Chapitre 1

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Première partie

Je suis le genre de fille qui enregistre toutes ces premières fois. Et c'est la première fois que j'entre dans mon propre chez moi.
C'est donc ici chez moi ? Ici que je vais devoir passer les quatre prochaines années à étudier. Mais j'ai toujours rêvé de ça au fond de moi, n'est ce pas ? Alors pourquoi est-ce que je douterais maintenant ?

Je pénètre alors dans mon premier studio, seule. C'est tellement vide que j'ai l'impression d'avoir vécu ça toute ma vie. À peine ai-je passé le pas de mon nouveau chez moi que mon téléphone dans la poche arrière de mon jeans vibra. Je décrocha.

- Coucou Alex... Ça va ?

- Ça pourrait aller mieux si t'était toujours là. Papa devient fou lui aussi.

- Je devais bien partir à un moment ou un autre tu sais ? Je sais que ça vous fait mal, mais...

- On t'en veux pas Ely, c'est ton choix. C'est ce que tu as toujours voulu faire donc personne ne sera là pour t'en empêcher...

En connaissant mon frère et au simple son de sa voix, je savais qu'il ne prenait pas soin de lui.

- Alexei Ivanovitch. C'est quand la dernière fois que t'as vraiment pris le temps de dormir ?

- Je dors je dors je t'assure. Mais je te l'ai dit, tu es la deuxième femme que papa perds, il devient insupportable..

Je tenais le téléphone entre mon oreille et mon épaule pour pouvoir déposer mes affaires, ouvrir les fenêtre et regarder un peu les cartons disposés au milieu du studio.

- Ne me dis pas qu'il commence à tout répercuter sur toi ?...

- Écoute, c'est vraiment pas grave, vis ta vie je vais m'en sortir. Je...

À travers l'interphone, je sentais sa voix de briser en mille morceaux. Je connais trop bien mon frère pour savoir que ça n'allait plus du tout.

- T'es avec moi trésor, t'as le droit de laisser parler tes émotions, alors dit moi ce qu'il se passe.

- J'en peux plus... J'aurais tellement aimé que tu sois encore là mais ça a toujours été ton rêve d'être là bas et j'ai pas envie de t'en empêcher. J'ai envie que tu restes à mes côtés pour toujours, mais j'ai en même temps envie que tu vive tout tes rêves. J'en ai marre de n'avoir personne d'autre que toi à qui m'ouvrir, de voir tout mes potes avoir une famille heureuse alors que la seule chose que j'ai c'est un père pas foutu d'être présent.
Et je sais que ça ne sert à rien de te le cacher, mais j'ai de nouveau recommencé... Je suis vraiment désolé.

Il a quoi ? Nan nan nan c'est impossible. C'est le garçon le plus fort que je n'ai jamais connu, mais je sais qu'il commence vraiment à être à bout. Chaque jours sera de plus en plus compliqué, je peux pas me permettre de l'abandonner.

- Alexei merde... Tu sais très bien que je déteste quand tu fais ça et que je ne peux rien faire... Je te promets que je viendrais bientôt te voir.

- Nan. Je viendrais te voir. J'ai pas envie que tu vois le bordel que cette maison est devenue. Bref, il va falloir que j'aille en cours..

- Tu te fous de moi ?! T'as pas fermé l'œil de la nuit Alexei ! Demande un jour de congé s'il te plaît...

- Ely, je suis au dessus de ça. J'vais y arriver. Je t'aime...

- Moi aussi je t'aime trésor.

À la fin de cette discussion, je me suis affalée sur le seul et unique meuble que contenait mon chez moi ; un canapé. Qu'est-ce que j'avais fait pour être cette mauvaise grande sœur que je suis aujourd'hui ? Qu'est-ce que j'ai raté dans l'éducation de mon frère ? Qu'est-ce que j'aurais pu faire de mieux pour qu'on n'en soit pas ? Est-ce que je vais vraiment tenir ici sans lui ?
Trop de questions trottaient dans ma tête. Car il y a trop de chose que j'aurais pu faire autrement. Mais bon, c'est pas ça qu'il aurait voulu.

Il n'y avait pas tant de cartons que ça, mais j'avais quand même la flemme de m'en occuper aujourd'hui. Alors avec mon manteaux et un petit coussin j'ai pu m'endormir. Oui, parfois on fait juste avec ce qu'on a.

***

Lorsque je me suis réveillée, je me suis promise que plus jamais je ne dormirais comme ça. Mon premier objectif était de me remonter mon lit pour pouvoir dormir sur quelque chose de légal. Je me suis difficilement levée de mon canapé peu confortable, pour me rendre dans ma cuisine et me faire de quoi manger.
Un reste de salade de pâte, c'est de ça que j'allais devoir me contenter pour aujourd'hui.

J'étais horriblement fatiguée, mais c'était comme ça que je devais commencer. Vivre loin de ce que j'ai toujours connu, devoir briser toutes les routines auquel je m'étais attachée.

En début d'après midi, j'ai commencé à déballer mes cartons. Évidemment ils étaient numérotés pour que je ne prenne pas dix minutes à me décider par lequel commencer. Un petite note m'attendait dans le numéro 1.

" Если вы открыли эту коробку, то это наверняка потому, что вы приехали в Париж. Я знаю, что твое детство не всегда было легким, поскольку я не всегда был рядом с тобой, но я надеюсь, что у тебя там все будет хорошо. папы"

"Si tu avez ouvert cette boîte, c'est probablement parce que tu êtes arrivée à Paris. Je sais que ton enfance n'a pas toujours été facile parce que je n'étais pas toujours été avec toi, mais j'espère que tu iras bien là-bas. Papa"

Je soupira, est ce que je pouvais vraiment lui en vouloir alors que si il n'était pas là c'était pour pouvoir subvenir à nos besoins ? C'était mon père après tout.

J'ai déposé le petit papier à côté de moi en me promettant de le garder. En dessous de ça, tout les livres que j'avais pris avec moi étaient impeccablement rangés. Sauf qu'évidemment, je n'avais pas d'étagères pour les ranger. Ça allait devoir attendre. J'ajoutai sur un petit morceau de papier "trouver une bibliothèque".

C'est ainsi que continua toute ma journée. Déballer des cartons, analyser tout ce qui me manque, essayer de tout déposer dans les coins. D'accord, j'avais pas mal de meubles à monter, mais j'avais aussi beaucoup de meubles manquants.

J'en profita pour aller me changer et sortir chercher ce qui me manquait avant que tout ne sois fermé. J'ai fermé ma porte à clé et suis directement sortie de mon appartement. Pour une fois, je respirais l'air sans me demander ce que j'allais faire demain. Je marchais seule dans les rues sombres pour finir par tomber sur des petites cages en bois abandonnées. Ça fera parfaitement l'affaire.

Je les ai prises avec moi. Tous les passants me regardaient maladroitement, mais honnêtement j'étais un peu trop fatiguée pour devoir m'en occuper. De retour chez moi, j'ai rangé mes nombreux bouquins dedans, replacé ma déco comme elle l'a toujours été.

J'ai remonté tout mes meubles en commençant par mon sommier, évidemment.

J'avais toujours rêvé de ça, et pourtant, ça n'avais plus rien d'un rêve. Comme si il me manquait quelque chose. Une chose tellement évidente que je ne m'en rendais même pas compte. Enfin bon, j'ai quatre ans devant moi.

Alors j'ai choisi un livre que je n'avais pas encore lu, me suis confortablement allongée sur mon lit, et lorsque j'ai ouvert la première page, un papier plié en quatre m'est tombé dessus.
Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, je remarqua qu'il ne s'agissait ni de l'écriture de mon père, ni de celle de mon frère, et encore moins de la mienne.

First love again Où les histoires vivent. Découvrez maintenant