Lya

117 24 36
                                    

Je sors en courant, mes larmes dévalent mes joues humides.
Anastasia est Pyrokinésiste.
Anastasia était Pyrokinésiste.
Mes pas me mène dans la forêt de la ville.
La maison a pris feu,Anna a flambé la maison.
Mes pensées tournoient dans un rythme effréné, incontrôlable tourbillon dont chaque souffle crée une fente dans mon cœur.
Maman, Mamam est morte.
Anastasia, il y a plus de 2 semaines , à de déclenché son Talent. Pyrokinésiste. Le talent interdit , le talent qui étais susceptible d'être dans notre famille, le talent qui nous a forcé à nous exiler.
Il y a 13 jours , elle a accidentellement déclenché un feu dans la maison.
Il y a 13 jours , la maison a flambé.
Il y a 13 jours , Maman est morte.
Je laisse ma tristesse s'évaporer légèrement en criant vers le ciel. Un hurlement désespéré.
Anastasia était à l'hôpital depuis l'incident.

"Votre sœur a inhalé trop de fumée, son état s'arrangera dans quelques jours"

Elle avait été plongée dans un coma artificiel pour éviter plusieurs problèmes. Au bout de 13 jours d'Enfer, elle s'est réveillée.
Elle a eu quelques secondes de lucidité.
Quelques paroles avant de s'effondrer.
Quelques mots avant de briser mon monde utopique.
Elle est morte. Elle est morte en m'annonçant qu'elle m'aimait. Comme dans un film , le moment final. Mais ma vie n'est pas un film.

Je m'arrête au centre d'une clairière. Et mes jambes me lâchent , tout mon corps s'effondre dans l'herbe humide. Mes sanglots m'empêchent de respirer régulièrement. Je me retourne sur le dos et fixe les étoiles.
— Mamam... souffle ai je
Un appel, qui se répercute dans la nuit noire.
Un cri que personne n'entendra , un cri de silence.
Je sors lentement mon téléphone de ma poche.
Lance l'appel puis , mon bras retombe dans l'herbe.
— TU ES OÙ ?!
— Qu'est-ce que t'en a à faire ?
— T'as pas répondu, tu es où ?!
— Dans la forêt. Toi non plus t'as pas répondu.
— On est amis non ?
— Peut-être...
— Ah.
Un moment de silence. Puis il lance :
— J'arrive.
— Quoi ?!
— J'arrive.
— Non c'est bon. S'il te plaît. Laisse moi seule.
— Pas question. Tu vas faire une connerie.
— Je suis plus une gosse !
— Ça change quelque chose ?
Il raccroche.
Je laisse ma tête retomber dans l'herbe.
Je calme ma respiration, décidée à me montrer forte.
Au bout de quelques minutes de silence, des pas précipités retentissent sur le sol.
Théo arrive. Je ne prends pas la peine de me relever.
— Ça va ?
— A ton avis ?!   Lance ai je sèchement
— Ouais. Tu veux pas te relever ?
— Nan.
Il s'assoit à côté de moi.
Je recommence à fixer le ciel.
Pourquoi est il là ?
Lentement, très lentement , j'accepte la pensée qui persistait dans mon esprit.
Je n'ai plus rien à faire ici. Dans ce monde. Puis je la formule à voix haute.
— Je rentre.
— Bonne idée. Tu vas dormir où ?
— Je rentre dans les Cités Perdues.
— Qu-quoi ?! C'est pas possible !
— Si.
— Mais tu peux pas. T'as pas le droit !
— Pourquoi ça ? Je fais ce que je veux.
— Et moi ?!
—Quoi , toi ?
— Ben je fais quoi.
— Tu reste ici sagement avec ta famille et tu me laisse faire ce dont j'ai envie.
Je me lève d'un coup , je faisant sursauter.
— Mais- attends au moins demain !
— Oui. Ne t'inquiète pas.
Je commence à marcher en le laissant derrière moi.
— Tu vas où ?!
— Nulle part. Je marche.
— Merci de cette info j'avais vu.
— Et toi ?
— Je te suis.
— Ah.
La discussion s'arrête. Je fais leviter des gouttes d'eau dans les airs.
Elles tourbillonnent autour de moi , ne laissant pas la possibilité à Théo de sa rapprocher.
Nouvelles pensées incessantes.
Je crie.
Il me regarde étonné mais ne dis rien.
— J'ai vraiment besoin d'être seule.  Dit je , presque en suppliant.
— Non.
Je le lancerai bien dans une course pour le semer mais l'envie ne m'en prend pas. Je n'ai pas le droit de sourire aujourd'hui. Ni demain et après demain. C'était Anastasia mon sourire, ma petite doudoune synthétique , mon cœur, ma sœur. Une larme perle sur ma joue , puis une autre , sans bruit.
Je vois bien que Théo hésite à parler , à me consoler. Mais il ne devrait pas être là , il ne devrait pas m'accompagner dans le deuil. Le deuil c'est personnel.
— Il est tard, nous devrions rentrer.
— Nous ?
— Tu ne va pas rester seule.
— Si. J'ai une tente qui a survécu à l'incendie.
— Mon père serait ravi de te rendre service.
Insiste il.
— Non. C'est bon.
Il soupire devant mon obstination.
— Je revient demain à 8h avec mon frère. T'as intérêt à être là.
— Je suis pas une gamine !
— Un peu si ? Dit il , espérant me redonner le sourire.
Je ne réponds pas et me dirige vers la maison. Après quelques minutes de marche, nous nous arrêtons devant ma maison.
Ce n'est pas beau à voir , la maison qui a accueilli toute mon enfance, qui a bercé tous mes souvenirs, effondrée, brûlée.
Mais je me dirige sans m'attarder vers la cabane à outils, au fond du jardin, ou l'on range le matériel de camping. Je me saisis de la tente et d'un sac de couchage puis annonce à Théo :
— Rentre chez toi , je sais monter une tente.
— Ok. Capitule il , sûrement fatigué
Je marche dans les rues désertes pour rejoindre la forêt ou je plante rapidement ma tente. Les bruits nocturnes me bercent , et , peu à peu , je m'endors dans un sommeil sans rêve.

GDCP, Une guerre à menerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant