(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)
"Je préfère marcher avec un ami dans l'obscurité, que seule dans la lumière."
Helen Keller𝙰𝙲𝚃 𝟹.
🌰 𝚗 𝚘 𝚟 𝚎 𝚖 𝚋 𝚛 𝚎.
𝟤𝟣. 𝖯𝗋𝗈𝗆𝖾𝗌𝗌𝖾𝗌.
Cassie.
Callahan pousse la porte du restaurant albanais et me laisse entrer en passant devant lui.
Je suis aussitôt happée par l'atmosphère traditionnelle du lieu. Callahan referme la porte derrière lui, et une voix chaleureuse l'interpelle depuis la cuisine ouverte qui offre une vue sur les cuisiniers qui sont en train de faire flamber des grillades. :
— Callahan !?
J'ai plutôt entendu : « Tshallahan » mais je suppose que c'est l'accent albanais qui joue sur la prononciation de son nom.
Je regarde cet homme, vêtu de sa veste de chef blanche traditionnelle de cuisinier, qui s'essuie les mains avec un torchon de cuisine. Il fixe mon garde du corps avec un air aussi enchanté qu'étonné.
Le restaurateur se faufile dans sa cuisine pour en sortir, tandis que Callahan va à sa rencontre. Je fais quelques pas pour le suivre.
— Jorik, prononce joyeusement Callahan en tendant la main.
Le fameux Jorik arbore un large sourire et son accueil chaleureux se renforce lorsqu'ils s'échangent une poignée de main virile, et que leurs mains gauches se plaquent mutuellement contre leurs cœurs respectifs. Je remarque une chevalière portant le drapeau de l'Albanie sur la main de ce Jorik. Elle ressemble énormément à celle de Callahan.
Ils parlent albanais, Callahan, une main sur le bras de son interlocuteur, ne cache pas sa joie de discuter à ce restaurateur. À la nature de leur échange, je suppose donc qu'ils doivent très bien se connaître. Ils finissent même par se faire une accolade masculine.
Je me sens un peu rougir en le regardant parler sa langue.
En fait, je trouve sa voix beaucoup plus grave et rauque quand il la parle.
Je me mords l'intérieur de la bouche en regardant discrètement autour de moi.
La bonne odeur de pain, de grillade et d'herbes fraîches me prend les poumons. Mes yeux se perdent dans la salle. Je fuis un peu le regard des quelques clients qui sont déjà installés pour comptempler le décor. C'est très chaleureux et rustique. Les murs sont en bois et surtout ornés de décorations culturelles.
Des photographies historiques sur les murs, des coussins brodés sur les sièges, des drapeaux albanais...
Tout ça enveloppé dans un éclairage tamisé, le style est ancien et même si je ne connais rien de la culture albanaise, j'ai tout de suite cette sensation de la toucher du bout du doigt.
Je tourne enfin la tête en entendant la voix de Jorik parler en anglais :
— Et ça fait un bail que j'ai pas revu les garçons, Seiji, Neo, Wayne ? Qu'est-ce qu'ils deviennent ?
Une connexion se crée dans mon cerveau, je suis sûre et certaine que ce sont les amis de Callahan.
Je devine tout de suite à la sonorité japonaise que Seiji c'est Raven.
En me souvenant du surnom Winnie, je suppose donc que Wayne c'est Knight.
Et par déduction, il ne reste que Neo, qui doit être Blade.
Callahan avec un petit sourire en coin, rétorque sans lâcher la main de Jorik :
— C'est le taff, Jorik, ils ont plus le temps, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
Jorik laisse un rire franc lui échapper :
— T'en rates pas une pour être un petit insolent toi.
Callahan sourit à son tour, mais Jorik se tourne vers moi. Je sens mon visage devenir rouge et il prononce avec un mouvement de tête me désignant :
— T'es pas venu seul ?
Callahan, délie leur main. Et la seconde qui suit, il pose sa paume de façon presque possessive sur ma nuque. Un violent frisson descend dans mon ventre, je dois me faire violence pour m'assurer que mes émotions ne se dévoilent pas devant lui.
— Ouais... articule-t-il en baissant les yeux sur moi. C'est ma copine.
QUOI ?
Son assurance me sidère tellement qu'un petit son choqué m'échappe.
Mes yeux s'écarquillent, et je fixe Callahan, surprise et bouche bée.
Jorik éclate de rire :
— On dirait qu'elle n'a pas l'air d'être au courant, budall !
Callahan, rit et répliqué immédiatement :
— Oh, elle le sait très bien ! Mais tu sais comment c'est, ça prend du temps de réaliser à quel point c'est une chanceuse.
Il est malade !
Le rire de Jorik s'accompagne de celui de Callahan. Il lui pousse gentiment le bras avant de lui dire :
— A është shqiptare ?
— Jo, angleze, lui répond simplement Callahan en caressant doucement son pouce sur la peau de mon cou.
Je n'ai rien compris, et puis de toute façon, la sensation que j'ai ressentie dans mes jambes après son toucher m'a donné l'impression que mon cerveau n'était même plus connecté à la réalité.
Jorik lève les sourcils avant de laisser une expression d'acceptation sur son visage en me fixant toujours.
— Et comment elle s'appelle, la petite dame ?
Il s'adresse à toi, Cassie.
Je commence à stresser en cherchant mon prénom comme si je ne le connaissais pas mais avant même que je ne puisse formuler quoi que ce soit, Callahan intervient :
— T'as pas besoin de connaître son nom, Jorik, lui dit-il sur un ton légèrement taquin.
Malgré moi, je ne peux pas m'empêcher de souligner le sous-ton protecteur qu'il a employé en lui répondant... Et la pression accaparante qui s'est décuplée sur ma peau.
Pendant une seconde j'ai bien l'impression d'être son petit secret qu'il garde précieusement...
J'ai des frissons qui s'accumulent par vague le long de ma colonne vertébrale, et sa main chaude sur ma nuque n'arrange rien.
Ils échangent quelques mots en albanais, puis je sens une pression sur mon cou.
Callahan m'invite à suivre Jorik qui marche devant nous pour nous attribuer une table.