Chap.1

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Idris

Il paraît que l'on ne s'habitue jamais à la mort mais je pourrais jurer être familier à cette atmosphère morbide , chargée des violences et des peurs. Cela fait déjà six mois que Murat Wat nayej alias mon paternel m'a ordonné de rejoindre le champ de bataille à tondibi , Ménélick n'a pas apparemment été assez compétent pour empêcher l'invasion des Touaregs sur cette partie Est de la province. Grands nombres des villages sont sens dessus dessous après le passage de ce peuple barbare. Par conséquent, même si nous avons repris le dessus sur ce dernier, plusieurs de nos soussous y sont restés.

Je tire une dernière fois sur mon joint avant que celui-ci n'atterisse sur la dernière demeure d'un des vaillants protecteurs de l' Empire. Le fait que des croix soient implantées près des corps enterrés intensifit l'ambiance habituel de la guerre.

_ Mwat yav , un message pour vous de la part de Molupwe.

Sans prendre la peine de me retourner, je demande à mon Bieshongo qui a pris la peine de traverser plusieurs kilomètres pour m'apporter les paroles de l'empereur :

_ Que dit - il ?

Le téléphone sont loin d'être une technologie qu'utilise Mulopwe et nous ses servants pour communiquer des messages importants. Le système d'espionnage et le piratage sont un grand risque à ne pas prendre.

Le son du froissement d'un papier m'indique qu'il déplit la lettre .

_ Vous êtes prié de regagner au plus vite koumbi Saleh.

Je ne me pose jamais des questions sur les ordres de mon père , je suis la machine actionnée pour son bon vouloir, cependant , ma patience finira bientôt par payer. Tel un félin , je me plit afin de mieux sauter sur ma proie.

_ Vous pouvez disposer.

_ Euh... Mwat yav...

Je me retourne et foudroie du regard ce dernier.

_ Je sais que vous détestez être dérangé dans votre silence Mwat yav mais c'est.. c'est Euphrate...

Euphrate est le petit nouveau plein des potentiels que j'ai récemment recruté dans l'armé . Même si je devine ce qui se passe à l'expression de mon interlocuteur, je demande :

_ Qu'a-t-il ?

_ il se fait tirer dessus.

En quelques enjambées, j'atteins mon Bieshongo et n'hésite pas à lui serrer le gorge.

_ je peux savoir pourquoi tu n'as pas commencé par cette nouvelle imbécile ?

_ Je ...pardonnez-moi.

Jugeant inutile de perdre du temps avec ce bon à rien, je me dirige rapidement vers le campement. La quatrième tente est celle d'Euphrate. Et ma main écarte légèrement le tissus servant de rideau . Le guérisseur au chevet du malade se lève instantanément en signe de respect :
_ Mwat yav.

Mon regard converge sur Euphrate entouré des plusieurs matériels médicaux, son corps est en sueur, sûrement dûe à la fièvre , sa peau est sale et du sang frais macule son torse nu.

Ces lâches n'ont même pas pris la peine de respecter le code de la guerre interdisant l'utilisation d'arme à feu.

_ Il va s'en remettre ?

_ la balle a perforé le poumon droit, il est presque impossible d'arrêter l'hémorragie.

Je m'approche du corps convulsant d'Euphrate et l'entend murmurer difficilement :

_Dites... à ...à ...Lezy que son grand frère l'aime plus que
tout...

Il touche le talicement autour de son cou .

_ Que cela... lui revienne...

Ses yeux deviennent aussitôt vide , abandonnés de son âme. Ma main passe sur ceux - ci pour les refermer. Pour nous hutus , la mort n'est pas la fin mais le commencement d'une autre vie, ne dit- on pas que les morts ne sont pas morts. Je détache afin son talicement avant de sortir pour annoncer :

_ Préparez le cortège, je rentre à koumbi Saleh.

MulopweOù les histoires vivent. Découvrez maintenant