Chapitre 2

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J'étais un bébé... et être un bébé, c'était de dormir, babiller, regarder autour de soi, se faire porter, être nourrit au sein... bref... une vie que je trouvais plutôt bien, j'avais de la chaleur, j'avais essayé de voir à quoi je ressemblais, mais aucun miroir ne se trouvait à la portée du regard du bébé que j'étais. Mes deux parents étaient des parents d'une vingtaine d'années, ma mère possédait des cheveux blonds ondulés blés et des yeux bleus clairs. Mon père avait des cheveux noirs corbeaux et des yeux verts. Il adorait revenir à la maison et venir me porter dans ses bras. Je n'avais jamais eu ça, quand j'étais dans ma vie passée. Beaucoup de choses changent... la décoration est simple, rustique ! Mes parents dorment avec moi, pour qu'on se réchauffent mutuellement. Mais tout cette petite vie quotidienne dont je m'étais habituée, finit par être brisé par l'apparition d'un homme aux cheveux grisonnant et aux vêtements luxueux. Je le remarquais et ce fût un long regard échangé entre moi et lui. Il fronça les sourcils et s'approcha avant que ma mère barre le chemin.
-" Père vous risquez de lui faire peur !" s'écria-t-elle. 
-" Tu ose... avoir un enfant avec ce bâtard ?! Ce gardien d'oies ?!" cracha-t-il avec mépris. Je tressaillis et étrangement mes émotions me submergèrent. Je me mis à pleurer. Intérieurement, j'avais envie de me cacher dans un trou de souris. Je sentis qu'on me cajolait et je me sentis rassurée. 
-" Père... c'est notre fille !  Regardez là... n'est-elle pas splendide ?" demanda la jeune femme, m'obligeant à faire face à ses yeux d'aigles qui me fixait. Je crûs qu'il allait vraiment se jeter sur moi, pour me dévorer !  
-" Oui... Comment ce nomme-t-elle ?" finit-il par demander, me regardant en détail, avec un air soupçonneux sur le visage. Je le foudroyais du regard, le laissant surprit. 
-" Eleanor..." répondit-elle, riant, en remarquant mon regard peu amical. 
-" Eleanor... voici ton grand-père !" me dit-elle. Ah comme si je ne savais pas ! Je n'étais pas ravie ! Je me détournais, comme pour montrer que je n'étais pas ravie de le voir. 
-" Mais tu aurais dû avoir un fils plutôt qu'une fille... comment vas-tu faire plus tard ?" demanda mon fameux grand-père, me faisant grincer des dents. 
-" Peu importe... Elle saura, elle aussi manier l'épée, comme moi ! Et puis Celedan... est très heureux... de l'avoir... Je ne veux pas d'autres enfants... c'était dur de lui donner naissance..." dit-elle, me laissant surprise. Je serrais de mes petites mains sa cape, comme pour la réconforter. 
-" Tss..." grogna l'homme. 
-" Père... relâchez - le je vous prie !" 
-" Hum... je n'en sais rien !  Ce gardien d'oies... ne mérite pas de t'avoir comme épouse !  Tu mérite de te marier avec un prince... mais pas un paysan !" fit-il avant de sortir, je découvrit la campagne, quand elle sortit avec moi dans ses bras. Et je vis en effet, qu'il était retenu à genoux au sol, des lances étaient pointées vers lui. 
-" Père... je sais que vous ne voulez que mon bonheur, mais je suis heureuse avec lui !  Il est mon unique amour !" dit-elle avec fermeté. Comme pour donner mon avis, je me mis a protester dans des bruits affreux. 
-" Vous voyez... même Eleanor... proteste ! Elle veut son père !" . Ma mère me comprenait, malgré que je ne sache pas encore parlé ! Bon sang... Il finit par être relâché, mais retenu par l'homme, qui lui glissa quelques mots, le faisant froncer sourcils avant qu'il s'avance, pour serrer ma mère et moi avec douceur. 
-" Je reviendrais !" lança le vieux que je n'aimais pas. Il me jeta un nouveau regard et déclara. 
-" Elle a un regard déjà bien éveillé pour un bébé... je me demande comment elle sera plus grande !" et il disparut avec ses gardes. Je ne sais pas si le soupir qu'on eut en même temps moi et ma mère... était soulagée, mais  elle se détendit. 
-" Rentrons ! Tu vas attraper froid !"
-" Oui !  je vais préparer de quoi manger !" lança mon père. 
-" Tu l'aurais vu... elle lui a lancé un regard mauvais ! C'était tellement drôle !" dit-elle, riant. Le couple rit. 
-" C'est vrai que notre princesse est déjà bien éveillée et c'est merveilleux ! ça veut dire qu'elle sera intelligente et forte n'est-ce pas ma chérie ?" me demanda mon père, se penchant pour caresser ma joue avec douceur. Ce regard remplit d'amour, m'étonna. Ils m'aimaient ?  Je souris intérieurement. Pourrais-je avoir ce bonheur pour toujours ?  Je m'endormis après avoir mangée et surtout après m'être fait langé.  Vivement que je grandisse... quand même !  

Les beaux jours, étaient de plus en plus ensoleillés, que ma mère me laissait dans un berceau dehors pour que je regarde le paysage.  Il faisait beau... et quand il faisait chaud, elle me mettait à l'ombre du porche. Je pouvais voir les montagnes, la forêt, les collines avoisinantes... et le village au loin. J'entendais le chant des oiseaux, et les beaux papillons voler dans l'herbe verte et douce. Mais un jour, alors que ma mère à l'intérieur faisait le ménage, j'entendis un grondement. je tournais la tête, pour voir une masse sombre s'avancer, énorme, et surtout des babines retroussées, avec de la bave sombre qui tombait gouttes à gouttes. Je me figeais, en voyant les yeux jaunes, et le poil noir. Il finit par s'approcher, surpassant le berceau, pour venir me flairer et laisser la bouche s'ouvrir, je finis par pousser un hurlement qui alerta ma mère qui bondit sur le sorte de loup au museau large.  Je la vis tenir une épée et la faire siffler. Le loup gronda et sauta sur elle. Je poussais un cri, mais j'étais incapable de bouger. Incapable de l'aider.  Mon corps refusait de bouger.  "Non !! Maman !! " Hurlais-je. Le bruit de lutte et soudain, un sifflement et un couinement avant le loup s'effondre au sol.  
-" Illia !!" hurla la voix de mon père. Il bondit vers sa femme, et la serra.
-" Prends soin de mon bébé..." entendis-je. Non ! non ! Je me mis à pleurer, tentant de bouger pour mieux voir. J'entendis l'appel déchirant de mon père, mais je compris... qu'elle était décédée. Le choc... violent que j'eus, me laissa immobile. Je ne criais plus, je ne pleurais pas. Mes actions dépendaient... de la vie que je mènerais ? Mais... je n'avais rien fait... Aurais-je dû me laisser tuer par ce loup ?  Je sentis ma vue s'obscurcir et je m'endormis. 

La fièvre était là, j'avais trop chaud et je refusais d'ouvrir les yeux.  L'appel de mon père et enfin, je sentis qu'il me prenait dans ses bras avant de marcher. J'entendis le piaffement d'un cheval et la sensation d'être bercée. Je me laissais sombrer à nouveau. 
-" Je ne comprends pas... depuis... sa mort... elle... elle ne se réveille pas... elle est léthargique..." glissa la voix brisée et inquiète de mon père. 
-" Ne t'inquiète pas Celedan... Je vais m'en occuper... on va la stimuler..." glissa une voix féminine. Je sentis mon corps serrer dans des bras plutôt fins, et une douce voix chantonner une petite chanson. Je finis par ouvrir les yeux, pour voir le visage d'une femme blonde. Mais ce n'était pas ma mère.  
-" Tu dois manger petite Eleanor..." murmura-t-elle, m'offrant le sein. Je finis par accepter de manger.  J'étais dévastée. Ma mère... était morte, sans que je puisse faire quoi que ce soit... cette nouvelle vie commençait mal !  Je finis par m'endormir après qu'elle m'est changée et déposée dans un berceau à côté d'un autre nourrisson. le temps qui passa, me permis de me rendre compte, que j'étais chez quelqu'un d'autre et que la femme qui s'occupait de moi, avait déjà deux enfants. Un bébé un peu plus grand, des cheveux noirs et des yeux marrons, un peu envahissant, et une petite fille qui s'approchait souvent du berceau que je partageais, pour me regarder. 
-" Elle est mignonne maman !" dit-elle, tendant un doigt vers moi, que je saisissais, un réaction d'un vrai bébé. 
-" Oui !  En plus avec Bain... ils s'entendent bien !" lança la femme. Je me sentis soulever et porter par la petite fille. 
-" Ne t'inquiètent pas, tu es là, jusqu'à ce que ton père revienne !  Il a besoin de temps !" me dit-elle, ne sachant pas que je comprenais ce qu'ils se disaient. Un homme entra, des cheveux mi-longs, des traits sévères mais paisibles. 
-" Sigrid ! Doucement avec elle ! Elle est fragile !  Elle a été blessée par un Warg ! Et encore heureux qu'elle est survécu !" dit-il accrochant son manteau pour embrasser la femme qui sourit. 
-" Oui papa !  D'ailleurs je crois que Bain fait lui aussi attention à elle !" déclara la petite fille. 
-" C'est un bébé d'un an... et elle n'a pas encore six mois..." . Le père secoua la tête et alla se changer. Je restais donc dans ses bras avant que la petite fille me repose dans le berceau, où le fameux Bain, me regarda et me toucha. Il me tripotait les joues, ce qui m'agaçais fortement. Si j'avais été plus grand, je lui aurais mis une claque sur les mains. 
-" Celedan... est revenu ?" demanda la femme. 
-" Non... C'est ce qui m'inquiète ! J'ai bien peur qu'il soit repartit vers leurs maisons... pour rendre le corps de sa femme à son beau-père !". Un léger son horrifié sortit de ses lèvres. 
-" Si il revient... il risque... "
-" Oui... le père d'Illia... adorait sa fille... je crains qu'il ne survive pas !" murmura l'homme. 
-" Bard... si c'est le cas... on ne pourra pas la donner à une autre famille... il y a eu qu'une naissance... et la mère est décédée... de froid !" déclara la femme. Il s'approcha du berceau où nous étions et poussa un soupir. 
-" Je sais ce que tu veux dire ! Mais... on a Bain... et Sigrid..."
-" Un troisième enfant... n'est pas plus mal ! Je ne vois personne l'allaiter... j'ai encore du lait... donc je peux m'occuper d'elle !" protesta la femme. Mon avenir était presque entre leurs mains. 
-" Je m'occuperais de Bain si tu veux maman !  Je lui ferais prendre le bain, je le changerais... je le nourrirais !" lança la petite fille. Elle avait a peu près huit ans... Comment allait-elle faire ?" 
-" Sigrid... ce qui importe est que tu apprenne à lire et à écrire... et ensuite on verra ! Tu es trop petite pour prendre part à notre conversation !" gronda l'homme sévèrement. Je me raidis. 
-" mais... papa... je..."
-" ça suffit Sigrid !" le coupa-t-il froidement. Elle se tût. Je poussais un soupir, trop bruyant, parce qu'il l'entendit et me regarda, en levant un sourcil. 
-" hum... voilà qu'un bébé soupire... je me souviens bien que Celedan... m'avait dit qu'elle était très éveillée... mais de là... à presque comprendre ce qu'on dit..." observa-t-il, gardant un soupçon dans la voix. 
-" Allons Bard ! Elle a juste soupirée... Elle doit s'ennuyer... Sigrid tu trouvera dans ma table de chevet un jouet en paille, pour elle !  Apporte - le lui !" demanda la mère. 
-" Qu'est-ce qu'on fait ? Tu risque de ne pas être tout le temps présente..." dit-il, sachant d'ors et déjà que la décision était prise.  Je le savais. Une nouvelle famille... Elle se mit à rire et se pencha pour déposer un baiser sur la tempe de son mari. 
-" Et bien tu n'as qu'à la prendre avec toi quand tu va ramasser les tonneaux !" lança-t-elle amusée. Il fit la moue. 
-" Mais je ne saurais... pas gérer si elle a faim !" protesta-t-il. 
-" Et puis... les couches non plus..."
-" Je vais t'apprendre !". Je me mis à rire, me recevant un regard foudroyant de sa part. 
-" Dis donc toi petite chose !  Tu ose te moquer de moi !"
-" je pense qu'elle est heureuse... de voir que tu vas participer à son épanouissement !" répliqua la femme qui prit le jouet en paille tendu par Sigrid et me tendit. Je le pris. Un jouet... c'était quelque chose de merveilleux ! je le tripotais, essayant de faire craquer la paille à l'intérieur du tissu. Bain, se réveilla et tenta d'attraper mon jouet me faisant protester.  C'est à moi ! Bas les pattes le bébé pot-de-colle !  

Ce fût ainsi que ma nouvelle vie changea, malgré que je me demandais toujours... si mon père allait revenir... Les souvenirs de jours de bonheur, des chansons de ma mère et de ses bras me manquait. Parfois je pleurais, essayant pourtant de contrôler mes émotions. Bard m'emmenait avec lui dans son bateau, me disant d'être discrète car sinon les elfes allaient venir me manger ! J'étais silencieuse la plupart du temps. Il s'occupait de moi avec attention, malgré ses protestations et ses remarques a peine cachés dans sa barbe. parfois on se foudroyait du regard, le rendant encore plus grognon, avant qu'il finisse par rire. Un jour, il sortit un beau poisson qu'il me montra. 
-" Tu le veux ?" demanda-t-il, le secouant au dessus de moi. Non mais je ne suis pas un chat !!! je tendis les mains et il le déposa. Il n'était pas gros, mais il sentait fort.  Plissant un peu du nez, je touchais de mes doigts ses écailles lisses et douces avant qu'il se mette à remuer, me faisant peur. Je poussais un cri quand je me reçut la queue dans la figure.  Il récupéra le poisson et le jeta dans l'eau, riant. 
-" Regarde toi ! Ha ha ! Ce n'est qu'un poisson !" il se moquait de moi. Il pencha sa tête et je lui envoyait ma main dans sa joue, le laissant choqué par mon geste. Et ce fût des chatouilles que je me reçut en punition. Je me mis à rire et babiller, de protestation. Quand il s'arrêta, je le sentis devenir raide. 
-" Oh non... pas eux..." murmura-t-il. Il me mit dans son bateau et rangea les derniers tonneaux avec une dextérité et une rapidité que je n'avais jamais vu, avant de pousser son embarcation loin de la terre. Posé sur le tonneau, je vis une silhouette apparaitre dans l'ombre des arbres, me faisant plisser des yeux. On rentra et quand ma nouvelle mère arriva pour me serrer dans ses bras et me donner le sein, elle fronça du nez. 
-" Bon sang elle sent le poisson !" s'écria-t-elle. Bard fier comme un gamin, lui raconta sa bêtise, se faisant gronder par sa propre femme. Je ne remarquais pas que je souriais. Bien fait pour lui ! 
La soirée se conclut de rires, et surtout d'une joie qui pour une fois... me rendis plus détendue. 

Bleu AzurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant