39. Minata

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Ça y est, Ouadodji a été enterré.

Ça fait bizarre de le dire.

Je crois que j'ai tellement pleuré hier que maintenant je suis assèche. Tout le long de la cérémonie, je n'ai rien dit, je n'ai rien fait. Pas une seule larme. Mais mes yeux étaient bouffis, je le savais et je le sentais.

Quand j'avais aperçu la mère de mon ami, en larme, ça a accentué le sentiment de culpabilité que j'avais en moi. Malheureusement, à cause de ça, je n'ai pas eu la force d'aller lui parler.

À vrai dire, j'étais dans mon coin à observer les autres. Mes anciens camarades étaient venus, et parmi eux, il y avait Zana et Essi, même le proviseur de mon ancien école et sa femme, qui étaient les parents d'Essi.

J'entends les gens dire que Ouadodji était un garçon d'une bonté incroyable, qu'il était discret et serviable. Bref, tout ce qu'on peut dire de gentil sur quelqu'un.

Konan était même venu, à vrai dire c'était la seule personne de ma nouvelle école à être présente. Et pour être honnête, c'est compréhensible vu que c'est lui seul qui est au courant de cette histoire.

De retour à la maison, rien avait changé. J'étais ailleurs, mes yeux étaient tout petit et j'avais une affreuse migraine.

Mes parents ont décidé de ne pas ouvrir le restaurant aujourd'hui. Alors on était tous les trois dans le salon, en silence.

— Alors, on va l'avoir cette discussion ou pas. Dans tous les cas, on ne va pas laisser cette histoire. Commence ma mère.

— Keshia, ce n'est pas le bon moment. Intervient mon père.

— Ça sera quand alors ? Hier, elle a fait exprès de ne pas revenir à la maison avec nous. Elle est rentrée à vingt une heures et là aussi elle s'était enfermée dans sa chambre. Tu penses que tu peux fuir éternellement, Minata ?

— Arrête s'il te plaît, Keshia. Ta fille va mal, montre lui un peu de soutien au lieu de la gronder.

— Écoute-moi bien, Minata, tu n'es pas la première personne à perdre un être cher et tu ne seras sûrement pas la dernière, alors, arrête de faire cette tête et dis-moi la vérité ! AS-TU VRAIMENT TRICHÉ À TON EXAMEN ?

Je roule lentement les yeux vers la mère en affichant un sourire en coin.

— À ton avis, maman ? Combien de fois il faut que je le répète, s'ils ne me croient pas, eux, c'est leur problème. Mais apparemment, toi aussi tu n'es pas décidée à me croire, alors tu sais quoi ? Libre à toi. Je ne vais même pas me fatiguer à me justifier auprès de toi. Je ne m'attends pas à ce qu'une personne comme toi me croit sur parole. Qu'ils me renvoient définitivement, je m'en fiche...

Elle me mets d'abord une grosse claque avant de vraiment commencer à me frapper.

— C'est comme ça qu'on parle à sa mère ? Quelle insolence.

Pour être honnête, je ne sais même pas pourquoi elle réagit comme ça, j'ai même mesuré mes mots, mais apparemment, elle est plus susceptible que je ne le pensais.

Mon père s'approche de nous et éloigne ma mère de moi et lui hurle de se calmer.

— Tu vas bien, Minata ?

Je regarde ma mère, puis mon père. Je lui souris avant de me lever.

— Si seulement on s'en préoccupait réellement, papa…

Il n'ajoute rien et je décide de sortir.

Vu que j'ai du temps libre, je décide d'aller à la salle de Mbango.

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