Le bonheur éternel

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Dans le train, sur la banquette à mes côtés de moi, une fille avait oublié son carnet. Je le regardai, sans savoir que faire. Elle était partie en courant, le téléphone à la main. Je la voyait tous les jours. Et tous les jours, elle paraissait de plus en plus fatiguée.
Après une dernière hésitation, je m'en emparais et descendis précipitamment du train.
Tant pis si ça n'est pas le bon arrêt.
Je la cherchais du regard, mais ne la vis pas.
Soudain, quelqu'un me fonça dedans, et le carnet me glissa des mains, s'ouvrant sur la dernière page.

Je me baissai et fronçai les sourcils. Sans que je puisse m'en empêcher, je commençai à lire, et ce que je vis me frappa.

"Cher journal,

Chaque jours, c'est pire. Je me sens mal, et j'ai peur. Je ne sais pas combien de temps il me reste, mais c'est bientôt la fin.
La seule chose qui me donne le sourire, c'est de le voir. Lorsqu'il me regarde, je sens mon coeur fondre. Je me sens bien. Mais je n'arrive pas à m'approcher de lui. Je n'arrive pas à lui adresser la parole. Je crois qu'il s'appelle Noah. Oui c'est ça, Noah. Il est blond, et ses yeux sont du même bleu que la mer."

Je m'arrêtai net. Pourquoi étais-je dedans ?

Lorsque je relevai la tête, je la vis qui me regardait d'un air honteux.
Je refermai le carnet et la regardai à mon tour.

— Viens, lui dis-je en la conviant d'un signe de tête.

Elle s'approcha de moi, tête basse.

— Je suis désolée, je voulais pas... Je...

— Hé, je t'en veux pas. Dis, comment t'appelles-tu ?

— Maliyah...

— Maliyah. J'ai lu un peu et...

— Je sais. Et je m'en excuse. C'est juste... C'est que j'ai perdu mes parents, et que tu es la seule touche de lumière que j'aperçois dans ce monde. Je...

— Mais tu dis que tu ne sais pas combien de temps il te reste, mais que c'est bientôt la fin. Alors dis-moi, Maliyah, qu'est-ce qu'il y a ?

— Je..., commença-t-elle avant de soupirer. Depuis deux mois environ, je suis malade, et je sais que je ne pourrais pas guérir.

— Tu as...

— Je suis atteinte par le cancer des poumons, et j'en suis presque à la fin. Je suis finie, Noah. Mes parents m'ont abandonnée quand ils l'ont su. Depuis, je dois vivre seule.

— Viens avec moi, lui proposai-je sans réfléchir. Viens avec moi, et je te promet que tu seras heureuse jusqu'au bout.

Maliyah baissa la tête, puis la releva, une lueur d'espoir éclairant ses yeux verts.

— Tu es sûr ?

— Sûr. Mes parents seront heureux de t'accueillir, et moi de même.

Elle se précipita vers moi et fondit en larme. J'essayai de la réconforter tant bien que mal, mais moi même j'étais bouleversé par son histoire.

— Aller, viens, on rentre.

***

Un an plus tard...

Elle était partie. C'était fini.
Avant de s'en aller pour un monde meilleur, Maliyah m'avait remis une lettre.
Elle m'avait demandé d'attendre qu'elle ne soit plus là avant de la lire, et ce fut donc ce que je fis.

"Cher Noah,

Tu as été la plus belle chose qui me sois arrivée en ses 16 années de ma courte vie. Tu as réchauffé mon cœur, qui n'était plus qu'un glaçon. Tu as été mon Soleil, et tu as illuminé le chemin de ma vie. Pour cela, je t'en serais éternellement reconnaissante.
Sache qu'au moment où j'ai écris cette lettre, je sentais que c'était la fin. Ma fin. Mais j'avais le sourire. Tes parents ont été comme les miens. Ils ont été bien plus. En seulement une année, ils ont été plus que mes parents biologiques n'ont été en quinze ans.
Dis leurs, s'il te plait que je les aime, plus qu'ils ne peuvent l'imaginer.
Toi, tu as été mon ami, mon confident, mon frère. Je t'aime Noah. Je ne veux pas que tu sois triste. Mais je ne veux pas que tu m'oublies non plus. C'est pourquoi je t'ai laissé ce à quoi je tenait le plus. Ce qui nous a rapproché. Tu pourras le retrouver dans le premier tiroir de ma table de nuit.
Aller, je dois y aller. Cette lettre est assez courte, mais tu sais que mon amour pour vous et immense.

Signé,
Maliyah Lean.

Je regardai la lettre, les larmes aux yeux. Je me mis debout et me dirigeai droit vers la chambre de Maliyah.
Je m'asseyai sur son lit et ouvrit le tiroir de sa table de nuit.
Un sourire étira mes lèvres. Comme je l'avais pensé, Maliyah m'avait laissé son carnet.
Je le prit et le feuilletai, d'un air mélancolique.

Il y avait essentiellement des photos d'elle et d'une autre petite fille.
Lorsque j'arrivai vers la fin, je vis qu'elle avait continué d'écrire.
Sur les dernière pages, on me voyais avec elle, riant comme des fous. En dessous, elle avait noté "À notre éternelle amitié, par-delà la mort."

Elle avait été heureuse. Elle était partie heureuse. Et rien que cette pensée me rendis heureux à mon tour.

Fin.

Nouvelles à gogoWhere stories live. Discover now