Les Passions de Sarah - Tome III

Adieu Perpignan - 6

Me tenir sur le seuil de la porte de notre immeuble à Perpignan, valises à la main, était un moment chargé d'émotions. Christine, ma meilleure amie, se tenait devant moi, les yeux embués de larmes. Depuis notre rencontre trois ans auparavant, elle avait été un pilier inébranlable dans ma vie, et la voir si émue rendait le départ encore plus difficile. Nous nous sommes serrées dans les bras, et j'ai senti son chagrin mêlé au mien.

- Tu vas me manquer, Sarah, murmura-t-elle, sa voix tremblante.

- Toi aussi, Christine, ai-je répondu en essayant de retenir mes propres larmes. J'espère que tu viendras au mariage.

- Bien sûr...

Nos adieux étaient empreints de souvenirs partagés et de promesses de visites futures, mais rien ne pouvait vraiment alléger le poids de ce moment.

Alex se tenait à mes côtés, patient et compréhensif, respectant la profondeur de cette amitié qui me liait à Christine. Il savait combien ce départ était significatif pour moi, pas seulement à cause de la distance physique, mais aussi parce qu'il marquait la fin d'un chapitre important de ma vie.

- Et toi, fit Christine en s'adressant à Alex, tu n'as vraiment pas intérêt à faire du mal à mon amie sinon je viendrais te tuer moi-même.

Alex sourit. Il aimait beaucoup Christine.

- Sois tranquille, j'en prendrai soin.

Finalement, nous avons chargé nos valises dans le taxi qui nous attendait. Les rues de Perpignan défilaient sous nos yeux, chaque coin, chaque café, chaque parc évoquant des souvenirs chers.

En arrivant à l'aéroport, une vague d'excitation mêlée d'appréhension m'envahit. C'était la première fois en trois ans que je quittais la France, un pays qui était devenu mon refuge et mon foyer. Les formalités d'enregistrement et de sécurité se déroulèrent dans une sorte de brouillard émotionnel, Alex gérait tout et je ne faisais que le suivre comme si j'étais dans un rêve. Une heure plus tard, alors que l'avion décollait, j'ai regardé par le hublot, observant les paysages familiers s'éloigner peu à peu, se fondant dans l'horizon. Alex me prit la main, son soutien silencieux réconfortant.

Pendant le vol, mes pensées étaient un tourbillon de souvenirs et d'anticipations. La perspective de rencontrer la famille d'Alex me rendait nerveuse. Allaient-ils m'accepter ? Allaient-ils m'apprécier autant qu'Alex le faisait ? Ces questions tournaient en boucle dans mon esprit, même si je savais qu'Alex ferait tout pour que cette transition se passe bien. Son enthousiasme pour ce voyage était palpable, et il partageait avec moi des anecdotes sur sa famille, sur Valence, et sur les lieux qu'il voulait absolument me faire découvrir.

Enfin, après ce qui me parut une éternité, l'avion atterrit à Valence. L'air parfumé de la Méditerranée nous accueillit à notre sortie de l'aéroport. Une nouvelle vie s'ouvrait devant moi, pleine de promesses et de défis. Tandis que nous récupérions nos bagages, je pris une profonde inspiration, prête pour cette nouvelle aventure avec Alex.

Alex me demanda de le suivre. Nous étions tous les deux chargés de valises mais je vis un homme grisonnant, qui devait faire la quarantaine accourir vers nous.

- C'est Javier, s'exclama Alex. Notre chauffeur. Laisse-le t'aider tu veux bien ?

Alex lâcha ses bagages et serra Javier contre lui. L'homme semblait sincèrement content de revoir Alex. Il vint ensuite se présenter poliment à moi en espagnol et me prit mes bagages des mains. Quelques minutes plus tard, il chargeait nos valises dans le Van qu'il conduisait et nous ouvrit la porte pour monter. La voiture était spacieuse et confortable. La climatisation me donna envie de dormir mais j'étais trop nerveuse pour pouvoir fermer les yeux plus de quelques secondes.

La voiture démarra. Valence était éclatante. Le soleil y semblait plus brillant, baignant tout d'une teinte dorée. Les rues de la ville étaient animées, pleines de vie et de couleurs, mais à ma grande surprise, je vis que nous ne prenions pas vraiment la route vers le centre de Valence. Face à mon regard interrogateur, Alex m'expliqua :

- Nous vivons un peu en dehors de la ville ma chérie, ne t'inquiètes pas, tu vas beaucoup aimer.