Chapitre 39

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Pdv Maya

Trois longs mois venaient de s'écouler, Alec et moi entretenions une relation sexuelle assez active. Loin de moi l'envie de me plaindre, bien au contraire, mais malheureusement je sentais que cette relation n'évoluait pas, du moins pas comme elle devrait. J'étais toujours l'option dont il pouvait se passer à tout moment.Je soupirai en marchant, un plateau à la main, en direction d'une table sur laquelle se trouvait un jeune couple. L'homme nous avait demandé de dissimuler une bague dans le verre de champagne de sa compagne. Je trouvais ça un peu cliché, mais tout de même adorable. Je les servis puis retournai jusqu'à un coin de la salle pour observer la scène au premier rang.

Tout se passa comme prévu. En vidant sa coupe, la jeune femme aperçut la bague au fond de la flûte et ouvrit grand les yeux, surprise. Elle ne faisait aucun semblant, elle ne s'y attendait pas. L'homme se leva, fit le tour de la table, la fit se lever à son tour et posa un genou au sol. Il brandit la bague devant la jeune femme qui l'observait, émue, une main plaquée sur les lèvres. Il fit sa demande et, les larmes aux yeux, elle lui dit oui.

Ils s'embrassèrent sous les applaudissements des autres clients et du personnel. Je me surpris en train de sourire en les fixant légèrement envieuse. Aurai-je moi aussi droit à cela ? Alec... Je secouai la tête de chaque côté, non, ce n'était définitivement pas son genre. Pourtant, j'aurais vraiment... Non, Maya, tu l'as pour le moment, alors sois-en satisfaite.

Mon amant était en voyage depuis trois jours et y sera pendant une semaine, et pour moi, c'était comme s'il avait été parti une éternité loin de moi. Il m'appelait chaque matin et chaque soir, sans doute pour vérifier si j'étais encore en vie. Il n'est pas très bavard, alors nos conversations ne durent pas des heures.

Il a également demandé à son ami et frère de veiller sur moi. Ce dernier propose de me ramener chaque soir, mais je décline. Je n'ai pas besoin d'être surveillée comme si j'étais une enfant, ou que je risquais de faire des bêtises. J'étais fidèle à Alec, je n'avais d'yeux que pour lui.Je sais qu'il n'aurait jamais pensé une seconde que je puisse le trahir.

Suite à une longue journée de travail, je rentre enfin à la maison. Mia me manque. Je n'ai qu'une envie : me débarrasser de ses talons et de ce chignon strict, et entrer sous la douche chaude.
Une fois à l'extérieur, je suis dégoûtée car il pleut des cordes et je ne veux pas faire demi-tour pour prendre un parapluie. Je soupire en regrettant l'offre d'Alicia et Ethan de me raccompagner.

- Quand il faut y aller, il faut y aller, je dis pour m'encourager. Je serre mon sac contre ma poitrine et je me mets à courir. C'est stupide, c'est vraiment stupide et je sais que je vais le regretter, mais il est déjà trop tard.





Deux jours plus tard.

Après ma tentative de suicide il y a deux jours, j'ai finalement attrapé un gros rhume qui m'a cloué au lit. Moi qui ne tombe jamais malade, je soupire. J'ai demandé un arrêt maladie et Pedro n'a pas arrêté d'insister pour m'emmener à l'hôpital, mais j'ai refusé. Ce n'était qu'un rhume, ce n'était pas la peine d'en faire toute une histoire pour si peu.Ce dernier m'a fortement réprimandée, me traitant d'inconsciente lorsqu'il est passé me voir hier. Je lui ai demandé, voire supplié de ne rien dire à Alec et il ne m'a rien dit. J'espère sincèrement qu'il gardera cela pour lui, sinon...

- Maya, je ne trouve pas mes chaussures blanches, hurle Mia.
Je me lève du canapé où j'étais enroulée depuis ce matin. Couverte d'une épaisse couverture en laine, d'un pyjama en coton, de chaussettes et de gants, j'étais consciente de ne pas avoir de style en ce moment, mais j'avais horriblement froid. Je me mets à tousser.

- As-tu regardé dans la chambre d'Alicia, mon cœur ? dis-je en me levant du canapé.

- Oui ! Elles ne sont nulle part.

- Tu pourrais mettre d'autres chaussures pour aujourd'hui trésor et je resterai à les chercher d'accord ! Elle fit la moue avant d'accepter.

- D'accord ! La sonnerie retentit aussitôt.

- Va chercher ton sac Mia, tonton Ethan est déjà là. Elle courut jusqu'à la chambre pendant que j'allais ouvrir.

- Bonjour Maya ! me dit Ethan en entrant. Tu as une sale tête. Il n'avait pas tort. Tu devrais aller voir un médecin.

- Ce n'est pas la peine, c'est juste un rhume, ça va passer.

- Dis plutôt que tu as peur des hôpitaux.

- Merci de déposer Mia à l'école. Je ne suis pas en mesure de sortir d'ici.

- Je t'en prie, Maya, nous sommes une famille. Je lui souris. De plus, j'adore cette petite.

- Comment va Ali ?

- Bien. C'est de moi dont tu devrais t'inquiéter. Je ris en comprenant son sous-entendu : Alicia lui avait fait vivre un enfer depuis qu'elle était enceinte.

- C'est bon, je suis prête ! Bonjour tonton Ethan. Elle se jeta dans ses bras.

- Eh poussin ! Il la prit dans ses bras.

- Je ne suis pas un poussin, c'est le bébé qui est le poussin.

- Tu as raison, dit-il. Toi, tu es une crevette, ajouta-t-il en tapotant son nez du bout de son doigt. Cette dernière fit une grimace. Bon, on va y aller, lâcha-t-il en faisant descendre ma petite sœur.

- Au-revoir Maya, me dit-elle en agitant la main.

- Quoi ? Tu ne me fais pas un câlin ? proposai-je.

- Pour que je tombe aussi malade ? Elle me scrute de haut en bas. Non merci. Ethan éclate de rire en haussant les épaules. Je fais la moue. À ce soir.

- À ce soir, crevette.

Ils s'en vont et je me retrouve à nouveau seule. Je m'allonge sur le canapé. J'ai besoin de sommeil, et seulement de sommeil.


Des heures plus tard, ma situation ne s'était pas améliorée. J'étais de plus en plus brûlante, je toussais de plus en plus fort et j'avais l'impression d'être en Sibérie, vêtu uniquement d'un maillot de bain, tellement j'avais froid. Sans compter que le fait de tousser me procurait une vive douleur à la poitrine. Je n'ai tout de même pas attrapé une pneumonie.

Alors c'est comme ça que je vais mourir à seulement 23 ans, sans enfants, sans avoir réalisé un seul rêve, sans présenter notre famille à Mia, sans voir le bébé d'Alicia. Au moins je peux partir en paix, la dette a été épongée, Mia pourra faire sa vie, Alicia et Ethan prendront soin d'elle. Papa, maman, je viens vous rejoindre. Je n'ai pas de regrets  sauf...

– Alec ! Je murmurais entre deux souffles, puis sentis mes paupières se refermer lentement. J'allais sombrer dans le néant quand la sonnerie retentit. J'ouvris les yeux. Elle sonna à nouveau après un moment de silence. Je fis appel à toute la force de mon âme pour me lever et me diriger jusqu'à la porte, non sans manquer de trébucher au passage.

- J'arrive ! Je dis d'une voix faible lorsque la sonnerie se faisait insistante. J'arrive ! Je dis à nouveau. Une fois devant celle-ci, je l'ouvris. Sourcils froncés et mâchoires serrées, il se tenait devant moi, je vis les flammes de la colère danser dans ses yeux. Alec ! Fut le dernier mot que je dis avant de sombrer.










Voilà pour ce chapitre

Merci

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