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— Aria.

Je peux encore entendre l'euphorie des gens qui dansent plus bas, je me réveille sans vraiment que mon corps suive. J'ai l'impression que je suis dans un état de mi-sommeil, mais j'ai encore du mal à comprendre où je suis. Je m'étire dans des draps frais, qui sentent encore la lessive. Ça me rappelle toutes ces soirées, où je dormais sur les canapés, sous les manteaux des adultes, attendant patiemment que la fête se termine. Je divague dans mes pensées, les yeux fermés.

Une main se pose alors sur mon bras, me faisant légèrement sursauter et sortir de mon état presque végétatif.

- Aria, tout va bien ?

Je reconnais la voix douce de ma sœur, qui tente de me rassurer.

- Oui, j'ai juste mal à la tête, j'ai trop bu..

- Encore.. Bon tout le monde part quasiment, on va pouvoir se détendre et redevenir naturels, j'ai passé la soirée collée à Kylian. Ricane-t-elle.

Cette dernière phrase me pique, et me provoque une douleur au torse, évasive et brûlante.

- Tout le monde est tombé dans le panneau ? Dis-je en me relevant lentement dans le lit.

- On est allés jusqu'à s'embrasser devant eux, alors j'ose espérer que oui. Rigole-t-elle en haussant les sourcils.

Mon cœur tombe presque jusqu'à mes pieds, je ne sais pas pourquoi mais ça me rend triste. La douleur qui avait pris forme au creux de mon torse s'étend violemment dans tout mon corps. Elle dévale mes veines et dépose sur son chemin une traînée de doutes et d'angoisses.

Comme si j'étais égoïste, comme si je préférerais que cette soirée ne soit représentée que par cette discussion avec Kylian, où je me suis sentie complètement nue. Qu'il ne songe qu'à moi et qu'à ma vulnérabilité, que rien d'autre n'existe.

Je ne dis rien et me rallonge dans le lit, j'observe un peu autour de moi. J'étais certaine d'être dans un lit pour les invités mais je réalise rapidement que c'est la chambre de Kylian, et l'odeur musquée qui émane des coussins ne fait que confirmer mon hypothèse. Je me sens à la fois rassurée mais également déstabilisée.

Liz descend à nouveau, m'indiquant qu'elle va me préparer une tisane pour aller mieux. J'aquiesce sagement, tout en attrapant mon téléphone pour me changer les idées.

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— Kylian.

Liz descend les escaliers. Quasiment tout le monde est parti sauf Tchaga et Iris, et ça fait du bien un peu de silence. Malgré la fin de soirée qui s'est plutôt bien terminé, et que j'étais physiquement avec eux, j'ai l'impression d'être complètement ailleurs.

Je ne peux pas m'empêcher de penser à Aria, de penser à son visage plein de larmes, mais également à son rire et son sourire.

Et puis merde, cette façon qu'elle a eu de déposer sa tête contre mon torse, comme si elle laissait tomber toutes ses défenses. Je sais qu'elle n'était pas sobre mais je sais également qu'elle était sincère, je pouvais le voir au creux de ses iris, sentir que sa peau frémissait quand je la touchais. Ça ne peut pas être un hasard.

Liz m'indique qu'elle va chauffer de l'eau pour faire une tisane pour Aria, je la laisse faire, tout en discutant avec Tchaga, essayant de me reconcentrer sur l'instant présent.

- C'est pas trop lourd pour vous, tout ça ? Demande mon ami.

- J'ai l'impression d'être une actrice, c'est un peu drôle. Ajoute la blonde.

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- C'est vrai, c'est un peu bizarre mais bon..

- Aria va bien ? Lance Iris à Liz.

- Je pense oui, elle a encore trop bu, je sais plus quoi faire pour éviter ça. Je ne sais même pas d'où ça vient, cette manie de toujours finir ivre, ça me déprime. Je ne sais plus quoi faire.

- Peut-être que si tu essaies de lui demander pourquoi elle fait ça, ça préparera le terrain.

Liz se tourne vers moi, surprise par mon honnêteté.

- Je suis sa sœur, Kylian. Je la connais assez pour ça.

La blonde semble presque vexée par ma remarque.
Elle avance vers les escaliers une tasse à la main, je l'interpelle alors.

- Je vais monter la tasse, de toute façon je vais aller me chercher une veste.

- Merci. Ajoute-t-elle en me tendant la tasse chaude.

C'est pas vraiment moi qui ait parlé mais surtout mon envie de revoir Aria. De voir ce qu'elle dirait après notre câlin, enfin si elle va mieux tout simplement.

Je pousse la petite porte en bois, je la trouve encore sous les couvertures, allongée, regardant son téléphone. Quand elle croise mon regard, elle se redresse immédiatement, presque mal à l'aise.

- Je t'apporte un truc à boire. Ajouté-je, gêné également.

Elle me remercie d'un mouvement de tête, je pose la tasse sur ma table de chevet avant de m'assoir sur le lit. Elle a remonté ses genoux vers elle, comme pour se protéger. Je n'arrive pas à retrouver cette posture si confiante que j'arrive à maintenir habituellement. Je n'ai jamais eu aucun mal à sembler sûr de moi en présence des femmes. Mais Aria me perturbe, elle me fait perdre mes moyens, me fait tourner en rond dans mon esprit, cherchant désespérément un moyen de paraître bon. Je ne voulais pas que mes amis rencontrent les filles, j'avais peur, mais j'ai fini par me dire que je n'avais pas le choix. C'était trop étrange de lutter comme ça, devant un ennemi invisible et trop vif pour que je puisse l'attraper. C'était plus simple de laisser la vie s'en occuper, et surtout plus simple d'inviter les Gomez à une soirée chez moi, sécurisée et où j'aurais le contrôle sur tout.

Cela fait maintenant quelques dizaines de secondes que je me tiens près d'Aria sans rien dire. Elle fixe les couvertures sans oser affronter mon regard, elle finit enfin par briser le silence.

- Je suis désolée de m'être endormie sur toi.

Je ricane suite à sa déclaration, elle me donne alors une petite tape sur le bras, camouflant un sourire.

- Aie !

- Tu te moques. Rétorque-t-elle.

- Même pas.

À cet instant, j'ai envie de l'enlacer à nouveau, de la tenir contre moi, de parler avec elle toute la nuit. Et son regard n'arrange rien, il me fait faiblir.

- Je peux te poser une question ?

Aria vient interrompre mes pensées, elle semble perturbée et timide. Rien à voir avec la Aria détestable et froide que je connais.

- Oui, bien sûr.

- Est-ce que.. est-ce que tu.. quand tu embrasses Liz.. Finit-elle par dire. Est-ce que tu ressens quelque chose ?

Cette question a le don de me couper le souffle, je ne sais plus quoi dire ni quoi penser, j'ai l'impression qu'Aria est totalement à nue et que l'influence de l'alcool est encore trop présent.

HURRICANE - k. mbappeWhere stories live. Discover now