Les chaînes du silence

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Tu es entré en moi

et dans les méandres

d'une pièce lugubre

Le son de ta voix

m'a ramené à moi

comme un seau d'eau jeté

à la face de la réalité


Le son de ta voix

Si grave, presque guttural

Un grognement sourd

Une piqûre de rappel

qui s'enfonce dans l'oubli

et laisse un point sanglant

sur la surface de mon épiderme


Tu m'as entravé

de chaînes, tout autour

de mon corps qui se débat

une danse inutile, une lutte vaine

car tu as déjà infesté mon cœur


Tu m'as réduit au silence

sans même utiliser de bâillon

Tu m'as ordonné d'être sage, de rester aussi beau

que la fois où tu m'as trouvé

rayonnant, solaire, dans une rue

dans une ville où je ne connaissais personne

et où personne ne me cherche pour toujours


Je suis la proie, le souvenir perdu

d'un après midi dans le monde réel

Tu es la vermine du monde-miroir

celui qui n'existe que pour ceux

qui ont franchi le pas, qui ont modelé la chair

des malheureux qui se trouvaient sur leur chemin

A moi, tu as donné la forme d'un petit oiseau

l'origami organique d'une victime consentante

dans tes délires, tes fantasmes de pouvoir


Les chaînes autour de mon corps sont plus serrées

Tu t'agites, tu entraves, et tu parles non pour meubler

mais pour t'assurer de ma dévotion, de ma fidélité

Je répond à voix basse, je me secoue, je pleure.

Si je résiste, ce n'est pourtant que pour te plaire

car ma vie fut vaine, autrefois turbulente, pitoyable

désormais contrainte par la noblesse des chaînes du silence

Ortolan (Version française)Where stories live. Discover now