𝑻𝒖 𝒑𝒆𝒖𝒙 𝒃𝒓𝒊𝒔𝒆𝒓 𝒎𝒐𝒏 𝒎𝒐𝒏𝒅𝒆...
Vaella n'était pas destinée à de grandes choses.
Mais quand sa meilleure amie et princesse a besoin de son aide, elle ne peut se dérober.
Vaella lui a donné son cœur, il y a de ça bien longtemps.
Elle...
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La suite est à l'image du reste du palais : superbe. Un puits de lumière étincelant de pierres précieuses. Je n'ai pas le temps de m'attarder que les caméristes me tirent déjà vers une immense baignoire en verre, dans une étrange pièce creusée à même la roche, engloutie sous des plantes de jungle. Phalangères et ficus se battent dans la moiteur de la pièce, et j'essaye de lutter contre le sentiment de culpabilité qui m'étreint tandis que je me glisse dans l'eau chaude et laiteuse.
Quand le savon touche mes plaies, je grimace de douleur, mais les caméristes sont douces avec moi. Les voilà qui s'affairent autour de moi, avec douceur. Des hématomes que je n'avais pas vus s'épanouissent sur une grande majorité de mon corps, et je remercie la bataille de donner un sens aux diverses blessures que m'a infligée Seth.
Elles passent un baume réparateur sur les diverses coupures, et je prie la Déesse pour qu'elles soient assez cicatrisées si je dois les montrer à qui que ce soit au courant de leur existence...
J'aimerais profiter de ce moment de répit mais mon cœur bat la chamade, car je ne suis pas habituée à avoir tout un ballet de servantes autour de moi – même si j'ai toujours eu une place particulière au sein de la cour Tempête, je n'ai jamais eu personnel à mon unique service. Et personne ne m'a jamais vue nue, en dehors de Saera...
Ce qui, étonnamment, n'est plus un sujet d'inquiétude après avoir failli y passer la nuit dernière. J'ai l'impression d'être une poupée dont on s'occupe, et je me laisse porter par le moment, priant pour qu'Elle m'entende...
Même si ma foi pourrait avoir pris un sacré coup cette nuit, je veux croire qu'Elle a un plan. Que tout cela n'est pas vain.
J'enfile les vêtements que l'on m'a apportés. Typiques du Béryl, je mets un instant à m'habituer à la finesse du tissu, et au fait qu'ils n'aient pas de bustier. Ce qui est plutôt agréable. Je troque donc ma robe en lambeaux pour un ensemble rouge et noir, dont le bas est un pantalon bouffant, qui ressemble aux voiles d'un bateau. De loin, on ne saurait dit ce que je porte réellement. Le caraco est réhaussé de rubis et de béryls et je sais que Saera aurait adoré ce genre de tenue.
Je garde les bijoux que j'ai reçus pour le Bal de l'Hiver, les caressent comme la dernière trace d'appartenance à mon passé. Une fois coiffée par les doigts agiles d'une des servantes, je sors de la pièce, étonnée de ne pas avoir froid alors que ma tenue est légère. Il règne une douce chaleur dans le palais à laquelle je ne suis pas habituée ; la cour Tempête porte bien son nom, le château est toujours plein de vilains courants d'air, perché au sommet de sa montagne.
Quand je sors de la chambre, Seth m'attend déjà adossé contre le mu, et il marque un temps d'arrêt en me découvrant. J'ai demandé une tresse poisson lâche, comme les aimait Saera. Je dois lui ressembler plus que de raison, mais il acquiesce, apparemment satisfait de ma transformation.
— Nous pouvons y aller, indique-t-il au garde béryl qui acquiesce pour nous diriger vers la salle du trône.
Je reste toujours bouche bée face à l'immensité des lieux. Je contiens ma surprise, tente de jouer au mieux le rôle que l'on m'a confié. Même en tant que dame de compagnie de Saera, je n'ai jamais quitté le giron du palais Tempête. J'étais rarement présentée aux autres délégations royales, car je n'avais pas encore « fait mon entrée dans le monde ». Saera, quant à elle, a toujours été mise en avant, et ce, depuis sa plus tendre enfance. En grande partie parce qu'elle était le joyau Tempête, prêt à être marié lorsqu'elle en aurait l'âge.
