19. Visions

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Alice Sterling


Appartement n°6, chez Alice Sterling

La douleur. Constamment dans ma tête. Souffrir en silence encore et encore.

Je me lève encore avec un énième mal de crâne dû à mon accident. Tout en traînant des pieds je me glisse jusqu'à mon salon pour réveiller Juan.

Il est complètement amorphe sur mon canapé avec une jambe relevée sur le haut.

Mais c'est Juan quoi, tout ce qui est normal ne se conforme pas avec lui.

Et ça j'adore, son authenticité.

Il commence à se réveiller à cause des rayons qui transpercent mes volets, des bruits de marmonnements de bouche se font entendre. Il parle dans son sommeil.

C'est mignon et drôle à la fois.

Nous préférons encore faire chambre à part, même si nous savions tout les deux qu'il y a quelque chose entre nous, on se donne encore du temps.

Peut-être par peur d'être finalement trop différents ? Ou peur d'aller trop vite et tout ruiner ?

Pour le moment, on y va step by step.

J'attrape deux tasses, une pour mon café, lui pour son chocolat.

Ai-je précisé que c'est un enfant dans un corps d'adulte ?

Le son de son bâillement arrive jusqu'à moi, ses chaussons s'usent sur le sol et son corps vient se mettre à côté de moi. Il me claque un bisous dans le cou encore à moitié endormi avant de se baisser pour prendre une poêle.

Bacon et oeufs pour ce matin ?

Mon pouce se lève vers le haut, il n'a pas oublié d'où viennent mes origines ce qui me touche énormément. Alors dès qu'il passe ici il a ses petites habitudes.

Tu sais où j'ai rangé mon téléphone ? Impossible de mettre la main dessus.

Il arrête de tournoyer la fourchette dans le jaune d'oeuf, son regard passe de moi au comptoir juste en face.

Il est juste devant toi Alice. Dit-il d'une voix douce.

Il sait. Il sait que l'accident m'a laissé des séquelles plus préoccupant. Et il sait que je le cache en évitant d'en parler.

Je lui lance un faux sourire et me saisis de mon cellulaire. Je fais défiler les applications sans y entrer. C'est un moyen de faire passer le temps sans questions.

Le repas est prêt, tu viens ?

Il prend les deux assiettes puis les déposent sur ma table basse devant la télé. Avec sa fourchette il me fait signe d'ouvrir la bouche pour me faire goûter.

C'est délicieux Juan. J'affirme en reprenant d'autres bouchées.

Juan reçoit plusieurs textos à la minute, sûrement de la part du chef. Il doit reprendre le travail en ayant un nouveau coéquipier. Un certain Angelo Gotti.

Il est arrivé depuis peu à la NISA mais c'est tout de suite très bien entendu avec Juan, le même humour, la même passion pour la moto.

Alors bien sûr que ça m'a un peu rendu triste de ne plus pouvoir participer aux missions, mais comme le dit le Commandant Kane : Laisse le temps te guider et tu pourras reprendre sereinement.

À quoi tu penses mi cielo ?

Je pose ma tasse et m'allonge dans mon canapé. Il se positionne au dessus de moi par la force de ses bras, son visage aborde un air inquiet.

Sparks of AttractionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant