Chapitre sept : Cas désespérés
Kéan Roberts,
Portland, Maine, États-Unis.
Je me garai sur le parking du foyer. Je soufflai alors que je voyais déjà que la voiture d'Amelya, avec qui j'avais passé la soirée, était là. Je ne devais pas la revoir à la base, je m'étais promis de ne pas le refaire parce qu'on avait déjà essayé, ça ne fonctionnait pas, ça ne servait plus à rien de continuer.
Je sortis de ma voiture et une brune fit de même quelques mètres plus loin. Je me rappelais maintenant la raison pour laquelle j'avais fini par coucher de nouveau avec Amelya.
— Bonjour ? Lança Graham en arrivant à côté de moi.
— Tu as eu le temps d'apprendre la ponctualité, dis-je en refermant ma portière.
Elle ne répondit rien et se mit à marcher énervée sûrement. Nous rentrâmes dans le foyer et nous apprêtions à prendre le relais de ceux qui étaient rester la nuit avec les jeunes et les avaient encadré avant qu'ils n'aillent en cours.
Graham portait des bottines à talons noirs, un jean et un chemisier. Elle tenait son sac dans une main et son Thermos dans l'autre. Elle avait l'air d'être une femme active alors qu'elle et moi, nous savions qu'elle était une mauvaise personne.
Le psychologue Castle arriva en face de nous et Graham s'arrêta net. Je fis de même pour e pas lui rentrer dedans. Il avait presque la quarantaine et une calvitie qui s'accentuait à chaque ragot de merde qu'il colportait auprès des jeunes.
Ce n'était pas le genre de type avec qui j'appréciais converser. En fait, plus je lui parlais, plus j'avais envie de le frapper. Mais quel exemple aurais-je donné en faisant cela ?
— La rumeur est donc vrai ? Elle est de retour, lança-t-il à Graham.
— Dégagez de mon espace vital.
— Toujours autant violente à ce que je vois.
La scène était étrange. Je m'approchai d'elle pour essayer de la contraindre à reprendre sa route. Cependant je me rendis compte qu'elle était en train de trembler .
Ce n'était pas vraiment son genre de se laisser déborder par ce qu'elle était en train de ressentir.
— Viens.
Ma rage contre elle était toujours là, mais elle allait exploser si je ne faisais rien. Et pour nous tous, il valait mieux ne pas que ça arrive.
Graham bougea enfin, reprenant sa route et creusant méthodiquement l'écart entre nous. Elle était une espèce de maniaque du contrôle, comme beaucoup de jeunes ici. Le souci avec elle, c'est que lorsqu'elle arrêtait de tout tenir, elle pouvait surtout tout réduire en fumée.
Elle n'avait pas de limite. Elle avait déjà tout perdu, à quoi bon préserver le reste ? C'était inutile.
— Tout va bien ? Demandai-je en arrivant dans la cuisine.
Je ne faisais que de la suivre. Elle avait voulu aller jusqu'ici, je faisais pareil. Encore une fois, elle menait la danse et moi je me contentais de la suivre pour éviter les drames. C'était notre manière de fonctionner.
— Graham...
— C'est bon je vais bien, lâcha-t-elle en posant bruyamment le récipient en acier inoxydable sur le meuble devant elle. Je vais merveilleusement bien.
Elle mentait, et c'était clair. Mais devais-je véritablement le relever ? C'était Graham, elle était terrible et elle avait failli tout me faire perdre à cause de ses conneries, mais elle était aussi ma stagiaire et elle n'avait pas l'air de porter ce connard de Castle dans son cœur. Je ne l'appréciais pas non plus.
— Tu veux boire... quelque chose de fort ?
Elle se mit à rire amèrement.
— Je ne peux pas boire.
— Tu es enceinte ? Ça me donnerait une bonne raison de te chasser de mon univers.
— Non, j'ai un traitement et puis déjà, je suis en train de travailler alors ne me proposez pas ce genre de chose.
Elle avait l'air d'avoir une conscience professionnelle. C'était étonnant venant d'elle. Je ne m'attendais pas à cela. Mais je ne la connaissais pas. Je le savais à présent. Elle manipulait tellement son monde qu'on ne pouvait jamais vraiment savoir de quoi elle était capable.
— Ok... tu peux m'expliquer le problème avec Castle.
— Tout le monde à un problème avec lui. Je ne suis pas la première et sûrement pas la dernière.
Je m'appuyais sur l'îlot central. La migraine commençait à m'assaillir mais je devais tenir une journée et même la nuit. C'était moi qui allait bientôt avoir besoin d'un verre. Qu'est-ce qu'elle me faisait ?
— Vous faites un AVC ? Finit par dire Graham.
Je m'écartai d'elle. Je sortis même de la pièce pour me mettre au travail. Nos jeunes étaient de plus en plus intenables et ils en venaient même à se mettre en danger.
Je n'avais pas plus de temps à donner à cette femme qui ne savait que mentir.
***
La journée étaient longue, bien trop longue à mon goût. Et depuis une dizaine de minutes, les garçons avaient décidé de se jeter des boules de vêtements. Je massais mes temps alors qu'Amelya essayait de s'imposer.
Le problème c'était que tout pouvait rapidement dérailler à n'importe quel instant. Et lorsque j'entendis un bruit dans l'escalier, je sus que tout était en train de partir en vrille.
J'arrivai en bas de celui-ci et vis Josh sur le dos en train de geindre de douleur.
— Il a glissé, lança une voix.
Je levais les yeux pour voir Graham appuyée contre la rambarde.
— Et je ne mens pas, il a glissé sur un tee-shirt.
— Josh relève-toi et arrêtez de faire les idiots, vous aller vous blesser, dis-je.
Ils obtempérèrent tous sans rien dire. J'entendis Amelya souffler bruyamment. La journée était atrocement longue pour tout le monde. Ma stagiaire descendit et elle s'approcha de moi en regardant sa montre avant de dire :
— Il est l'heure...
— Ah c'est vous que je cherchai !
Nous nous tournions pour voir Natasha, la nouvelle directrice foyer, devant nous. Elle avait été parachuté ici après de nombreux changement dû à l'affaire Melody Barnett qui avait provoqué des enquêtes dans tous les foyers de Portland.
Certaines filles se prostituaient avant même de quitter les lieux, les garçons dealaient, et ils faisaient parfois pire. Les directeurs avaient été remercier, des éducateurs avaient aussi perdu leurs jobs si jamais ils avaient annoncé avoir eu vent des soucis avec les jeunes sans les aider.
Je n'avais pas été renvoyé. Parce que j'avais toujours cherché à les sortir de leurs vices. Je n'avais pas toujours réussi malheureusement.
— Comme je viens d'arriver, je ne connais pas encore beaucoup l'endroit et les jeunes. Je voulais voir avec vous Kéan et vous Graham, en tant qu'ancienne jeune ici, si je pouvais avoir vos regards.