Chapitre 31 - Escapade à la mer

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Le lendemain matin, les valises étaient prêtes et nous partîmes dans une jolie Coccinelle jaune décapotable que j'avais louée. Un voisin serviable m'avait emmené à Rouen la chercher et je suis revenu à la maison à bord de cette voiture.

Nous roulions, cheveux au vent, sous un soleil radieux dans cette petite auto, décapotée pour l'occasion. Elle nous amena à Honfleur, sans incident, dans une ambiance relativement joyeuse. En tout cas, je faisais tout pour qu'elle le soit, dans l'espoir d'oublier, très vite, mes récentes mésaventures.

Nous passâmes deux semaines de merveilleuses vacances. Par chance, le temps était très doux pour un début octobre et, comme un été indien, il resta au beau fixe. Nous avions l'intention de bien en profiter.

Nous nous sommes promenés longuement sur le port de Honfleur, faisant de fréquentes petites pauses pour que mon épouse chérie puisse se reposer, car son ventre déjà légèrement rebondi commençait à lui peser. Nous avons hanté, certains jours, marchant main dans la main, les plages quasiment désertes du débarquement. Le soir venu, nous y retournions rien que pour y admirer de beaux couchers de soleil.

Je me suis même baigné ! En plein mois d'octobre ! Je sais, je suis cinglé, mais pas du tout frileux et je comptais bien profiter jusqu'au bout de mon séjour à la mer. J'aime les bains de mer, même parfois hors saison. Ils me font me sentir vivant et quand je sors de l'eau, mon corps fourmille de vie et l'eau froide me remet les idées en place. Et j'avoue que là, j'en avais bien besoin.

Encore tout mouillé, je me suis collé à Sophie qui me repoussa en riant. C'est l'une de mes plaisanteries favorites. Je me suis donc essuyé et après, je l'ai embrassée. Nous sommes restés enlacés un bon moment, notre étreinte bercée par le bruit incessant des vagues. Comme c'était bon de nous retrouver ainsi.

Nous avons également musardé des après-midi entiers sur les planches de Deauville, nous prenant mutuellement en photo, singeant les postures des stars de cinéma.

En fait, nous avons fait les fous tous les deux ! Nous avions renoué avec la fougue de notre jeunesse (pas si lointaine que ça) et nous nous sommes embrassés et caressés, encore et encore, comme deux jeunes amoureux.

Les soirées passées en compagnie du grand-oncle de Sophie, que nous appelons "Tonton", étaient délicieuses. Trop heureux d'avoir de la compagnie, il nous racontait des tas d'histoires et d'anecdotes amusantes sur sa vie d'ancien capitaine de la marine marchande, entre deux parties de cartes interminables, pendant lesquelles nous le laissions tricher impunément.

Que de bons moments ! Ils alimenteront mon stock de beaux souvenirs, dans lequel je puiserai plus tard, pour m'aider à passer les mauvais jours.

Nous étions radieux et détendus, j'étais reposé et j'avais presque oublié mon accident de voiture. J'avais meilleure mine, le teint un peu hâlé et les cheveux blondis par la mer et le soleil, mes cheveux blond foncé ayant attrapé quelques mèches plus claires.

Ayant mis une certaine distance kilométrique et mentale entre ces tragiques événements et moi, je m'efforçais, autant que possible, de ne plus penser à l'affaire qui me préoccupait quelques jours auparavant.

Le sommeil était revenu et mes cauchemars avaient progressivement cessé de me hanter.

Cet état de grâce dura deux semaines, mais, bien entendu, comme chacun sait, rien ne dure en ce bas monde.

 Nous étions sur la côte de Grâce, assis sur un banc, dans un parc, sur les hauteurs de Honfleur, à contempler la magnifique vue sur la Seine en contrebas, et sur le Havre au loin. Brusquement, un fort vent venu de l'ouest se leva, des nuages noirs se profilèrent rapidement à l'horizon et les premières gouttes de pluie annonciatrices de l'automne commencèrent à tomber.

Les carnets de l'Inspecteur Lenormand : Vendetta Normande - Histoire terminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant