Chapitre 16 1/2

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Mon alarme sonne. Je l'éteins. Il est dix-neuf heures.

Depuis des heures je me fais des scénarios, je réfléchis à ce que je vais dire... ne pas dire. Je tourne la situation dans tous les sens. Est-ce que je vais le voir ? Est ce que je vais lui parler ?

Ce qui m'effraie le plus c'est de me demander : est-ce que j'en ai envie ?

En plus d'une semaine, je n'avais plus été confrontée à lui, à tous les problèmes qui viennent avec et aux douleurs. C'est comme si chacune des blessures se rouvraient et suintaient de murmures vicieux me criant que tout ça n'est qu'un rêve et que la réalité est belle et bien la souffrance.

Je sens ma poitrine prise au piège. Ma respiration se fait moins régulière. J'essaie malgré tout de prendre une grande inspiration pour me détendre un peu. Quelqu'un toque à ma porte, ça doit être Denki.

En effet, il a été décidé que ce serait lui qui m'accompagnerait au commissariat étant donné que mon tuteur et plusieurs autres professeurs ont été appelés pour une mission jusqu'à tard dans la nuit, d'ailleurs, Hizashi se sentait terriblement coupable de ne pas pouvoir m'accompagner quand je l'ai appelé. Il en va de même pour Eijiro qui devait impérativement se rendre au gymnase pour préparer un genre de spectacle avec sa classe. Pourquoi impérativement, parce que je l'y ai obligé. Il ne doit pas gâcher ses engagements juste pour moi. A vrai dire, j'ai remarqué que ç'a vraiment fait plaisir à Denki que je lui demande de m'accompagner. Je crois que pour lui c'est comme l'accomplissement de quelque chose.

Je lui dis d'entrer. Ce qu'il fait sans se faire prier.

"- Bon alors, t'es prête ? Ne t'inquiète pas, relax, je suis sûre que tu vas assurer. En vrai, ça fait peur mais faut juste répondre aux questions.


- Merci."

Je suis à moitié convaincue.

On sort de ma chambre, puis du bâtiment.

Nous nous dirigeons vers la sortie du lycée via les chemins sablés.

"Tu sais, Eijiro n'a que ton prénom en bouche ! Tous les jours c'est Shoko par-ci, Shoko par-là. C'est vraiment mignon ! J'espère qu'un jour quelqu'un m'aimera autant que vous vous aimez !"

Je tourne la tête pour essayer de déchiffrer l'expression sur son visage, mais je n'y parviens pas.

"Je suis sûre que ça arrivera. Si Eijiro, vu ce à quoi je ressemble et la personne que je suis, s'est tout de même intéressé à moi, alors je suis sûre que beaucoup de gens ont un faible pour toi !"

Il glousse et regarde le sol avant d'admirer le soleil.

"Oui, mais comment je fais si la seule personne que j'aimerais voir s'intéresser à moi ne le fais pas ?"

Il inspire.

"Oublie ce que j'ai dit. Et sinon à quoi tu penses que tu ressembles ? Et quel genre de personne tu penses être ?"

Pas un exemple de beauté ; une catastrophe ambulante.

"- Ne change pas de sujet Denki ! Je ne demande pas à savoir qui est l'élu.e de ton coeur, mais la thérapie s'impose, mon ami !

- Je n'ai aucun moyen d'y échapper ? Même pas un petit billet ?

- Non, dis-je en riant, à moins que ce soit un sujet trop sensible.

- Ne t'en fais pas, mes histoires de coeur n'intéressent pas grand monde alors à la moindre occasion de m'épancher sur le sujet, je fonce !"

Je ris et tout au long de notre chemin nous discutons donc de la vie amoureuse de Denki. Pendant plus d'un quart d'heure notre conversation se compose essentiellement d'anecdotes drôles ou joyeuses. Et puis je me souviens qu'il a avoué à demi-mot tout à l'heure qu'il avait le béguin pour quelqu'un, alors j'essaie d'aborder le sujet à nouveau :

Dédale de pierre (FR ver.)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant