Hôtel Aykum

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Gwendoline


lundi 5 février, 20H10.


Je ne pensais jamais arriver.


Entre les dossiers qui tombent à la dernière minute ; les réunions de crise ; la nounou qui ne sait pas fouiller dans les placards ; le taxi bloqué dans les bouchons, je sature de ma journée.


Je fais tout mon possible pour être le mieux organisée possible, mais tous les facteurs extérieurs à ma volonté vont contre mes intérêts. Je pars en déplacement pour 3 jours seulement, et j'ai eu la sensation de partir pour 6 mois.


La nounou est une véritable empotée ! Arthur demandait juste des Corn-flakes. Il a fallu qu'elle m'appelle pour me demander s'il avait le droit de manger des céréales à 16 H. Quelle dose il lui fallait. Et où se trouvait la boîte !


Mikaël m'a dit qu'elle était parfaite. A ce rythme je commence à me questionner sur ses véritables domaines de compétences. A vrai dire, je ne serais même pas étonnée. Cela fait 5 mois que nous n'avons pas remué les draps. Je ne suis plus attirée.


Il m'insupportait quelque temps après notre mariage, aujourd'hui il m'indiffère. Je ne parviens même plus à connaître les raisons qu'ils m'ont poussé à lui dire "oui".


Je sonne la petite cloche à la réception. Ça fait 1 minute que je poirote comme une idiote. Tout à coup, un hôte apparaît dans son costume noir et blanc. Celui-ci a l'air d'avoir la trentaine, plutôt beau garçon avec un petit air hautain, mais tout souriant.


"Bien le bonsoir Madame ! Bienvenue à l'hôtel Aykum. Avez-vous réservé une chambre ?

- Bonsoir, oui, au nom de Pichet Gwendoline. 2 nuits.

- Je regarde tout de suite.

Il tapote sur son clavier. Plus vite il me donne mes clés, et plus vite je rédigerai le compte-rendu pour demain.

- Pichet, c'est P-I-C...

- Gwendoline Pichet, je vous ai trouvé ! Effectivement vous avez réservé pour 2 nuits. Vous êtes dans la chambre 364. Celle-ci se trouve au 3e étage, juste il y a une petite subtilité lorsque vous montez. Arrêtez-vous au 2e étage et prenez l'ascenseur sur votre droite pour accéder à votre chambre.

- Et pourquoi ne puis-je pas accéder plus simplement ?

- Nous avons quelques soucis techniques avec l'ascenseur. Du rez-de-chaussée, il ne peut malheureusement pas aller plus loin que le 2e étage. Quant aux escaliers, l'architecture du bâtiment ne rend pas possible l'accès au troisième étage.

- Attendez ! Mais comment faites-vous s'il y a le feu ?

- Il y a des escaliers de secours au bout du couloir. Ceci vous amène dehors et vous descendez le long du bâtiment transversal. Je vous l'ai dit, c'est une architecture particulière. Toutefois, nous ne condamnons personne à périr dans les flammes. Nous ne sommes pas des criminels !

Il termine ses explications sur un fou rire malaisant. Je soupire, fatiguée et agacée. Qu'il me donne mes clés bon sang !

Comme s'il avait lu dans mes pensées, il s'arrête brusquement de rire et se penche pour ouvrir l'un de ses tiroirs. Là, il me sort un trousseau, dont le numéro 364 est accroché en porte-clé.

          

Il s'apprête à me donner le trousseau lorsqu'il dit une dernière chose : " Oh ! Si jamais vous rencontrez un souci quelconque. Il y a bien sûr un téléphone au cas où il y aurait un problème. Surtout n'hésitez pas !

- Merci. Bonne soirée.

- A vous également !"

Il me salue avec ce grand sourire énigmatique.


Quelle plaie pour accéder à ma chambre ! L'ascenseur n'a pas voulu fonctionner, donc j'ai dû monter jusqu'au deuxième. Ensuite, prendre l'ascenseur comme il m'a dit. Une fois au 3e étage, ma chambre se situe à l'autre bout du couloir. Celui-ci est en travaux, les murs au papier peint déchiré et le toit est calciné. Quel enfer ! Ça me rappelle l'appartement de mon ancienne meilleure amie, à la fac.

J'arrive à ma porte de chambre. Il n'y pas de serrures ? Bizarre, pourtant c'est bien la 364. C'est une clé magnétique que j'aurais dû avoir... Qu'est-ce que ça m'énerve !


Je tape sur la porte de nerf. Celle-ci s'ouvre.

J'entre et découvre une chambre très sobre. J'observe la poignée et y vois une serrure. Cette porte ne se ferme que de l'intérieur. J'entre et ferme derrière moi. Le lit simple en plein milieu de la chambre est couvert d'une literie verte caca d'oie. Les rideaux longs grisés rendent l'ambiance si monotone.

Je croyais avoir vu un lit double et un ton plus chaleureux sur les photos du site. Je m'en fiche, je suis venue pour travailler et non pas pour le confort. Toutefois, ça reste de l'arnaque.

I ly a ce quelque chose qui me met mal à l'aise. J'ai comme une légère impression de déjà vu...

Bon, commençons à relire le Power Point pour la réunion de demain. Il ne faut pas que je me loupe.


23H15

Cela fait 3H que je bosse. Je veux être certaine que tout se passera bien. Néanmoins, je commence à avoir un petit creux. Je vais me faire livrer. Pourquoi pas une petite Poke Bowl ? Seigneur ! Le sort s'acharne, je n'ai plus de connexion...

C'est inadmissible que le WIFI ne fonctionne pas ! Leur foutu téléphone va servir à quelque chose tout compte fait. Je vais pour décrocher le combiné lorsque je sens une drôle d'odeur. Ça sent le moisi. Il y a une forte remontée, et je crois que ça vient de la salle de bain. J'entre dans le petit espace confiné. J'y vois la douche encastrée dans le mur et le toilette à ma droite. Toutefois, en entrant je ne sens rien.


Je ressors pour inspecter la chambre, tentant de découvrir d'où peut provenir cette méchante odeur. Alors que j'inspecte les conduits d'aération, j'entends un drôle de bruit provenant de la salle de bain. Je descends du lit, et me dirige vers le bruit. Je ne vois rien d'anormal. Sauf un détail qui m'interpelle, le rideau de douche est tiré. J'aurais juré qu'il ne l'était pas il y a 5 minutes. Je m'avance lentement et le tire avec précaution. Je ne vois rien.

Perdue dans mes pensées, je sursaute au bruit d'une goutte d'eau qui tombe dans le lavabo. J'inspire un bon coup. Me regarde dans le miroir. Ce n'est rien.


Je ressors de la salle de bain et reprends mes esprits. Il faut appeler la réception. Je compose le numéro noté sur un bout de papier. Etrange, ce numéro m'a l'air si familier. J'attends que quelqu'un me réponde. Il y a un long silence, quand tout à coup quelqu'un décroche, il y a une forte respiration. La personne a l'air complètement essoufflée.

AVERSIONWhere stories live. Discover now