⚜ Chapitre 2

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Amalys s'était réveillée depuis longtemps lorsqu'un squelette encapuchonné dans sa veste vint apporter un peu de lumière derrière les barreaux de sa cellule. Un peu déboussolée, effrayée, elle leva la tête vers l'étrange individu. Immédiatement, une odeur de poussière lui saisit l'odorat. La même odeur qu'elle avait perçu hier, juste avant de perdre connaissance. Elle frissonna, tant en repensant à ce monstre destructeur d'univers, qu'en entendant la grille crisser sur ses gonds. Il lui fit signe de se lever et de sortir. Elle s'exécuta docilement, tentant tant bien que mal de maîtriser ses tremblements. Elle franchit la porte, le pas hésitant, et la grille se referma brusquement derrière elle. Le squelette passa devant, s'aventurant dans le couloir sombre éclairé à la seul lueur de sa bougie. Elle ne bougea pas tout de suite, restant plantée devant sa cellule sans comprendre ce qu'il se passait. Il ne dit pas un mot non plus. Il continua simplement de s'éloigner, emportant le précieux éclairage avec lui. Rapidement elle comprit qu'il fallait qu'elle le suive et se hâta de le rattraper.

Elle s'était habituée aux monstres. Depuis qu'elle avait découvert le multivers, les squelettes, les lapins humanoïdes, les crôapauds, les lavetoas, les timorènes, et tant d'autre aux formes et noms divers était devenu son entourage quotidien. Elle avait apprit à les connaître, un peu, et ne les trouvait plus si effrayants. Les contes et histoires de son enfance décrivant des monstres sanguinaires et avides de violence avaient rapidement fait place à une toute autre réalité qu'elle avait apprit à accepter. Cependant, celui qu'elle devant elle dégageait quelque chose d'étrangement sombre. Il ne dégageait rien de l'amour et de l'espoir qu'elle avait pu lire chez la plupart des monstres qu'elle avait rencontré jusqu'à présent. D'ailleurs, elle n'avait rien pu lire tout court, son visage étant assombri par sa capuche. Elle ne put que constater que, de dos, il devait bien faire une tête de plus qu'elle contrairement à Sans. Néanmoins il n'égalait pas la taille de Papyrus. Mais contrairement à ce dernier, il était nettement plus effrayant.

Dans les longs couloirs, seul le bruit de leurs pas résonnait. La lumière de la bougie était vacillante, et à chaque seconde, les ténèbres menaçaient de les engloutir. L'obscurité ne la dérangeait pas en général, à condition qu'elle ne soit pas totale. Mais dans ces souterrains, elle se faisait oppressante et elle aurait vite fait de se perdre. Elle aurait aimé se tenir plus proche de la flamme, mais à contrario elle préférait rester le plus possible de ce geôlier.

Bientôt, des escaliers se présentèrent devant eux. Le squelette les grimpa quatre à quatre, et elle peina à le suivre sans devoir se mettre à trottiner. Rapidement, ils débouchèrent dans un immense vestibule. Il y avait quelques torches sur les murs, rendant les lieux moins obscure qu'au sous-sol. Mais l'ambiance n'en était pas pour autant moins lugubre : leur lumière se perdait avant de pouvoir atteindre les voûtes au plafond, à peine discernable. Amalys remarqua une une gigantesque porte à sa droite. Celle-ci était ornée d'impressionnantes arabesques taillées soit à même le bois, soit en pièces de métal ajoutées. Elle réussit à distinguer, malgré la pénombre, une plus petite porte découpée dans l'un des battants.

Soudain, un autre squelette émergea par l'entrée opposée à la leur. Celui-ci ressemblait à Papyrus. Mais habillé plus sombrement. Il passa sans se préoccuper d'eux et passa par une autre porte, disparaissant tout aussi vite qu'il était apparu. Le capuchonné ne fit lui aussi pas plus attention que ça au Papyrus sombre, il souffla la bougie et la posa sur un meuble vestiaire à côté de la porte. Il se dirigea ensuite vers de grands escaliers d'apparat qui encadrait un petit dôme trônant au milieu de la pièce. L'unique accès été une petite porte au devant en ébène. La petite fille le suivit avec hésitation, détachant le regard de cette massive architecture. En haut des marches elle découvrit des couloirs froids et austères, toujours aussi étrangement et lugubrement décorés. Surtout lugubrement. Les quelques tableaux qu'elle croisa la mirent tous plus mal à l'aise les uns que les autres. Et les voûtes lui rappelaient des toiles d'araignées. Ou avait-elle atterrie ? Dans quel univers ? Il n'y avait pas une seule fenêtre par laquelle elle pouvait jeter un coup d'œil et glaner un quelconque indice. Non, tout ce qu'elle avait, c'était le constat que ce château, ou ce manoir peut-être, était effroyablement sinistre. Elle en avait pourtant découvert des choses assez impressionnantes, ces dernier mois. Mais elle n'avait jamais, de tout son périple, entendu parler d'un tel endroit.

Écho du PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant