40. Poker

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♫ Leaving tonight – The Neighbourhood

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♫ Leaving tonight – The Neighbourhood

Le trajet jusqu'à l'hôpital est d'un silence étouffant, mais je n'ai que faire des mots à cet instant.

Lorsque nous franchissons les portes, cette odeur âcre et familière me saisit à la gorge - un mélange de désinfectant et de souffrance qui n'est propre qu'aux hôpitaux. Je vois Orion se raidir tandis que nous approchons de la chambre d'Helen. Son angoisse est palpable, irradiant dans l'air comme un compte à rebours funeste.

Nos regards se croisent brièvement. Je hoche la tête pour lui insuffler ma détermination, et ma main se pose sur son bras avec une douceur que je ne me connais plus. Un geste simple mais chargé d'une tendresse à me briser le cœur.

— Observe ta grand-mère, et l'étincelle qui brûle encore au fond de ses yeux. C'est cette flamme que tu dois raviver en toi.

Il serre les mâchoires et pousse la porte. A l'intérieur, un corps frêle et recroquevillé - celui d'Helen. Mais au milieu des chairs flétries, une étincelle vive brille dans ses yeux lorsqu'elle nous voit entrer.

— Mes chers enfants... murmure-t-elle en un sourire radieux.

Je m'approche la première et saisis délicatement sa main décharnée. Sa peau est si fragile...

— Comment tu te sens, aujourd'hui ? L'interroge son petit-fils.

Un rire bref franchit ses lèvres gercées. Elle sent de nouveau ce parfum de lavande qui me plait tant chez elle.

— Misérable... Les toubib disent que mon mal des vieux s'aggrave. Mes os se font la malle !

Son regard dérive vers Orion qui reste immobile, paralysé par ses pensées.

— Allons, approche mon grand ! Ne reste pas planté là !

Je vois Orion déglutir péniblement avant de faire un pas en avant. Son regard croise celui d'Helen. Soudain, son visage s'illumine d'un sourire que je ne lui ai jamais vu. Quelque chose d'intense et de vivant vient de s'éveiller en lui.

À cet instant précis, je sais que les mots que je lui ai glissés viennent de prendre leur plein sens. Il a enfin trouvé son ancrage, cette lueur à raviver brillant malgré tout au fond des yeux d'Helen. La flamme qui va le ramener parmi les vivants.

Mais en moi, un pincement douloureux m'étreint la poitrine à la vue d'Helen, si frêle et diminuée. Une vague de tristesse afflue en moi, roulant comme un flot que j'ai peine à contenir. Une boule gonfle dans mon ventre tandis que je contemple sa main parcheminée, ses doigts noués par l'arthrose.

Ma main serre un peu plus fort celle d'Helen, presque malgré moi.

— Ce n'est pas juste..., je murmure d'une voix éraillée.

Ma gorge se noue, mais aucun sanglot ne vient pour l'instant. Juste cette affliction lancinante, ce poids lourd qui comprime ma poitrine. Des prémices d'émotions qui griffent les parois de ma coquille vide.

Sous l'étoffe de nos âmes [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant