Sasha - La folle #22

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— Maître Coste, ça va ? s'inquiète mon assistante.
— Ça fait mal, la garce.
— Faites-moi voir, s'enquiert-elle en m'attrapant la figure des deux mains.

Le contraste avec la violence de Camille me saisit. Ses gestes, lents et mesurés, semblent caresser chaque chose qu'elle touche. Le velouté de la pulpe de ses doigts m'enveloppe dans du coton et la fraîcheur de sa température corporelle apaise le feu de mon visage.

— C'est bon, ça va. Ce ne sera pas la première et certainement pas la dernière. La prochaine viendra même sûrement de vous, râlé-je pour ne pas montrer mon tourment.
— Aucune chance, me rassure-t-elle en souriant gentiment.

Sa voix, près de mon oreille, me trouble davantage. Suave, elle s'est insinuée en moi pour m'apaiser. Naëlle presse délicatement son pouce sur le coup.

— Aïe !

Pour la forme. Je n'ai pas si mal que ça.

— Il vous faut de la glace ou vous allez avoir un bleu. Sophie, pouvez-vous m'en trouver ? À la cafétéria peut-être ?

95E part à vive allure, encore choquée par la scène. Un homme de la sécurité déboule et essaye de m'examiner pendant que deux autres se lancent à la poursuite de cette folle de Camille.

— Ne me touchez pas vous avec vos gros doigts dégoûtants, menacé-je.
— Je vais m'en occuper, vous pouvez rejoindre vos collègues, intervient Naëlle aimablement. Je passerai tout à l'heure pour le rapport d'incident. Merci beaucoup, monsieur.

Elle récupère la poche faite d'un torchon, ferme la porte et me retrouve avec calme.

— Attention, ça va être froid... Voilà...

Mais quel bordel... Tout ça pour un coup d'un soir. Helena va encore me tomber dessus. Je fulmine.

— Je vais lui coller un procès au cul pour coups et blessures ! Et harcèlement sexuel !
— Ne bougez pas... On peut au moins reconnaître que vous faites de l'effet à ces dames, plaisante-t-elle.
— Moquez-vous, c'est ça !
— Ce doit être votre caractère si adorable... poursuit-elle.

En d'autres circonstances, je n'aurais fait qu'une bouchée de cette femme. J'aurais trouvé des répliques cinglantes, voire blessantes, mais là, rien. Rien ne me vient. Ce petit rire presque inaudible dans ses paroles me désarme. 

J'ai même presque envie qu'elle continue de me titiller pour l'entendre davantage. 

Omegalove - Johanne MillotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant