Chapitre 26 : Le vol de la cargaison

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Depuis leur arrivée à l'Est, Soya et Dante avaient rapidement pris leurs marques. Kaito, fidèle à ses ordres, leur offrait un soutien logistique et tactique sans faille, testant leur compétence à travers des tâches de plus en plus complexes. Soya remarqua très vite que Kaito exécutait les ordres de Taïga avec une loyauté absolue, même si, parfois, il semblait en désaccord avec certains aspects de cette collaboration. Cette rigueur souleva chez Soya une forme d'admiration mêlée de crainte. Ce que Kaito représentait, c'était l'autorité pure, une mécanique parfaitement huilée au service d'un empire dangereux.

Un jour, alors que tout semblait stable, une nouvelle fracassante ébranla leur dynamique : une cargaison essentielle, d'une valeur inestimable, avait disparu. Le coup porté à Kaito était brutal. Le vol n'était pas qu'une perte matérielle, c'était un affront direct à son autorité. Pire encore, c'était une menace implicite pour sa position auprès de Taïga. Le silence lourd de Kaito trahissait la gravité de la situation.

Réunis dans un bureau sommairement éclairé, Kaito et ses hommes analysaient les possibles pistes. Les informations étaient rares, et chaque minute qui passait faisait grandir l'angoisse. Taïga n'attendrait pas des excuses, seulement des résultats. Kaito, bras croisés, se tenait face à une carte de l'Est, ses yeux rivés sur les trajets possibles par lesquels la cargaison aurait pu disparaître. Mais malgré tous ses efforts, il n'y avait rien à exploiter, aucune piste tangible. Un coup parfait.

Soya, en retrait, observait les discussions avec attention. L'atmosphère était tendue, et Dante, lui, se montrait plus silencieux qu'à son habitude. Ce vol mettait leur avenir en péril. Mais au milieu du chaos, une idée commença à émerger dans l'esprit de Soya, une solution bancale, mais peut-être suffisante pour provoquer une erreur chez les voleurs.

Se redressant, Soya prit une grande inspiration et s'avança vers Kaito. Le silence se fit, et tous les regards se tournèrent vers lui.

— « On pourrait exploiter leur discrétion contre eux, » déclara-t-il avec calme, tranchant l'atmosphère tendue de la pièce.

Kaito le regarda avec un mélange de curiosité et de scepticisme. Soya n'avait pas l'habitude d'intervenir de manière si directe.

— « Je t'écoute, » répondit Kaito d'une voix neutre.

— « Ils restent invisibles parce qu'ils comptent déplacer ou écouler la marchandise discrètement. Si on les laisse croire qu'on sait où elle se trouve, ça va les forcer à bouger plus vite. On diffuse des informations ciblées, faisant croire qu'on prépare une intervention. Avec un peu de chance, ils se dévoileront en essayant de protéger leur coup. »

Dante, toujours aussi impulsif, fronça les sourcils.

— « Et si on se trompe ? Si ça les met seulement en alerte et qu'ils disparaissent pour de bon avec la marchandise ? »

Soya hocha la tête, conscient du risque.

— « C'est possible. Mais si on ne fait rien, on est déjà condamnés. Et eux savent qu'ils ne peuvent pas garder la cargaison indéfiniment sans éveiller les soupçons. »

Kaito écouta en silence, ses yeux se plissant tandis qu'il considérait l'idée. C'était un plan risqué, mais il n'avait pas d'alternatives. S'il échouait à retrouver la cargaison, sa position serait irrémédiablement compromise. Après quelques secondes de réflexion, il hocha la tête.

— « On va tenter. Faites circuler les rumeurs dans nos réseaux. Faites savoir qu'on est prêts à agir. S'ils mordent à l'hameçon, on pourra les piéger. »

Les ordres furent rapidement donnés, et Soya sentit un poids s'alléger sur ses épaules, bien que l'incertitude ne l'abandonnât pas. Dante, lui, restait méfiant. Il n'aimait pas dépendre de coups de bluff, mais il n'avait pas de meilleures idées à proposer.

Les heures passèrent dans une tension insupportable, chacun restant à l'affût de la moindre nouvelle. Puis, en pleine nuit, Kaito reçut l'appel qu'il espérait. Un de ses informateurs signalait un mouvement suspect dans un quartier périphérique, où certains des hommes du cartel tentaient de revendre des biens volés à des intermédiaires locaux.

Kaito lança immédiatement l'opération, avec Soya et Dante à ses côtés. Sous le couvert de la nuit, ils suivirent discrètement les traces laissées par les voleurs. L'information obtenue grâce au bluff de Soya s'avéra payante. Ils trouvèrent non seulement une partie de la cargaison, mais également l'identité des responsables du vol, des dissidents cherchant à affaiblir Kaito pour prendre une part du pouvoir.

L'intervention fut rapide et efficace. La cargaison récupérée, l'argent des ventes interceptées, et quelques hommes capturés pour interroger les responsables. La victoire était totale.

De retour à leur planque, Kaito se laissa tomber dans un fauteuil avec un soupir de soulagement. Il regarda Soya avec un respect nouveau dans le regard. Jamais il n'aurait cru que ce jeune homme discret puisse proposer une stratégie aussi audacieuse.

— « C'était une bonne idée, Soya. Pas parfaite, mais assez efficace pour sauver la situation. Tu as un bon instinct pour ce genre de coups. »

Dante, toujours surexcité après l'action, ne se rendit pas compte que la conversation prenait un autre ton. Kaito continua, se levant pour s'approcher de Soya.

— « Tu sais... tu m'impressionnes. Peut-être que tu es fait pour ce travail après tout. »

Soya restait silencieux, mal à l'aise face à ce compliment, sentant que quelque chose de plus grave se préparait. Kaito se pencha légèrement vers lui, son ton se faisant plus grave.

— « Mais il y a un problème. Dante te freine. Je le vois à chaque mission. Son impulsivité et son ambition aveugle risquent de vous faire tout perdre. Je te le dis parce que tu as du potentiel. Si un jour tu dois choisir entre lui et ton avenir, choisis avec ta tête, pas avec ton cœur. »

Soya sentit un frisson glacé le traverser. Kaito venait de semer un doute insidieux. Devait-il vraiment remettre en question son lien avec Dante, son ami d'enfance, celui avec qui il avait tout traversé ?

Kaito, voyant l'hésitation dans le regard de Soya, posa une main ferme sur son épaule, comme un avertissement silencieux.

— « Tu as prouvé ta valeur aujourd'hui. Mais si Dante fait une erreur, je n'hésiterai pas à le signaler à Taïga. Et toi, tu devras décider de quel côté tu veux être. Garde le sang chaud, Soya, et le regard froid. C'est la seule manière de survivre dans ce monde. »

Sur ces mots, Kaito quitta la pièce, laissant Soya face à ses propres pensées. Dante, toujours inconscient du dilemme qui se jouait, continuait de savourer leur victoire. Mais Soya savait que la tempête approchait. Et cette fois, la menace ne venait pas de l'extérieur, mais de ses propres choix.

Soya & Dante (réédition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant