venir. J'allais devoir tout expliquer à ma mère, enfin, mon père allait devoir le faire. Et elle allait le détester. Putain, quelle vie de merde...

Soudain je me rappelais de la confidence d'Aurore, son père était alcoolique comme le mien. J'avais remarqué au ton de sa voix que j'étais la première personne à qui elle en parlait, et j'avoue que ça m'étonnait énormément, à vrai dire j'ai toujours pensé qu'elle avait une petite vie parfaite. Woaw qu'est ce que je pouvais être bête parfois. Tout ça parce que je la déteste. Elle m'avait confié quelque chose que même ses plus proches amis ne savaient pas. J'étais honoré et à la fois triste pour elle, je savais ce que c'était. Soudain mon téléphone sonna. Je le pris et vis un message d'Aurore. Tiens, quand on parle du loup. 

Aurore: Salut Elliot, hmmm... Je voulais juste te demander de ne parler à personne, vraiment personne, de ce que je t'ai confié au sujet de mon père. J'aimerais garder ça secret, j'espère que tu ne me le feras pas regretter, je compte sur toi. 

Je ne voulais pas qu'elle pense ça de moi, jamais je ne serai capable de dire une chose pareille, c'était à elle seule de le faire. Elle n'avait pas à regretter... Je me dépêchais de la rassurer. 

Elliot: Salut Aurore, saches que je ne ferai JAMAIS une chose pareille, ce ne sont pas mes affaires de toutes façon, et honnêtement je sais ce que c'est. Tu as ma parole, je te promets que je ne dirai rien. Tu peux me faire confiance.

Aurore: Merci beaucoup c'est rassurant, bonne nuit sale BEAU gosse ;)

Elliot:  Hehe avec plaisir miss :)

Je posais mon téléphone sur la table de chevet et me glissa dans mon lit. Je méritais une bonne nuit de sommeil après cette soirée. 

I hate you, or maybe love ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant