PARTIE 1:L'ENFANT_ Chapitre 9

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- Tu penses que je prends ça... ? questionna mollement Hiroki.

C'était le jour de son départ, et il n'avait même pas commencé à rassembler ses affaires, malgré ses dires. Il n'en avait d'ailleurs aucune envie. En effet, malgré tout son courage et sa volonté, se rendre à l'incinération de ses parents restait une épreuve. Il n'avait aucune envie de quitter le dojo, où il trouvait un semblant de réconfort grâce à ses progrès et à ses amies, qui faisaient tout pour le distraire.

- Non, c'est trop chaud. Prend plutôt cette tunique. Et inutile de prendre plus de six tenues, après tout tu ne restes que dix jours, corrigea avec énergie Asuka.

Elle, au contraire du garçon, était en pleine forme. En effet, maitre Hotinaru lui avait accordé l'Adi la veille. Hiroki aussi l'avait obtenu. Les trois amis avaient fêté cet événement dans leur base, veillant jusque tard, heureux de progresser sur la voie qu'ils s'étaient choisie.

Orinaïa n'était pas là. Elle s'entrainait avec Hotinaru. Hiroki avait été dispensé de ce cours afin de préparer ses affaires, puisqu'il partait le jour même. Elle s'était excusée, mais ses deux amis savaient que jamais elle n'annulerait un entrainement au sabre.

Après moult hésitations, il avait été décidé que le garçon ne prendrait pas son sabre. Il n'en avait pas besoin et c'était plutôt mal vu d'arriver avec une arme à une crémation, cérémonie de paix dans la culture nasudienne. Hiroki l'avait regretté, mais il avait conscience de l'importance de ne pas froisser ses proches en ce jour particulier. Tout le monde serait tendu, inutile d'en rajouter.

- Ok. Bon bah il me reste que trois hauts et deux bas à prendre. Plus les affaires de mes parents qu'il faut que j'amène.

Asuka hocha la tête et ils s'activèrent en silence. Dehors, Orinaïa combattait. Comme toujours, elle réfléchissait à toute vitesse. Les coups s'enchainaient, ses kitanens virevoltaient. Un ballet unique qu'elle était seule à diriger. Un enchainement qu'elle ne cessait d'améliorer pour devenir meilleure. Toujours. En face d'elle, Hotinaru souriait. Il répliquait avec fluidité, contrant tout en douceur les attaques de son élève. Orinaïa était, comme à chaque fois qu'un duel les opposait, subjuguée par la fluidité avec laquelle il combattait. Son sabre semblait être le prolongement de son être, sa volonté se déversant le long du fil de l'arme pour former des lignes sinueuses dans l'air. Sa façon de combattre ressemblait à l'écoulement d'une rivière. Jamais il ne s'arrêtait, et pourtant chacun de ses mouvements semblait suspendu. Elle savait qu'en face d'elle se trouvait un grand maître, détenteur du Dassu. Elle n'en était que plus déterminée à donner le meilleur d'elle-même.

- Stop, Orinaïa. Ecoute-moi.

La jeune fille s'arrêta, surprise. Son maitre avait baissé sa lame, et semblait irrité. Son sourire l'avait quitté.

- Qu'y-a-t-il ? Je n'ai pas l'impression d'avoir fait un faux mouvement...

- Ce n'est pas la question. Tu te bats très bien, tes techniques sont parfaitement exécutées. Tu es rapide, tu sais juger la situation, donner la réponse adaptée et tu es forte physiquement. Tu es une élève de niveau un, aucun doute là-dessus. Mais ce n'est pas de ça dont je te parle.

Orinaïa se mordit la lèvre. Elle ne comprenait pas le problème, mais sentait qu'il était de taille.

- Tu comprends ? reprit-il. Je vois bien dans tes yeux que tu saisis comment je me bats. Tu vois la fluidité, la danse, la légèreté et l'intuition d'un combat. Or tu ne l'appliques pas. Tu combats à la manière d'un ferrailleux Tacnong ! Ce n'est pas ce qui est attendu d'une élève au potentiel aussi élevé que le tien !

- D'accord... Je peux réessayer ? demanda timidement Orinaïa. Je ne voulais pas vous décevoir.

- Tu ne m'as pas déçu, Orinaïa. Tu es simplement à un tournant de ton apprentissage. Et non, tu ne peux pas réessayer. Pour progresser, c'est dans ta tête que tu dois travailler, et surtout seule. Nous n'aurons plus d'entraînement ensemble pendant les prochains jours. Cela prendra le temps qu'il faudra, mais tu trouveras ce qui cloche. Seule. Ne te fais pas aider, d'accord ?

L'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant