Chapitre II

30 9 6
                                    

Evan avait tant bien que mal trouvé le sommeil.  Assis sur son lit perdu dans ses pensées, il se demandait comment allait se passer sa journée, mais surtout son passage chez l’oracle. Les trois coups donnés à sa porte par son père firent revenir ses esprits.

—Tu es déjà réveillé ? questions son père.
—Oui je serai prêt dans dix minutes.

—Il faut qu’on soit parti avant huit heures.

—C’est noté.

Il se leva, fit sa toilette et revint dans sa chambre une serviette autour de la taille et une autre plus petite lui servant à essorer ses cheveux. Il sortit de sa garde de robe un costume noir et une chemise blanche. Du haut de son mètre soixante quinze, il se saisit du sac en coton noir qui reposait sur le même meuble.

Son cœur battait jusque dans ses tempes. Il suait malgré la douche froide qu’il venait de prendre. Il appréhendait sa journée, celle où il sera décidé de son adhésion ou non à l’ordre.

Il finit de se sécher, s’habilla et enfila des chaussures en cuir noir a lacets sur des chaussettes blanches. Autour de son cou, il nous une cravate rouge.

Une odeur fraîche de verveine citronnée se dégageait de sa chevelure et de son corps l'odeur boisée de son parfum. Il plaça une paire de lunettes de soleil sur ses yeux. Ses mains moites saisirent le cabas de coton qui contenait la toge à capuche que son père lui avait offert. Son portable et son porte monnaie dans la poche intérieure de sa veste, il sortit de la pièce en refermant derrière lui.

—Prêt fiston ? demanda son père qui sirotait son café en se retournant. Tu devrais mettre des costumes très souvent, ça te va bien, poursuivit-il.
La sensation de gorge nouée qu’il avait à cause du stress, l’empêchait d’être sarcastique. Il se contenta de lui donner un faux sourire en essayant en vain de dissiper la lourdeur qu’il ressentait dans sa poitrine.
Habillé pareil que lui, son père se leva de sa chaise de comptoir pour déposer sa tasse dans l’évier propre et sec, avant de se diriger vers lui. Il avait environ une demie dizaine de centimètres de plus que son fils. Il posa une main sur son épaule.

—Ça va bien se passer ne t’inquiètes pas. Si on part maintenant, on pourra arriver autour de cinq heures du soir. Ça nous laissera du temps pour nous préparer.

—Et si j’étais rejeté ? Et si…

—Calme-toi fiston. Tu verras que ça va aller. Tu as réservé la chambre sur place ?

—Oui je l’ai fait.

—Très bien. On va pouvoir se reposer un peu avant. La cérémonie commence à huit heures du soir.

Il refusa poliment le café que son père venait de lui offrir et il sortirent tous deux de la maison en passant chacun leurs sac noirs par-dessus leurs épaules.
De carrures un peu plus larges que les hanches, père et fils pourraient faire rêver plusieurs femmes avec leurs muscles modérément prononcés.
Ils prirent la route à bord d’un tout terrain aux vitres fumées.

Le temple s’étalait sur une centaine de mètres, abrité par la face cachée des mines de Tomboy au creux des rochers, dans la ville de Telluride.
Le paysage desert avec un peu de verdure et les tons gris et noir des rochers, faisait penser à une ville fantôme. Personne ne voudrait s’y aventurer seul.

L’entrée était dissimulée par de gros buissons et quelques rochers. L’intérieur de la grotte n’avait rien à voir avec l’extérieur. Le somptueux couloir qui menait à la grande salle était recouvert de plaques dorées qui reflétaient les mouvements des flammes des torches accrochées aux parois.
Leurs pas se succédaient en silence sur un tapis de velours pourpre. A environ deux mètres au-dessus de leurs têtes, des lustres de cristal reprenaient les couleurs or des alentours.

La cible Où les histoires vivent. Découvrez maintenant