Hunger Games - Le rêve de Megumi

Que les 72ème Hunger Games commencent

    Un coup de gong retentit, puissant, violent, soudain, et il résonna dans toute l'arène avec tant de force que l'air se mit à vibrer. Il frappa Megumi, traversa son corps en agitant ses membres, en remuant son sang dans ses veines comme si une mer déchaînée l'habitait, et assomma son esprit. Son ouïe disparut, ses pensées s'éteignirent, et toutes les sensations d'anxiété qui tourmentaient son âme s'évanouirent. Il n'y avait plus rien en lui, seul son corps réagit. Il n'était plus qu'une réaction physique pure face à la mort.

    Il bondit de son socle et atterrit à terre, dans l'herbe sèche qui couvrait le sol de l'arène. Ses jambes et ses bras s'actionnèrent d'elles-mêmes, et il s'élança à toute vitesse vers la Corne d'abondance, là où se ruaient déjà la moitié des tributs. Ses yeux étaient rivés sur l'arc en face de lui, adossé contre un sac à dos noir, parfaitement en évidence. Il courut vers lui à une vitesse folle, sans craindre de glisser sur l'herbe, sans faire attention aux tributs autour de lui, sans même sentir son corps bouger. Ses jambes couraient sans son consentement, ses bras se balançaient sans qu'il ne s'en rende compte, tout son corps avait pris le dessus sur son esprit. Il n'avait jamais couru aussi vite qu'en cet instant, si bien qu'il fut dans les premiers tributs à atteindre la Corne d'abondance et des armes qu'elle abritait. Mais une silhouette apparut bientôt dans son champ de vision, celle d'un homme qui se dirigeait vers le même endroit que lui. Il n'y fit pas attention, et continua de courir vers l'arc, alors que la silhouette se rapprochait de lui. Et lorsqu'il réussit à l'atteindre, il se jeta dessus pour s'en emparer, au moment même ou quelqu'un lui rentrait violemment dedans.

    Il eut à peine le temps de pousser un cri de surprise que son corps heurta le sol, et son souffle se coupa. Son cœur se remit aussitôt à battre dans sa poitrine, le son lui revint d'un coup et l'assourdit, et une peur écrasante envahit son corps. Il roula sur lui-même, le corps mêlé à celui du tribut qu'il avait entraîné dans sa chute, alors que ses sens étaient agressés d'une multitude d'informations. Des hurlements, des armes qui s'entrechoquaient, le bruit de la chair qui se déchirait, le sang qui giclait. Tout cela lui parvenait à présent, il se trouvait bien en plein milieu de la Corne d'abondance, au cœur des combats. Mais lorsqu'il se rendit compte de cela, il s'interdit d'y penser davantage, et se força à reprendre le contrôle. Il se dégagea du tribut qui lui avait foncé dessus pour le projeter au sol, et plongea ses mains dans la terre pour se relever. Il vit rapidement l'arc, qu'il avait lâché en tombant, et se précipita dessus, mais une main agrippa sa cheville et le tira en arrière. Ses chaussures glissèrent sur l'herbe, il tomba face contre terre et poussa un hurlement, avant que son menton ne frappe le sol et que le choc résonne dans toute sa tête. Sa vue se brouilla quelques secondes, mais son corps parvint à réagir et il n'attendit pas de se remettre de sa chute. Il s'agrippa à l'herbe et se redressa difficilement, avant de ramper vers l'arc pour le récupérer. Il tendit la main pour essayer de l'attraper, mais un corps s'abattit sur le sien et le paralysa. Une main attrapa ses cheveux, des cuisses entourèrent sa taille, et un souffle tomba sur son oreille.

    — Désolé ! eut le temps de dire Ryômen avant de frapper avec force son visage contre le sol.

    Megumi ferma les yeux et encaissa le choc en criant. Le coup était puissant, mais il avait connu pire. Son corps ne lui laissa pas le temps de réfléchir, et il ne laissa pas la douleur s'installer en lui. Il se retourna sur le dos et croisa le regard brûlant de Ryômen, qui le surplombait de toute sa hauteur. Megumi l'avait déjà reconnu au son de sa voix, à son odeur et à la sensation de son corps sur lui. Il savait qu'il viendrait à sa rencontre et qu'il essaierait de récupérer l'arc, c'était bien pour cela qu'il était là. Mais il fit mine d'être surpris en le voyant et écarquilla les yeux, en lui lançant un regard trahi.

    — Je croyais que tu voulais qu'on soit alliés ! cria-t-il d'une voix tremblante.

    — Avec toi, jamais, répliqua Ryômen en levant son poing.