𝐄𝐒𝐂𝐀𝐏𝐈𝐒𝐌

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟓

♫ The Beach - The Neighbourhood

ERINE

Le tic-tac de l'horloge sur le mur nous rappelle constamment que le temps passe et que le monde extérieur évolue sans nous. C'est comme si j'étais un fantôme, sans que personne ne me cherche ou ne s'inquiète pour moi.

Je n'ai aucun parent ou membre de ma famille qui m'attend, personne qui a déposé une plainte pour personne disparue à la police. Mon père a emmené la seule famille qui me restait.

Pourquoi les autres sont-ils autorisés à fonder une famille, et moi pas ?

C'est vraiment injuste, et cette pensée me déprime, me faisant sombrer l'estomac au plus bas avec une boule d'anxiété. Je gratte les cuticules de mes ongles en essayant de les repousser pour obtenir une surface plus lisse.

Tic tac, tic tac.

Ce sont les seuls sons que je laisse entendre à mes oreilles alors que je regarde mes genoux et le pantalon de survêtement noir et bouffant que je porte. Il y a quelques jours, ma seule possession était un sac à dos rempli de robes. Je les ai placés tout en bas du sac à dos et je n'ai pas l'intention de les porter à nouveau. Je ne me souviens pas depuis combien de temps j'ai le sac, si je l'ai reçu à Rosenhan's ou avant, quelque chose dont je ne veux pas me souvenir non plus. Pour autant que je sache, je ne possède rien de précieux.

Je tends le cou, sentant le mal de tête imminent se propager dans tout mon corps et irradier la douleur de mon cou. Je ne sais pas pourquoi j'ai mal depuis mon arrivée ici.

Chaque fois que j'essaie de me souvenir de quelque chose qui s'est passé avant d'arriver à Rosenhan's, je suis frappée par un énorme mal de tête qui ressemble à une bombe dans ma tête, prête à exploser mon cerveau en morceaux. Pourtant, je me souviens d'un souvenir qui s'est produit il y a de nombreuses années.

Tic tac, tic tac.

Un profond soupir me sort de ma rêverie tandis que ses réverbérations résonnent dans mes oreilles, et je suis de nouveau ramenée à la réalité.

Merde, combien de temps ai-je été déconnectée ?

Un instant fugace s'écoule avant que je me rappelle que je ne suis pas seule dans la pièce et que je regarde la femme aux cheveux courts et aux lunettes rondes. Ils sont de travers sur son nez, ce qui rend ses yeux drôles, mais je ne suis pas sûr qu'elle le remarque, car elle est trop concentrée sur moi.

N'a-t-elle pas mieux à faire que de me regarder comme ça ?

Je suis assise sur la même chaise où j'étais il y a quatre jours – le jour où je suis sortie d'ici en courant. Elle est assise en face de moi, derrière le grand bureau qui occupe la majeure partie de la pièce.

Qui a besoin d'autant d'espace ?

— Vous avez eu quelques jours pour vous reposer et vous familiariser avec l'institut. Cela signifie que vous obtenez plus de liberté, mais la liberté s'accompagne de responsabilités. Si vous enfreignez des règles, la liberté est réduite.

Abby Williams clique avec son stylo entre les phrases et le son ressemble à celui d'une horloge. Alors qu'elle dérive dans ses pensées, son stylo tape sur le bureau, produisant un son répétitif.

C'est ennuyant.

— Compris ?

Elle me lance un regard perçant, comme si elle me mettait silencieusement au défi de répondre à ses paroles.

Cela fait une semaine que je suis arrivée ici et quelque chose a changé en moi. J'ai du mal à passer la journée et l'effort semble à peine en valoir la peine.