☽ 10. Zélie ☾

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   L'embarras, la culpabilité et la crainte me rongeaient depuis hier. Il avait tout vu. J'étais persuadée qu'il allait absolument tout révéler au lycée. L'angoisse m'avait envahie dès l'instant où il avait quitté la maison.

   J'étais assise dans mon lit en train de réfléchir à tous les scénarios qui allaient s'offrir à moi. Je n'aurais aucune issue si ce qui s'était passé était dévoilé. Le lycée ne serait plus un enfer mais une guillotine. Ça me tuerait, j'en étais sûre.

   Néanmoins, il m'arrivait de penser que Andrew pouvait se taire. Au vu de l'aide qu'il avait tenté de m'apporter la veille, je songeais pouvoir lui faire confiance. Après tout, s'il voulait effectuer une quelconque action malveillante, il n'aurait pas pris la peine de me réconforter.

   Il avait été tellement prévenant, tellement doux. Jamais on ne m'avait montré autant de gentillesse. A chaque baiser qu'il déposait sur mon front ou à la racine de mes cheveux, la pression sur mes épaules s'allégait. Sa simple présence avait réussi à me calmer. Était-ce simplement parce que je ne voulais pas montrer cette facette de moi que j'avais cette impression ?

   Des frémissements m'envahirent alors que je me rappelais de notre proximité de la veille. Ce n'était peut-être rien pour lui mais jamais je n'avais été aussi proche d'un garçon.

   Il ne suffit que de quelques secondes pour que je me souvienne de la conséquence que pourrait causer la connaissance de mon secret. A tout moment, il faisait cela pour se donner bonne conscience alors qu'il n'en avait rien à foutre. Mon anxiété augmentait à mesure que le temps passait. Je n'osais même plus regarder mes réseaux de peur de croiser une rumeur à mon sujet.

   J'essayai d'appeler Linsey mais celle-ci ne répondait pas. Je me mis en boule dans mon lit attendant avec impatience ce qui serait bientôt le jour de ma mort.

   Je n'arrivais pas à me calmer alors je sortis me promener dehors. J'entrepris la balade que nous n'avions pas pu terminer avec Andrew par ma faute. J'observais les paysages avec attention. Il s'agissait de champs labourés autour du quel des arbres avaient élu domicile. Le chemin était fait de cailloux qui se disloquaient sur notre passage. A chaque fois, je manquais de m'éclater la gueule au sol. Le soleil se levait parsemant le ciel de rose, de jaune et de bleu. J'écoutais les oiseaux roucouler et je les regardais voler librement.

   Si seulement mes pensées pouvaient être aussi libres qu'eux...

   Je sursautai lorsqu'une notification se signala. Un message était affiché sur l'écran de verrouillage de mon téléphone.

De Andrew:

Je te promets de ne rien dire. J'aimerais juste qu'on en discute pour que je puisse t'aider. Un ami, ça sert à ça, Zélie.

   Mes yeux s'écarquillèrent tellement que je crus qu'ils allaient sortir de leurs orbites. Je n'aurais jamais pensé qu'il reviendrait après ce qu'il avait vu. Je pensais l'avoir dégouté. Je relus une dizaine de fois le message croyant rêver. C'était une bonne nouvelle mais en même temps, j'allais marcher sur des œufs jusqu'à ce que Andrew comprenne que je n'étais qu'un cas désespéré.

   Il voulait m'aider mais il n'avait toujours pas compris qu'il n'y parviendrait pas. Ça faisait trop longtemps que j'étais dans cet état là et on ne pouvait plus rien y changer. J'avais déjà tenté de me sortir de ce merdier un nombre incalculable de fois et ça avait toujours été un échec. C'était comme un tatouage imprégné si bien dans la peau que même les lasers ne pouvaient pas l'enlever.

    Voyant l'heure de mon bus approcher, je me dirigeai vers ma maison afin de récupérer mon sac et d'attendre tranquillement mon moyen de transport.

SicknessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant