Rencontre

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Gabriel, Jordan - aéroport Charles de Gaulle

C'était un matin agitée, les voyageurs allaient et venaient, chacun absorbé dans son propre monde de destinations et d'itinéraires. Vêtu d'un costume parfaitement taillé, Gabriel Attal, jeune secrétaire d'État, arpentait nerveusement le hall d'embarquement son téléphone collé à l'oreille. Il tentait de finaliser quelques dossiers avant de monter à bord de son vol pour Marseilles.

À quelques mètres de lui, Jordan Bardella, porte parole du Rassemblement national attendait également son vol, penché sur ses dossiers, un café à la main. Bien que préoccupé par les européennes, il sentit le regard insistant et peu subtil de celui qu'il connaissait déjà bien, un homme si jeune et influent peut difficilement passer inaperçu. Gabriel quant à lui, savait qu'il avait déjà vu cet homme quelque part, mais était incapable de se rappeler où exactement. Intrigué, il se demandait si c'était lors d'un débat ou dans les couloirs de l'Assemblée Nationale.

Plus tard, à bord de l'avion

La cabine était déjà animée par l'agitation habituelle des passagers cherchant leurs sièges et rangeant leurs bagages. Gabriel quant à lui, se dirigea vers son siège attribué à côté de Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation. Mais alors qu'il s'approchait, Jordan le bouscula accidentellement dans un mouvement brusque pour placer sa valise dans le compartiment supérieur.

« Je vous prie de m'excuser. »

Gabriel, d'autant plus intrigué, s'aperçut alors que Jordan était assis seul quelques rangées devant et une impulsion soudaine le poussa à changer de place. Bien qu'il n'était pas rare de voir quelqu'un penché sur ses dossiers et son ordinateur en classe affaires, l'homme en face de lui était si concentré qu'il ne le remarqua que quand il décida de s'asseoir.

« Vous m'en voulez toujours ? »

« Quel est votre nom ? »

« Jordan Bardella, je peux faire quelque chose pour vous ? »

Bien que son nom lui semblait tout aussi familier, il ne parvenait toujours pas à savoir qui il était, peut être un journaliste ou un porte parole.

« On est jeunes autant se tutoyer. Alors qu'est ce qui t'amène à Marseille ? »

« Une conférence, des affaires politiques, qu'en est-il de toi ? »

« Tu ne te demande pas qui je suis ? »

Le petit sourire en coin de Jordan attisait encore deux fois plus la curiosité étrange qu'il éprouvait.

« Je sais qui tu es, le plus jeune membre d'un gouvernement de la cinquième république, difficile de passer inaperçu. »

Cette fois-ci c'était à son tour d'esquisser un sourire, sans vraiment savoir pourquoi. Sans doute était-il flatté, mais plus exactement leur échange prenait un tournant des plus intéressant. Il voulait en savoir plus mais remarqua très vite que Jordan restait volontairement très vague sur son identité et sa fonction.

En effet, celui-ci évite volontairement certaines pentes, sachant pertinemment que ses opinions sont très opposées à celle de Gabriel, surtout sur l'Union européenne.

« Tu sembles très passionné par ton travail, la jeunesse et l'éducation sont des domaines qui semblent beaucoup te tenir à coeur. »

« C'est l'avenir de notre pays après tout, si on ne leur fait pas confiance, qui le feras ? »

Leurs discussions se poursuivirent, et très vite, ils remarquèrent qu'ils s'entendaient particulièrement bien. Jordan, tout en évitant habilement certains sujets, exprima ses opinions de façon plus mesurée, trouvant parfois des points de convergence avec Gabriel. Ils se trouvaient tout deux de nombreuses qualités telles que l'intelligence et le dévouement, et face à son admiration grandissante, tout ce qu'attendait Gabriel était de savoir qui il était.

Alors que l'avion commençait sa descente vers Marseille, Jordan tentait d'apprécier autant qu'il le pouvait son échange avec Gabriel. Il savait pertinemment qu'une amitié entre eux semblait tout bonnement impossible, et qu'il s'agissait là sûrement de leur dernière échange dépourvu d'amertume. Blanquer observait la scène de loin, en se demandant qui diable avait bien pu les réunir et si ils étaient tout deux conscients de leur position.

Tandis qu'ils récupéraient leurs bagages à l'arrivée, un membre de l'équipage s'approcha d'eux.

« Monsieur Bardella, vos documents ont été retrouvés. »

Sur les documents, Gabriel aperçu un logo tristement familier, il se figea un instant les yeux écarquillés.

« Jordan Bardella... du Rassemblement national, vraiment ? »

Il eut un mouvement de recul, teinté d'une expression de déception et de frustration sur le visage. Jordan décida volontairement d'afficher un sourire narquois, sans doute pour masquer son regret.

« C'est bien moi. Surpris ? »

« Je comprends mieux, bonne continuation. »

Sur ce, il s'empressa de rejoindre le ministre laissant Jordan le regard vide riant intérieurement de l'ironie de la situation.

« T'as pris du temps à t'en rendre compte dis-moi. Enfin tu reconnais pas le porte-parole du Rassemblement national ? Il a de plus en plus d'influence. »

« J'ai pas envie d'en parler, sortons. »

Fun fact sur ce chapitre : Il s'agit de la véritable rencontre entre Attal et Bardella, sauf que bien entendu, tout deux avaient pleinement conscience de leurs identités. J'ai donc ajouté le drame et la romance :)

Deux visions, une nationOnde histórias criam vida. Descubra agora