L'esclave du viking

Chapitre 15

Freya redoutait son annonce autant qu'elle avait redouté la mort au moment où celle-ci l'avait presque frappée. Le géant avait l'air d'hésiter à le lui dire. Son cœur rata plusieurs battements et plus il enfonçait sa paire d'yeux impitoyable dans la sienne plus Freya craignait qu'il révèle cette décision.

Elle avait passé la plupart de sa jeunesse à fuir les hommes et bien plus d'un l'avait demandé en mariage.

Freya avait toujours refusé parce qu'elle avait toujours pensé que ces hommes étaient uniquement intéressés par sa beauté et non pour ce qu'il y a au plus profond de son cœur.

Arkin n'avait pas arrangé les choses en lui expliquant sans cesse que sa beauté était un malheur pour elle plutôt qu'une chance.

" - Méfie-toi Freya ! Méfie-toi des hommes car ce qu'ils veulent ce n'est pas ton cœur "

Freya déglutit en se souvenant de ces paroles qui lui donnaient l'impression d'être du bétail.

- Vous ne pouvez pas être mon esclave, lâcha-t-il enfin.

Cette déclaration lui fit l'effet d'un coup de poignard en plein cœur. Son ventre se serra d'une angoisse ingérable. S'il ne voulait plus d'elle comme esclave cela voulait dire qu'il se préparait à la donner à l'un de ses hommes.

À cette simple pensée elle crut étouffer. Pour un raison qui lui échappait et qui n'était pas sans la terrifier, Freya ne voulait pas appartenir à un autre que lui.

Sans doute parce qu'il ne lui avait fait aucun mal, même si après ce baiser qu'il lui avait volé avec violence il s'était montré brutal dans sa manière de lui parler tout en l'ignorant.

Cet homme aussi sanglant soit-il ne lui avait pas fait de mal, mais pouvait-elle en dire autant des autres guerriers ?

Non.

Le visage blême, le sang glacé, elle voulut le supplier, mais ignorait comment s'y prendre sans dépasser les limites.

Est-ce qu'il détestait les femmes ? Était-ce la raison pour laquelle il ne l'avait toujours pas prise de gré ou de force ?

Était-ce une stratégie sournoise de sa part ? Allait-il du jour au lendemain se montrer si violent qu'elle en viendrait à regretter ce qu'elle s'apprêtait à faire ?

- Je vous en prie, s'entendit-elle murmurer dans un souffle à peine perceptible. Ne faites pas ça je vous en supplie.

Le viking fronça des sourcils et elle finit par baisser les yeux parce qu'elle refusait d'entendre la sentence.

- Je vous en prie quoi ? Qu'est-ce que je ne dois pas faire ?

Sa voix de gorge la fit frémir et elle en fut bouleversée. Ses pensées se perdaient dans un tumulte sans précédent. Elle était prête à le supplier à genoux tant elle sentait le désespoir s'emparer d'elle.

- Allons réponds ! S'impatienta le Jarl.

Freya se laissa tomber sur le sol, à genoux, les mains sur le visage. La cape en laine qu'elle portait tomba de ses épaules.

- Ne me vendez pas un autre, ne me donnez pas à l'un de vos hommes par pitié, dit-elle d'une voix étouffée par ses mains.

Il resta silencieux et ce silence lui arracha un hoquet d'horreur qu'elle ne put réprimer.

Enfin elle sentit des mains fortes attraper ses poignets pour la forcer à les écarter de son visage. Alors Freya garda les yeux baissés sur ses bottes noires.