56. La maison de Claude Monet

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Sept mois plus tard.

J'ai toujours rêvé de visiter la maison de Claude Monet, le célèbre peintre impressionniste. Les musées français m'ont tant inspiré pendant cette année. Celui-ci est particulier, il est émotionnel. J'en rêvais déjà lorsque j'étais en Corée. Enfin, le jour tant attendu est arrivé. Je me tiens devant la porte verte d'entrée de la demeure rose. Je suis ébahie face à la beauté du bâtiment, le cœur battant à tout rompre. Je suis projetée dans un espace-temps différent. Je scrute chaque détail avec un sourire d'enfant émerveillé.

La maison de Monet est entourée d'un jardin luxuriant qui me donne envie de peindre et de m'évader. Les fleurs colorées s'épanouissent, telles des pigments de peinture éclatants sur une toile. L'air est doux, chargé du parfum enivrant des roses et des tulipes. J'inspire profondément.

Tout à coup, une vague d'émotions m'envahit. Chaque émotion est plus nouvelle que les autres. Un frisson d'excitation parcourt mon échine, tandis qu'un sentiment d'admiration me submerge. C'est tant de sentiment que je n'ai jamais ressenti avant, mes yeux s'humidifient. Je me sens humaine.

Le souffle court, je fais mes premiers pas dans la maison. Les couleurs sont si vives qu'elles font battre mon cœur. De la salle à manger jaune, la cuisine bleu, le rose, le violet, les tableaux de toutes les couleurs... J'observe tout. Les œuvres de Monet semblent flotter dans l'air, créant une symphonie visuelle qui chatouille son âme d'artiste atmosphère qui fait vibrer toute mon âme. J'aurais aimé saisir ces instants éphémères avec mon propre pinceau, capturer cette harmonie si délicate entre la nature et l'art. Je me contente de mon carnet de dessin, griffonnant avec quelques croquis. Je me sens vivante. Les émotions qui me submergent est une véritable symphonie dans mon cœur, une explosion de couleurs et de sensations. Après un sept mois, j'ai enfin trouvé ma place, mon inspiration.

Mes yeux se posent sur un tableau qui représente la nature. Ce vert éclatant me rappelle le vert du Guatemala. Cela me débloque un souvenir qui me paralyse.

- Vous pleurez devant un tableau ?

La voix m'interpelle, un membre du personnel est juste près de moi. J'essuie mes larmes.

- Oui, il faut croire. Je me reconnecte avec mon humanité.

- Ah vous avez raison ! Quelle manière moyen que la peinture !

- Je suis d'accord.

- Vous êtes la deuxième personne que je vois dessiner aujourd'hui, c'est magnifique.

Il désigne mon dessin, mes yeux se posent sur ce que j'ai fait. J'en étais à peine consciente, mais me voilà au pied du mur et surtout de mes décisions. Je reconnaîtrai ces cheveux noirs entre mille, pareil pour ses courbes. Je les dessine au milieu d'un champ et des fleurs de toutes les couleurs. Sa tête est tournée vers la mienne, son visage reste flou, cependant je sais exactement quels sont ses traits.

Pourtant, il manque sur mon dessin la seule couleur qui peut le définir. Cette couleur a quitté ma vie depuis des mois, pourtant ma vie entière en manque. Je l'ai tué et poignardé, j'ai usé toute la couleur qu'il me restait.

- Est-ce quelqu'un que vous connaissiez ? reprend le vieux monsieur qui me sourit aimablement.

- Oui, je le connaissais.

- Vous avez l'air d'y être attachée.

- Je l'étais.

- Oh, je suis désolé. C'est toujours difficile de perdre un être cher.

Je souris tristement, je retiens un sanglot qui ne demande qu'à éclater. Si je me laisse aller, je vais pleurer et je me suis interdite de le faire. Je n'ai pas le droit, je suis coupable.

A Fleur de peau et de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant