Mon étrange bad boy - Tome 1

Chapitre 4

Louna

— Passe-moi le bleu, lance Debrah, distraitement.

Avec un soupir, j'attrape le petit contenant cérulé, au travers des rouges, des roses, des violets... Quand je le lui donne et qu'elle le prend, sans me regarder, je me laisse tomber sur le lit.

— T'es pas fatiguée ? Ça fait une heure que tu changes de couleur sans jamais te décider à en garder une ! Tu vas vider ma réserve de vernis à ongles !

Elle ne me répond pas et me fait un signe pour que je lui passe le dissolvant. Excédée, je la regarde un long moment après le lui avoir tendu.

— Prends le noir ! proposé-je, la tête à l'envers et les pieds montés sur le mur. Tu ne peux pas te tromper, avec ça.

Je brandis ma main dans sa direction, mais elle fait une grimace quand elle détecte le noir écaillé sur mes ongles.

Oui, bon... Je ne l'ai pas refait depuis un bout de temps, mais ça ne veut pas dire que c'était un mauvais choix !

— Je ne suis pas une gothique, Louna ! Tu me vois vraiment avec du vernis noir ?

Je pince les lèvres.

Moi non plus, je ne suis pas une gothique ! pensé-je, outrée.

Je choisis de ne pas relever et lui passe la couleur qu'elle m'a demandée. Finalement, elle s'est laissée tenter par la nouvelle tendance de nude et y est allé avec un beige rosé.

— Alors, cette fête, vendredi... vous y allez ?

Dans la voix de Deb, je perçois une once d'appréhension. Elle espère que je dise non, je le sens bien.

— Tu parles qu'on y va, ricané-je, en me retournant sur le lit. Je te rappelle que c'est la soirée la plus branchée de l'année !

La soirée en question est organisée par Noah Hamilton, l'un des garçons les plus populaires de l'école. Ses parents ont une immense baraque, parfaite pour des soirées étudiantes, et chaque année, ils ont des voyages d'affaires qui permettent à Noah de faire ce qu'il veut. D'années en années, ses fêtes sont de plus en plus démentielles !

Je suis sortie avec lui, l'année dernière. On n'est resté ensemble qu'une semaine, et on a rompu le lendemain de sa soirée. J'ai été dégoûtée quand il s'est mis à enfoncer sa langue dans ma bouche comme un porc au bord de sa piscine; sa façon d'embrasser est horrible !

— D'accord, mais essaie de ne pas faire de conneries, cette fois !

Je m'étais aussi réveillée avec les cheveux bleus, après ce soir-là. Mes parents étaient furieux et j'ai été privée de sortie pendant deux semaines, mais honnêtement... ça en valait la peine. Ils m'ont aussi obligé à garder cette couleur pendant deux mois. En temps normal, ça ne m'aurait pas dérangé, sauf que ça se rapprochait plus du bleu royal dégueulasse que du joli bleu givré, ou même dragée, que j'aurais voulu avoir.

— Tu sais que je ne peux rien te promettre, pas vrai ?

Sceptique, Debrah me lance un sourire crispé.

— Très bien... souffle-t-elle, exaspérée.

*

Le lendemain midi, je m'assieds avec Julia et Rayne, à notre table habituelle juste devant l'école. Il était temps qu'il y ait un peu de soleil ! Je commençais à étouffer à la cafétéria.

Je bois une gorgée de ma boisson gazeuse pendant que Julia vérifie son maquillage dans un petit miroir qu'elle garde dans son sac. Debrah n'est pas avec nous; elle devait rattraper un cours qu'elle a manqué la semaine dernière. Elle est tellement à son affaire... Moi, je ne m'y serais jamais représentée.