Chapitre 45

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Marco


Je regarde Giulia qui vient de s’endormir, car elle est épuisée. Quand je repense à cet homme de qui malheureusement, je porte le nom de famille, je suis écœuré. Comment peut-on être si cruelle ? Quand nous étions à l’hôpital, l’inspecteur en charge de l’affaire a appelé pour me dire qu’ils avaient réussi à interpeller Mario Ficceli, mais malheureusement, Dario était introuvable pour l’instant. Je décide de me retirer dans le bureau pour essayer de l’appeler et il décroche au bout de la troisième tentative.
— « Que veux-tu Marco ? »
— « Comment peux-tu être devenue comme ça ? »
— « Je l’ai toujours été ».
— « Je vais démissionner, je n’peux plus travailler pour toi ».
— « Tu ne travailles pas pour moi, cette entreprise est ton héritage ».
— « Je n’veux pas de cet héritage ! Je ne veux plus rien de toi ».
— « Si tu refuses d’écouter Marco, je ne m’arrêterai pas à Giulia et à sa cousine. Arrête de chercher, tu en souffriras ».
— « Que veux-tu dire ? Que la prochaine fois, tu essayeras de tuer d’autres membres de sa famille ? »
— « Pourquoi pas ? Qui m'en empêchera ? »
— « Moi ».
— « Tu n’peux rien contre moi et si tu t’obstines, il se pourrait que ta grand-mère, ta tante ou ta cousine paient à ta place ».
Sans avoir le temps d’en dire plus, il me raccroche au nez. Je n’peux pas le laisser nous menacer comme ça ! Il faut que je les sorte de là ! J’essaie tant bien que mal de garder mon calme pour ne pas réveiller Giulia, alors je descends au salon pour me servir un verre de whisky en repassant ses menaces dans ma tête. J’ai besoin de me détendre avant d’aller dormir. Je me pose sur le canapé du salon en essayant de remettre tous les derniers événements passés en ordre dans ma tête. Si ses magouilles ont été découvertes, pourquoi s’efforce-t-il encore d’essayer de me séparer de Giulia ? Ce n’est pas possible, il doit y avoir autre chose qui nous échappe. Quelque chose qu’il ne nous dit pas. Mais quoi ? Après avoir avalé mon verre de whisky, je regarde ma montre. Il est presque une heure du matin et je me sens toujours aussi mal et en colère, mais l’alcool a un peu soulagé mes maux et sans m’en rendre compte, je m’endors sur le canapé.

*

Je sors de mon sommeil vers huit heures du matin quand j’entends du bruit là-haut. Je me lève et monte voir ce qui se passe. Giulia s’est agenouillée en train de ramasser du verre quand je passe les portes de la chambre.
— Bébé qu’est-ce que tu fais ? Lève-toi, je vais ramasser.
— Je suis désolée Marco. J’étais en train de me préparer et dans ma hâte j’ai fait tomber le pot à brosse à dents.
— Ce n’est rien Giulia… lève-toi s’il te plaît.
— Non, je vais le faire.
J’attrape ses mains et l’aide à se relever. Je la prends dans mes bras et l’embrasse sur le front.
— Bébé… tu devrais te reposer encore un peu.
— Non Marco, il faut que j’aille à l’hôpital voire Stella.
— Tu n’peux pas conduire ! Laisse-moi me doucher et je t’emmène.
— Non, ne t’en fais pas Milo passe me prendre. Tu as beaucoup de travail à rattraper en plus.
— Non, j’ai dit à Dario que je ne voulais plus travailler avec lui.
— Quand ça ?
— J'ai essayé de l'appeler plusieurs fois hier soir et il a fini par décrocher.
— Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
— Que cette entreprise était mon héritage. Je lui ai répondu que je ne voulais pas de son héritage, que je ne voulais plus rien de lui, mais comme d'habitude, il m'a menacé que si je n'écoutais pas, il ferait pire.
— Marco, je ne pourrai pas en supporter davantage.
Je m'apprête à lui répondre, mais son téléphone sonne et elle décroche.
— « Allô ? ... Très bien Milo, je sors ».
Elle raccroche.
— Nous en reparlerons ce soir Marco. Milo m’attend devant.
— Ok. Tiens-moi au courant. Je passerais après avoir réglé les dossiers de Chicago. Je n’sais pas du tout ce qu’il en sera vu que Dario est en fuite, mais il va falloir que je convoque le conseil d’administration.
— Bon courage bébé.
Giulia m’embrasse sur la joue et me sourit avant de se retourner pour partir. Je vais dans la salle de bain pour me laver et quand je ressors, je m’installe à mon bureau. J’envoie un mail rapide pour convoquer en urgence le conseil d’administration cet après-midi à Roma industrie, puis j’appelle mon assistante pour lui demander de préparer les dossiers pour la Réunion.
— « Allô ? »
— « Salut Laura, comment vas-tu ?»
— « Je vais bien. Merci Marco et toi ? »
— « Ça pourrait aller mieux. Enfin bref… j’ai convoqué le conseil d’administration pour cet après-midi afin d’anticiper après la fuite de mon grand-père ».
Normalement je ne l'appelle plus comme ça, mais ma secrétaire n'est pas au courant de ma vie privée, alors je ne vais pas m'éterniser dessus.
— « Tu voudrais que je prépare les dossiers avec les derniers rapports, c'est ça ? »
— « Exactement, merci Laura ».
— « De rien, tu peux compter sur moi. À tout à l'heure Marco ».
Je passe le reste de la matinée au téléphone pour le chantier de Chicago et quand vient l’heure du déjeuner, je passe voir Stella à l'hôpital. Quand j’arrive, Viola et Francesca sont en train de boire un café devant l’entrée.
— Bonjour Nonna Viola. Bonjour Francesca.
— Bonjour mon grand, comment vas-tu ? me demande Viola.
— On fait aller…
Francesca me regarde l’air peinée, et je sens qu’elle a quelque chose à me dire.
—  Francesca, tu vas bien ?
—  J’aimerais te parler mon grand, si tu veux bien.
—  Bien sûr.
—  Je remonte, je vous laisse discuter, dit Viola.
— D’accord Mamma. À tout à l’heure, lui répond-elle.
Francesca laisse Nonna Viola s’éloigner et elle me guide vers un banc pour que nous puissions nous asseoir, puis elle prend mes mains dans les siennes et commence à parler.
— Marco, ce que je m'apprête à te dire est très difficile. Je sais que tu aimes ma fille. Tu la rends heureuse et je t’en suis vraiment reconnaissante.
Je la regarde attendant qu’elle continue, car je sens le mais arriver.
— Mais elle risque sa vie et celle de ses proches chaque jour en étant avec toi. Je t’aime beaucoup mon garçon, comme mon propre fils et t’avoir retrouvé est une des choses les plus merveilleuses qui soient arrivées ces derniers temps, pour moi, comme pour mes frères. Sauf que je n’peux pas vivre dans la peur de perdre qui que ce soit. Je respecte votre amour, mais pas au prix de la vie de l’un d’entre nous. Alors s’il te plaît Marco, si tu aimes suffisamment Giulia, tu dois la quitter. Si je te le demande, c'est parce que je connais ma fille et elle ne le fera jamais.
C'est plus fort que moi, mais mes larmes coulent sans que je ne puisse les contrôler.
— Francesca, je respecte et j’entends ce que tu dis, mais j’aime Giulia à en mourir. Comment vais-je réussir à vivre sans elle ?
— Quand on aime quelqu’un, quand on l’aime réellement, on ferait n’importe quoi pour cette personne, même si cela signifie qu’on doit la laisser partir.
— La laisser partir ? Même si ça fait mal ?
— Surtout si ça fait mal Marco !
— Je comprends.
— Je compte sur toi pour que cette conversation reste entre nous. Giulia m’en voudrait énormément.
— Je te le promets Francesca.
Francesca pleure et me prend dans ses bras. Je n’peux pas lui en vouloir de me demander ça, après tout, c’est une maman qui a peur pour ses enfants. Elle craint pour nous tous. Quand je monte, Stella est toujours dans le coma. Milo et Carla passent leur temps à son chevet en se relayant, mais ne la laisse jamais seule. Les médecins nous ont conseillé de lui parler pour stimuler son cerveau. Ils disent qu’elle nous entend. La voir sur ce lit d'hôpital est très douloureux pour tout le monde et ne pas savoir quand elle se réveillera, ni même si elle le fera et tout ça à cause de mon grand-père me met très en colère.

Je t'ai cherchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant