Chapitre un

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Je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Le même cauchemar, encore une fois. Je cours dans des ruelles sombres, criant le nom d'Iris, mais elle reste introuvable, comme une ombre insaisissable. Je passe une main tremblante sur mon front moite, essayant de chasser les images qui tournent en boucle dans ma tête.

Cela fait un mois qu'Iris a disparu. Un mois de silence oppressant, ponctué seulement par les échos de conversations à voix basse entre mes parents, les murmures inquiets qui envahissent chaque coin de la maison. La police a fini par retrouver sa trace. Ils disent qu'elle est vivante, qu'elle se trouve avec son petit ami, un homme de vingt-cinq ans que personne dans la famille ne connaît. Mais malgré cela, Iris n'est pas rentrée. Elle reste injoignable, hors de portée, comme si elle était prisonnière d'une cage invisible.

Je ne supporte plus cette attente, cette impuissance qui me ronge de l'intérieur. J'aime ma cousine comme une sœur, un lien que rien ne semble pouvoir briser, pas même la distance ou le danger. Alors, cette nuit-là, alors que le silence de la maison devient insupportable, je prends une décision.

Je me lève doucement de mon lit, jetant un coup d'œil à l'horloge. Trois heures du matin. Mes parents dorment profondément dans la chambre voisine, inconscients de la tempête qui gronde en moi. Le plan que j'ai échafaudé en secret est prêt à être mis en œuvre. Chaque détail a été soigneusement pensé, chaque risque mesuré. Je sais que ce que je m'apprête à faire est insensé, dangereux, mais rester là, passive, est une torture encore pire.

J'allume discrètement mon ordinateur portable. Le fond d'écran illumine faiblement la chambre, projetant des ombres tremblotantes sur les murs. Après des heures de recherches infructueuses sur les réseaux sociaux et dans les archives des conversations d'Iris, j'ai décidé de recourir à une méthode plus risquée. Je me connecte au chat en ligne où je sais pouvoir trouver l'aide dont j'ai besoin.

L'ami de mon frère, un passionné de technologie, utilise le pseudonyme de "ByteMancer". Un surnom qu'il a choisi pour ses talents à contourner les systèmes de sécurité, à trouver des informations là où personne d'autre ne penserait à chercher. Je ne l'ai jamais rencontré en personne, mais je sais qu'il est fiable. Enfin, je l'espère.

La conversation est brève. Il me demande pourquoi je veux localiser un téléphone sans l'autorisation de sa propriétaire. Je n'ai pas d'autre choix que de lui dire la vérité. Que ma cousine a disparu, que la police l'a localisée mais qu'ils ne font rien pour la ramener. Que je suis la seule à pouvoir l'aider. Il hésite, mais finit par accepter. Quelques minutes plus tard, je reçois un fichier avec des instructions précises. Mon cœur bat à toute allure alors que je suis les étapes. C'est comme jouer avec le feu, mais je ne reculerai pas.

Enfin, le point bleu apparaît sur la carte. *East Highland.* C'est là que se trouve Iris, ou du moins son téléphone. Je ressens un mélange de soulagement et de peur. Cette ville, je n'y suis jamais allée. Elle est à plusieurs heures de bus de chez moi, mais je sais que je dois y aller. C'est là que tout commence.

Je prépare rapidement un sac : quelques vêtements, l'argent que j'ai économisé ces derniers mois, et une vieille carte de la ville trouvée dans le grenier. Chaque mouvement est mécanique, comme si mon corps agissait de lui-même pendant que mon esprit lutte contre l'angoisse. Avant de sortir, je m'arrête un instant devant la porte de la chambre de mes parents. Un dernier regard en arrière. Je sais qu'ils ne comprendraient jamais pourquoi je suis partie comme ça, sans un mot. Mais je dois le faire.

Je prends une profonde inspiration, ouvre la porte d'entrée et quitte la maison. L'air frais de la nuit me frappe le visage. Une brise légère effleure ma peau, comme pour me demander si je suis prête à affronter ce qui m'attend. Je n'ai pas de réponse, juste une certitude : je ne reviendrai pas tant que je n'aurai pas retrouvé Iris.

Les rues de la ville sont désertes, mon sac serré contre moi, mes pas résonnant sur le bitume. Chaque pas me rapproche un peu plus d'Iris, et c'est tout ce qui compte. Je ne sais pas encore où tout ça va me mener, mais je suis prête à aller jusqu'au bout.

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