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Les paroles d'Amber me tournent dans la tête depuis hier. Comment je peux vivre ma vie à fond ? Je ne sais pas comment faire. Dix huit ans de merde, je ne sais plus comment m'amuser. Mais je m'en fou un peu, il doit y avoir des milliers de trucs à faire sur cette île paradisiaque.

Un pull m'est éjecté dessus, à croire que la personne a su que je commençais à avoir froid, avec le vent de la mer. Mais bon, il n'y a que lui qui peut faire ça .

- mets ça

J'enfile le sweat et reste silencieuse. En ce moment je n'ai pas grand chose à dire ni à Brandon ni à lui. J'ai besoin de calme mental pour digérer la nouvelle et devoir vivre avec. Ça a l'air d'être trop demandé d'ailleurs

- ça va ?

- oui

- tu es peu bavarde ces temps-ci

Évidemment

- je n'ai pas spécialement envie de parler.

- même à moi?

Et tu es qui pour vouloir être une exception ?

- oui

- et pourquoi ?

Un blanc s'installe entre nous. Je dois bien dire que c'est bizarre de parler de ça.

- parce que je suis de la mafia

Il a conclu tout seul

- je ne l'ai pas fait exprès, dit-il tendrement

- ça c'est la meilleure

On rajoute une petite touche de sarcasme

- donc tu t'es fait malmené ? Embarqué dans tout ça, sans que tu ne le saches

- t'es pas la seule à avoir eu une enfance difficile

- sauf que moi c'est toute ma vie

- tu sais quoi? Ça ne vaut pas la peine de se disputer à cause de ça

Ah bon ?

- je voulais juste te parler, savoir comment t'allais mais t'es pas d'humeur à ce que je vois

- peut-être parce que tu t'y prends mal

- et tu veux que je fasse quoi ?

- l'ancien Alvaro le serait lui.

Il se lève et redresse son pantalon

- il n'y a jamais eu d'ancien ou de nouveau avec moi. Tu n'as pas le temps d'écouter ce je veux te dire.

- dis le moi alors

- tu t'en fou trash à coup sûr. Tu compares toujours les histoires des autres à la tienne. Il n'y aura que toi qui compte toujours au final.

- je me soucie assez des problèmes des autres

- t'es sûre ?

J'acquiesce

- je ne crois pas parce que si tu te souciais vraiment des autres, tu te soucierais de ce gars qui afait des conneries, qui essaie de se rattraper parce qu'il t'aime et que tu recales.

Il raconte ce récit calmement. Cela m'étonne de lui.

- je fais des efforts pour toi que tu ne prends même pas la peine de voir.

- cite.

-  j'ai arrêté la drogue et ça je sais que tu ne le savais pas.

- c'est tout ?

- t'es ingrate

- tu n'as que ce mot à la bouche toi hein !

- tu veux une preuve de ton ingratitude ? C'est qui à ton avis qui a renfermer ton avare de père et son fils ?

- c'était toi ?

- et après ça, tu ne me remercie même pas.

- je ne savais pas...

- Regina, je m'en suis voulu à mort quand j'ai appris que tu ne m'avais jamais trompé. J'ai longtemps essayé de me faire pardonner mais c'était trop tard. T'étais déjà partie. Alors dis moi

Il pose un genou par terre et m'attrape les mains. Une larme chatouille ma joue.

- dis moi que tu ne veux plus de moi, je te laisserais en paix à vie mais dis moi.

Je me noie dans son regard. Mon coeur battant fort. Ma gorge se serre, je ne peux sortir aucun mot.

- j'en étais sûr

Il me fait un sourire désolé en se levant.

- merci d'avoir fait parti de ma vie.

Il me tourne le dos.

Les larmes s'enchaînent. C'est après cet instant que je réalise que je l'ai définitivement perdu. Celui que mon coeur aimait malgré tout.

HidalgoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant