CHAPITRE 3 : À MON TOUR
DE PARTIR_________________________________________
"Cher journal
C'est à mon tour de partir. Mon père va m'envoyer chez mon oncle près de Caen, mais je n'ai pas envie. J'aime bien Le Havre et je ne connais pas cette ville. Il paraît que c'est pour me protéger en cas de bombardements, mais j'ai de la chance car Alphonse et Gauthier vont venir avec moi."« Manea ! C'est l'heure de partir, ton oncle est là ! » cria sa mère depuis la cuisine.
Manea referma précipitamment son journal et le rangea dans son sac d'école. Il descendit les escaliers quatre à quatre, son cœur battant à tout rompre. En arrivant dans le salon, il vit son oncle en grande conversation avec Alphonse. Gauthier, quant à lui, était occupé à inspecter la voiture.
« Donc tu es le meilleur ami de mon neveu avec Gauthier ? » demandait son oncle en riant.
« Oui, c'est ça, on se connaît depuis qu'on a cinq ans. Et je vous assure que je ne vais pas l'étrangler dans la nuit », plaisanta Alphonse avec un clin d'œil.
« Toi, je t'aime bien », répondit l'oncle, amusé par la répartie du garçon.
Quand son oncle aperçut Manea, un large sourire illumina son visage. Il se dirigea vers lui et le prit dans ses bras pour un câlin étouffant.
« Tu m'as manqué, mon bézot ! » s'écria-t-il, sa voix résonnant dans toute la maison.
« Tu peux me lâcher, j'arrive plus à respirer », souffla Manea en riant à moitié.
Sa mère apparut alors, les yeux brillants de larmes qu'elle tentait de contenir.
« Tu vas me manquer, mon bézot », dit-elle doucement, une main tremblante caressant la joue de son fils.
« Moi aussi, maman », murmura Manea en la serrant contre lui.
« Bon, il est temps de partir, dites au revoir à vos parents », annonça l'oncle en regardant les garçons avec sérieux.
Manea embrassa sa mère une dernière fois, puis se tourna vers ses amis. Alphonse et Gauthier allaient vivre avec lui pendant quelque temps, leurs parents n'étant pas en mesure de s'occuper d'eux à cause de la guerre et de l'augmentation des prix. Il sortit de la maison, jetant un dernier regard nostalgique sur chaque détail, chaque souvenir qui l'y liait.
"Suis-je vraiment obligé de partir ? Je vais laisser ma famille ici, ainsi que toutes les personnes que j'aime. J'ai peur, mais je sais qu'Alphonse et Gauthier seront là pour moi en cas de problème. De plus, je ne connais personne là-bas, et je ne sais pas si les gens sont louches ou complètement tarés ! Mais une chose est sûre : quoiqu'il arrive, je ne serai pas seul et mes amis seront là."
Sur la route, les oiseaux suivaient la voiture, dessinant des arabesques dans le ciel. Les nuages étaient d'un blanc pur et le ciel d'un bleu clair magnifique. Le soleil, bien que caché, laissait deviner ses rayons derrière les nuages. Manea, ses jumelles en main, observait la forêt qui défilait. Alphonse dormait à l'arrière, un léger sourire aux lèvres, et Gauthier, concentré, jouait aux mots croisés. Le silence régnait, seulement interrompu par le doux ronronnement du moteur et le chant des oiseaux.
"Cher journal,
La journée est incroyablement calme, presque trop calme, comme le calme avant la tempête. Peut-être est-ce la dernière journée de tranquillité que nous vivrons. Mais malgré tout, nous sommes ensemble et cela me réconforte.C'est parti pour une nouvelle vie, une aventure qui nous attend, pleine d'incertitudes mais aussi d'espoirs."
A S U I V R E
Merci d'avoir lu <3
C'était un petit chapitre mais l'autre chapitre sera mieux.
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Manea (Et La Guerre)
Historical FictionManea Marcel Letroux, un garçon de 13 ans, vit au Havre en 1939. Le 1er septembre de cette année marque le début de la Seconde Guerre mondiale. Avec la déclaration de la guerre, Manea décide de tenir un journal intime où il consigne en détail ses ex...