Chapitre 37

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Un mois est passé depuis le procès. Un mois que je vis enfin sereinement.

Depuis mon retour ici, je n'avais encore jamais ressenti ce bien être. Même si je m'étais enfuie pendant un an, que je pensais être passée à autre chose, je n'étais pas guérie entièrement. Je n'avais pas obtenu justice. Et maintenant, je l'ai.

J'ai même appris par la presse que le père de Julien avait été suspendu de ses fonctions, et avait été jugé par le tribunal de la police.

Mon affaire fut aussi diffusée dans le journal, et mes parents ont tout découvert. J'ai reçu de nombreux appels, de nombreux messages, sans y répondre. J'ai préféré les voir en vrai pour leur expliquer.

Ma mère a pleuré. Mon père a voulu aller refaire la façade de Julien. Mais par-dessus tout, j'ai vu dans leur regard qu'ils étaient déçus que je ne leur ai rien dit.

J'ai tenté de les rassurer, de leur expliquer, mais cette pointe de déception subsistait dans leurs yeux.

Ils sont désormais au courant de tout. De la raison de mon éloignement avec mes amis il y a plus d'un an. De pourquoi je suis partie si précipitamment à Londres.

Pendant longtemps, ils s'étaient demandé pourquoi j'avais changé du jour au lendemain. Maintenant, je n'ai plus de secret envers eux. À part peut-être le fait que je suis irrésistiblement attirée par mon sauveur.

Mon père voulait le rencontrer. Ma mère voulait l'inviter à diner pour le remercier. Dans les deux cas, j'ai refusé catégoriquement, en prétextant qu'il n'était pas disponible dû à des problèmes familiaux. Fort heureusement, ils ne m'ont pas posé plus de question. Je n'avais aucune envie qu'il soit en contact avec mes parents, ou pire, qu'ils les rencontrent.

J'ai aussi trouvé le courage de retourner à mon appartement. Par précaution, j'ai changé les serrures de la porte et des fenêtres.

On ne sait jamais.

J'ai quitté mon travail pour reprendre mes études. Tout ce que j'ai vécu m'a bien évidemment guidé pour des études en droit.

M. Whitters m'a impressionné lors du procès. J'ai eu envie d'aider d'autres personnes comme lui m'a aidé.

J'ai ainsi décidé de quitter mon travail au restaurant pour me consacrer pleinement à mes cours.

Même si ma vie semble parfaite en ce moment, j'ai passé ce dernier mois à éviter de penser à Adam. Refaire mon appartement m'a aidé.

Avant, ce lieu était simpliste et vide. Maintenant, la cuisine est rénovée en noir et blanc, le salon peint en bleu ciel avec son canapé quatre places, et ma chambre est parfaitement décorée. L'ambiance est beaucoup plus chaleureuse, et je me sens enfin chez moi. J'ai bien évidemment remplacé le cadre que Julien avait cassé, et l'ai placé sur ma commode. Cela me rappelle chaque jour que sans eux, je n'en serais pas là.

Adam ne fait plus partie de ma vie. Il a disparu de la surface de la terre depuis le procès. J'essaie de l'oublier comme je peux, mais il m'arrive parfois de voir dans mes rêves ses yeux bleues perçants ou ses mains sur mon corps.

Chaque fois que je passe devant le restaurant, je jette toujours un coup d'œil dans l'espoir de le voir. Chaque fois que je passe devant la petite ruelle où Julien m'avait agressé, je repense à la manière dont il m'avait protégé.

Ouais, je l'ai encore en tête.

***

Notre soirée hebdomadaire au bar s'achève tôt pour moi ce soir.

J'ai encore pas mal de révision et de choses à faire pour mes cours. Et j'ai un cours à 8h demain matin. Je n'ai pas envie de me relâcher dès le début.

Malgré le mois de septembre, il fait encore aussi chaud qu'en Juillet. Même le soir.

Vêtu d'un short en jean, et d'un petit débardeur noir en dentelle, j'ai l'impression de porter une tenue de ski. La chaleur est écrasante et humide.

Je jette un dernier regard en arrière et vois mes amis enchaînés les shots de vodka en rigolant. Je souris de les voir aussi heureux.

Dans mon chemin vers ma voiture, je bouscule un homme d'une cinquantaine d'année.

Satanée maladresse !

Cet homme est très séduisant et me fait penser vaguement à Adam. Les mêmes yeux, les mêmes pommettes, la même carrure imposante.

Je m'excuse et continue mon chemin, mais le regard de cet homme me fixe beaucoup trop longtemps. J'accélère légèrement le pas. Même si je ne crains plus rien par rapport à Julien, le monde n'est pas plus sûr pour autant.

Je saisis la poignée, mais ma main est rapidement recouverte par une large main rugueuse.

L'homme que j'ai bousculé m'empêche de monter dans ma voiture et continue de me fixer bizarrement.

- Je peux vous aider ? Demandais-je bêtement.

- Surement, répond-il d'un ton glacial. Je crois que vous connaissez mon fils. Je suis à sa recherche.

- Votre fils ?

- Son nom est Adam.

Un frisson me parcourt.

Adam m'avait prévenu que son père était sorti de prison. Cet homme a tué sa femme, et a battu son enfant pendant des années. Il est dangereux et je dois me tirer de là rapidement.

- Je ne l'ai pas vu depuis des semaines, dis-je froidement.

- Sais-tu où il est ?

- Je viens de vous dire que je ne l'ai pas vu depuis des semaines. Je ne sais pas où il est. Je vous prierai de me lâcher maintenant, dis-je sévèrement.

L'homme hésite, puis retire sa main en souriant.

- Si vous le voyez, prévenez-moi, dit-il en me tendant une carte avec un numéro de téléphone dessus.

Dès qu'il disparait, je m'empresse de monter dans ma voiture et démarre en trombe. Je saisis mon téléphone et appelle Adam. Je tombe sur la messagerie.

Évidemment.

- Écoute Adam. Même si je sais que tu ne veux plus me revoir, il va falloir que tu sortes du trou où tu te caches, et maintenant ! M'énervais-je. J'ai vu ton père à l'instant et il te recherche ! Je pense qu'il sait qui je suis. Donc ta pseudo disparition n'a servi à rien. Dépêche-toi de te ramener !

Je raccroche et jette mon téléphone sur le siège passager.

Pour une fois que ma vie semblait enfin calme, il fallait que cette histoire arrive.

Passionnément à toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant