Chapitre 9

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Nous sortons de la chambre pour aller dans le couloir. Hartwell ferme la porte derrière nous.

― Il vous a parlé de ce style de douleur? nous demande le médecin.

― Non, répondons-nous d'une même voix.

― Vous avez déjà entendu parler des douleurs du membre fantôme? Peut-être que Morten l'a déjà évoqué?

― Non, dis-je à nouveau.

― Vite fait, répond Quin.

― Il ne délire pas, commence le médecin, la douleur est réelle. Nash est né avec ses deux jambes et deux pieds, son cerveau voit donc toujours cette image de lui. S'il dit qu'il a mal alors que ça concerne une partie de son corps qui n'existe plus c'est parce que le cerveau a une image biaisée de son corps. Quand certains sont amputés d'une jambe, nous plaçons un miroir entre les deux jambes pour refléter la jambe intacte afin de calmer la douleur, nous ne pouvons pas le faire pour Nash mais la morphine a l'air de bien marcher pour lui. Nous essaierons quelque chose de moins fort plus tard mais pour l'instant nous lui donnons ça quand il a une douleur du membre fantôme. Si vous avez des questions, je suis là pour y répondre, mais je tenais à vous l'expliquer car ça peut paraître bizarre d'avoir mal alors que le membre n'existe plus, mais la douleur est réelle.

― Je ne savais pas, merci Hartwell, lui dis-je. Je pensais que c'est parce qu'il n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'il était amputé.

― Nash a compris sa situation et il accepte les soins que nous lui procurons. Il est prêt à faire de la rééducation et avoir des prothèses dès qu'il le pourra. Il ne faut pas oublier qu'il n'a que dix-sept ans, Nash n'y arrivera pas sans soutien. Il peut avoir une baisse de moral à tout moment, bien qu'il ait rapidement accepté la situation, rien ne dit que ça sera pour autant facile. Les professionnels de santé feront tout pour l'aider mais il a besoin d'un soutien moral que nous ne pourrons lui apporter.

— On sera là pour lui, assurons-nous en chœur.

Le médecin hoche la tête puis s'en va. Nous retournons dans la chambre et nous nous réinstallons aux côtés de notre compagnon.

— Que vous a-t-il dit? nous questionne le miraculé.

— Il voulait nous parler des douleurs du membre fantôme, répond Quin.

Il hoche la tête. Je change de sujet en parlant de hier soir quand Lyall était très heureux d'avoir un appel de son frère.

Les heures défilent et nous arrivons à arracher plusieurs sourires et rires à notre compagnon.

— Nous allons te laisser te reposer, dis-je en me levant du lit.

Je bisoute ses lèvres à plusieurs reprises avant d'en faire un plus long. J'espère tellement qu'il ressent tout l'amour que je lui porte. Quin lui donne aussi un long baiser. Ils sont si beaux tous les deux. Je claque un baiser sur sa joue puis nous sortons de la chambre mais sans que nous ne sachions pourquoi, Nash explose en sanglots. Ça me fend le cœur de le voir aussi mal. Nous retournons dans la chambre d'hôpital et allons à son chevet. Je le prends dans mes bras puis Quin nous enlace tous les deux.

— Je suis désolé.. je suis désolé.. tellement désolé.. répète Nash tout en pleurant encore plus fort.

— Désolé de quoi, bébé ? lui demande Quin. Ce qui s'est passé n'est pas de ta faute, Nash. Nous aurions dû te protéger tout comme t'as souhaité le faire avec tes parents. C'est nous qui sommes désolés, et moi particulièrement parce que j'étais au courant que tu étais dans la forêt.

Le plus jeune secoue la tête de gauche à droite.
Les larmes me montent aux yeux. Je prends sur moi pour ne pas me mettre à pleurer afin d'éviter ce poids à Nash.

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