Obscurus {Aubépine Tome 2}

Chapitre 14

Les vacances de Noël se finirent bien mieux qu'elles n'avaient commencées, bien que l'humeur de Sirius se dégrada considérablement alors que le retour pour Harry, Hermione, les Weasley et Cassiope à Poudlard approchait. 

 Il devenait de plus en plus enclin à ce que Mrs Weasley appelait des « crises de grognerie » pendant lesquelles il devenait taciturne et grincheux et se retirait souvent pendant plusieurs heures d'affilée dans la chambre de Buck. Sa morosité imprégnait toute la maison, suintant sous les portes comme un gaz nocif qui finissait par contaminer tout le monde. 

Bien sûr, cela embêtait Cassiope de le laisser, avec pour seule compagnie Kreattur, mais il fallait bien qu'ils terminent leur année ! Même si la perspective de devoir supporter à nouveau le professeur Ombrage ne lui plaisait guère...  

Le dernier jour des vacances, alors qu'elle discutait avec Hermione et Ginny des cours pendant qu'Harry et Ron s'affrontaient aux échecs version sorcier, Mrs Weasley passa la tête par la porte entrebâillée de la chambre. 

- Harry, Cassiope, mes chéris, pourriez-vous descendre dans la cuisine ? Le professeur Snape voudrait vous parler.

Harry n'enregistra pas tout de suite ce qu'elle avait dit. L'une de ses tours était engagée dans un violent combat avec un pion de Ron et il l'encourageait avec enthousiasme à attaquer :

- Vas-y, écrase-le... Écrase-le, je te dis, ce n'est qu'un pion, espèce d'idiote. Excusez-moi, Mrs Weasley, vous avez dit quelque chose ?

- Le professeur Snape, mon chéri. Dans la cuisine. Il a quelque chose à vous dire, à toi et à Cassiope.

Harry resta muet d'horreur, la mâchoire pendante. Il regarda successivement Ron, Hermione et Ginny qui étaient eux aussi bouche bée. Pattenrond, qu'Hermione avait eu du mal à retenir au cours du dernier quart d'heure, en profita pour sauter joyeusement sur l'échiquier et faire fuir les pièces qui coururent se mettre à l'abri en poussant des hurlements aigus. Cassiope, qui s'était levée, leva les yeux au ciel face à leur air horrifiée, plus intriguée qu'inquiète par la requête du professeur de potions. 

Que pouvait-il bien leur vouloir ? 

- Snape ? dit Harry, l'air interdit.

- Le professeur Snape, mon chéri, répondit Mrs Weasley sur un ton de reproche. Venez vite, il a dit qu'il ne pouvait pas attendre très longtemps.

- Qu'est-ce qu'il te veut ? s'étonna Ron, déconcerté, tandis que Mrs Weasley refermait la porte. Tu n'as pourtant rien fait ?

- Non ! s'indigna Harry. 

- Si c'était par rapport aux cours, il n'aurait pas pris la peine de venir jusqu'ici, il prendrait un malin plaisir à en parler en classe, devant tout le monde. Les raisonna la petite blonde, avant de prendre le Gryffondor par le bras et de l'aider à se relever. Allons voir ce qu'il veut. 

Une ou deux minutes plus tard, elle poussa la porte de la cuisine et vit Sirius et Severus, assis à la table, lançant tous deux des regards noirs dans des directions opposées. Il régnait un silence lourd d'hostilité réciproque. Une lettre était posée devant Sirius.

- Il y a de l'ambiance, on dirait... commenta à voix basse la jeune Malfoy

- Heu... dit Harry pour signaler leur présence.

Snape tourna les yeux vers eux, le visage encadré de deux rideaux de cheveux noirs et gras.

- Asseyez-vous, Potter, Cassiope.

- Tu sais, dit Sirius d'une voix forte en se balançant sur les pieds arrière de sa chaise, le visage levé vers le plafond, j'aimerais bien que tu évites de donner des ordres quand tu es ici. C'est ma maison, je te le rappelle.