Chapitre sept

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Ashton

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Ashton

02h43

Impossible de dormir. Le vide à mes côtés me tord le ventre. C'est déjà la cinquième nuit que je passe sans Jade et je ne m'habitue pas à son absence. Elle a toujours cette habitude de venir serrer mon bras en dormant, surement à cause de ses rêves. Elle murmure dans son sommeil. Parfois même, elle chantonne.

Définitivement je n'arrive pas à m'y faire. Je n'aime pas le silence.

Depuis ma sortie de prison, j'ai énormément de mal à m'endormir si Jade n'est pas là, ou bien si je n'ai pas un bruit sonore pour venir calmer mon anxiété. J'avais du mal à dormir bien avant la prison cela dit, quand j'ai commencé à travailler au centre d'appels. Mais ça s'est aggravé par la suite.

Le centre d'appels c'est un petit peu comme une ruche, des bourdonnements constants, des appels, des voix, des bruits de pas. Il y a toujours un fond ambiant. Alors quand je rentrais à la maison, me retrouver dans le silence m'angoissait. Ce qui est contradictoire je trouve, car si un appel arrivait, ce n'était pas parce que la personne au bout du fil allait bien. Après certains appels, je redoutais d'entendre mon cellulaire sonnait. Mais pourtant, dans mon esprit, s'il n'y avait pas de bruit, c'était pire. Je savais que lorsque que je recevais un appel, un message c'est que mes interlocuteurs étaient en vie, au travail au non.

Après quelques mois derrière les barreaux, comme on dit, le silence m'angoissait encore plus. C'est un faux silence qu'il y a à cet endroit. Oui, le soir tout le monde semble dormir, mais on entend la respiration de chacun, et ce n'est pas un sommeil paisible. Tout le monde est sur ses gardes, tout le monde s'épie.

C'est une des séquelles que j'ai remarqué en sortant de là-bas. Une de ces traces invisibles ancrées dans mon âme.

Depuis que Jade est retournée chez ses grands-parents, je ne dors presque pas. Les terreurs reviennent au galop. Encore plus alerte qu'en cellule. Je l'appelle tous les soirs, elle me raconte sa journée. Je l'observe à travers l'écran, je ne parle pas beaucoup pendant nos appels. Je veux juste à chaque fois mémoriser chacun des traits de son visage. Je n'aime pas qu'elle soit loin, cette idée m'est insupportable.

J'ai eu des nouvelles des services sociaux. Abigaëlle m'a informé il y a deux jours qu'elle allait bientôt pouvoir venir. Je ne sais pas si elle était autorisée à me tenir au courant. Mais à partir du moment où j'ai été capable d'obtenir son numéro auprès des services, je l'ai sans aucune retenue harcelée de messages. Je dois savoir, être dans l'attente est bien trop difficile pour moi.

Je crois les doigts pour qu'elle vienne aujourd'hui faire ce fichu rapport pour montrer que Jade peut revenir. Je sais qu'elle n'a pas de chambre ici, elle n'a pas de bureau ni vraiment d'espace pour s'amuser. J'en suis conscient, et j'aimerais lui offrir plus.

My unfairness' shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant