Chapitre 20 - Vena

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Aïe. J'ai tellement mal partout. Ce n'est pas comme lorsque j'ai traversé le portail... J'ai l'impression qu'un millier d'aiguilles me transpercent de toutes parts. C'est la pire sensation que j'aie jamais ressentie de toute ma vie. Le jour où je pensais que mon bras avait été plongé dans de l'acide me paraît comme mon meilleur rêve comparé à ce que je suis en train de vivre. Malgré tout, aucun son ne parvient à sortir de ma bouche. 

Peut-être est-ce parce que je me sens calme et que mon cerveau me dit que je ne suis pas en danger ? Mais pourquoi donc ? Je suis sûrement en train de mourir. J'aurais envie de dire que je n'ai aucun regret, mais ce serait mentir. J'ai envie de voir Jax. Il me manque tellement. Je m'en veux de lui avoir crié dessus... Et je dois encore aider mes nouveaux amis à rentrer chez eux. 

J'entends des cris. Lointains, mais qui se rapprochent rapidement. Comme pour moi tout à l'heure, quand j'ai eu l'impression de tomber avant de m'arrêter brutalement en l'air, sans toucher le sol, comme si j'étais allongée dans un lit. Les cris finissent par s'arrêter pour laisser place à des voix paniquées. J'entends même des personnes pleurer. Ils en ont le droit, c'est totalement justifié. Pour ma part, j'ai arrêté de pleurer quand j'ai compris que ça ne résoudrait pas mes problèmes. Même s'il m'en a fallu du temps...

- Eh petite, tu es là depuis longtemps ? Qu'est-ce qui nous arrive ?

J'ouvre la bouche, mais toujours aucun son qui n'en sort. Étrange. J'essaie de bouger, mais je n'ai que plus mal. Je pense que je vais donc rester immobile pour l'instant.

- Eh, tu m'entends ? Ah, tu ne peux pas parler. Mais qu'est-ce que c'est que cette dinguerie ? Je n'ai pas demandé à mourir. Je suis peut-être au Paradis.

Je dirais en enfer perso. Les aiguilles commencent à se retirer. Ahhhhh ! Ça fait un mal de chien ! Mais ça me soulage une fois qu'elles sont retirées et je tombe par terre. Si je peux appeler ça un sol. Finalement, je n'étais pas au-dessus du vide. Est-ce que je peux enfin parler ?

- Monsieur ? je demande.

Du son sort enfin de ma bouche, mais personne ne me répond. Pourquoi donc ? Il me semblait pourtant juste à côté de moi. Et je sens toujours sa présence. Ce n'est vraiment pas pratique d'être aveugle !

- Monsieur, vous êtes là ? je redemande.

- Tu... Tu es... Une vam... Une vampire ! crie-t-il.

Sauf que quand il crie, le son me revient amplifié et résonne dans ma tête. Je me bouche les oreilles sous cette sensation très désagréable.

- Je ne vous veux pas de mal, je dis.

- Comment ? La magie n'existe pas ! Vous non plus ! Ce doit être un rêve. Oui, je suis en train de dormir et je vais me réveiller !

Le son me revient toujours distordu. Ce n'est pas normal, rien n'est normal. Je sais que la personne en face de moi ne parle pas fort, mais mes oreilles sont de plus en plus sensibles.

- Pourtant, je suis devant vous en ce moment même, je m'exclame. Et généralement, un rêve n'est pas aussi réel.

Heureusement que quand je parle, ça ne me fait pas le même effet. Nous restons tous les deux silencieux pendant quelques minutes. Jusqu'à ce que la personne qui me parlait se mette à crier de douleur. Ahhhhh ! J'ai l'impression que mes tympans, ainsi que ma tête, vont exploser. La douleur est insoutenable ! Enfin ! Il n'y a plus aucun cri. Je me mets immédiatement à regretter mes pensées. Quand il n'y a plus de bruit, ce n'est pas normal. 

Tiens ? Il y a une odeur alléchante dans l'air, mais je n'arrive pas à déterminer quoi... Je me déplace vers cette odeur. En plus, je n'ai pas mangé ce matin, donc ça tombe bien, je commençais à avoir faim. Je m'accroupis et cherche à tâtons. Soudain, mes mains rencontrent un liquide chaud. Je porte mes mains d'abord à mon nez, puis à ma bouche et goutte le liquide. Il a un goût familier… En tout cas, c'est délicieux. Je viens de me rappeler ! C'est du sang ! Mais il est différent de celui que je prends d'habitude. 

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