Ceci est une retranscription novelisée de la campagne de jeu de rôle Donjons et Dragons sur laquelle je suis joueuse (la seule d'ailleurs 🥲), et dont @BadLoveBear est le MJ !
Nahuqi est une roublarde, une chapardeuse connue auparavant sous le nom...
Miss Peili. C'est une signature idiote que j'emploie encore parfois, lorsque je veux me présenter sans vraiment en dire plus. C'était mon nom. Avec le recul, je dois avouer que c'est ridicule, ce nom accentue le sens de ma fonction. J'étais un jouet, une version miniature de ce que Pélissier avait souhaité à long terme faire de ma personne. Pélissier était, je le pensais, mon père. Un papa très gentil avec sa petite Miss Peili. Mais papa ne m'a jamais prise dans ses bras. Je me rappelle que parfois, il m'accueillait sur ses genoux pendant qu'il faisait ses comptes. Dans ces moments-là, il se trouvait plus calme, avec une voix doucereuse et me susurrait des sommes d'argent, des noms de riches collaborateurs et de mielleuses attentes quant à mon futur statut d'associée. Dire cela, à une fillette de cinq ans, est-ce que c'est normal ? Bien plus tard, je compris que ça ne l'était pas. Il ne répétait pas ces noms et ces chiffres pour me partager son travail et s'amuser avec sa fille : il me conditionnait.
Argus Pélissier, un homme apprécié de Padhiver qui rêvait de richesse, de reconnaissance et de postérité, d'une gloire méritée et pérenne. Pour un homme sans talent, il s'agissait davantage d'un fantasme que d'un rêve. Cependant, Pélissier savait s'entourer et user des quelques tours de magie qu'il possédait dans sa manche. Et très tôt, il m'apprit l'art de l'escamotage et de la dissimulation, de la tromperie et de la persuasion. Je me rappelle de cette immense chambre, que j'avais découvert à sept ans, lorsque nous avions emménagé à Eauprofonde : tape à l'œil et remplie de jouets mais aussi de livres et de tenues sophistiquées qui ferait rêver n'importe quelle petite fille. Le voyage avait été assez confortable et je ne me rappelle pas m'être plaint de l'attente. Enfant, je passais mon temps le nez dans les livres ou avec un casse-tête entre les mains. Sur le siège en face du miens, dans notre diligence, Pélissier me regardait d'un œil satisfait, lorgnant sur mes mains habiles qui manipulaient les cubes de bois encastrés les uns dans les autres. Le but ? Les séparer en les faisant glisser dans des encoches très précises, dans un ordre établi, pour parvenir à libérer le cube central. J'adorais ces jeux. Et aujourd'hui, je compris qu'ils faisaient partie d'une machination plus grande.
Je ne sais pas qui sont mes vrais parents. La bourgeoisie de la circonscription du Château à Eauprofonde disait qu'il était si dommage que ma mère soit morte en couche, pour ne pas être là aujourd'hui pour voir à quel point sa fille était polie, bien élevée et douce comme un agneau. Qu'elle avait fait le sacrifice ultime pour me prouver tout l'amour qu'elle me portait : Sa propre vie, contre la mienne. Je ne comprenais pas la subtilité de cette révélation, mais petite, je me rappelle avoir nourri une tristesse profonde au souvenir de cette mère inconnue. Pélissier s'assurait, dans les moments de remontrance, de me rappeler à quel point ma mère serait déçue si elle me voyait échouer ou lui désobéir.
La maison d'Eauprofonde, vaste et dotée de cachettes et de pièces secrètes se trouvait au-dessus de la boutique tenue par Pélissier et ses employés. Une boutique vendant parchemins, artefacts magiques et formules miracles. Une boutique vite devenue une référence dans la circonscription du Château, l'une des circonscriptions les plus riches de la ville. Adolescente, j'avais commencé à me rendre compte que la sortie d'un nouvel article, d'une trouvaille fabuleuse, précédait souvent les affaires dont j'avais la charge. Car en effet, si mon éducation avait été si méthodique, c'était pour mieux me mettre à contribution arrivée à un âge raisonnable.
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